- Si vous parvenez à le stabiliser à quatre-vingts à l'heure, je vous montrerai un truc intéressant.
Phryne éprouvait une délicieuse excitation.
- Voilà, on est à quatre-vingts, annonça Bill en prenant les commandes.
- Gardez les ailes bien à plat ! cria Phryne.
L'avion volait en souplesse. Phryne agrippa l'un des montants, s'y accrocha d'une main ferme et posa un genou sur l'aile supérieure. Avant même que Bill, stupéfait, eût le temps d'ouvrir la bouche, elle avait grimpé sur l'aile où elle marchait tranquillement, tandis qu'il basculait l'avion légèrement pour compenser son poids. De la sueur coulait sur le front et dans les yeux de Bill. Phryne atteignit l'extrémité de l'aile. Elle fit demi-tour et se prépara à revenir.
Phryne s'offrit au vent avec délices. Il n'était pas pire que dans une course automobile, d'autant que l'aile du Moth était entrelacée de montants d'une taille convenable pour qu'on y coince un orteil. Elle agita la main en direction du petit groupe rassemblé au sol et revint en marchant à pas lents, non sans remarquer que son pilote maîtrisait de façon admirable l'inclinaison.
Cet homme n'était peut-être pas sympathique, mais il volait comme un ange, songea-t-elle, se suspendant un instant par les mains à près de deux cent mètres au-dessus d'une terre impitoyable avant de se laisser glisser dans le cockpit.