QRN sur Bretzelburg est, pour moi, la quintessence des "Spirou et Fantasio" de
Franquin.
Pourtant, on aurait pu ne jamais l'avoir en entier, ce superbe scénario.
Petit tour dans le passé...
Au moment où
Franquin présente à la rédaction du journal son nouveau projet de scénario pour Sirou et Fantasio, cela fait un peu plus d'un an que les personnages sont aux prises avec Zorglub.
Alors lorsque
Franquin entame son exposé à Charles Dupuis par un "C'est Zorglub qui…" il est d'emblée interrompu par un "Ah non ! Y en a marre de Zorglub !"
C'était on ne peut plus clair...
Alors, avec l'indispensable Greg (encore lui !), il va donc créer cette histoire en 1961.
Mais après 20 planches la publication s'arrête,
Franquin plongeant dans une dépression nerveuse, en grande partie due au rythme effréné de production imposé par Sirou et Fantasio qui finissent par lui sortir par les yeux.
Alors qu'il préfèrerait se consacrer à temps plein à son Gaston.
L'histoire sera reprise et achevée en 1963 pour paraître en album de manière raccourcie en 1966 sous le titre actuel.
Je vous résume l'histoire : Fantasio acquiert un récepteur radio à peine plus grand qu'un morceau de sucre, que le marsupilami avale aussitôt.
Plus moyen de couper le son de cet appareil au volume poussé à fond. Il faudra attendre l'usure des piles, ce qui énervera le Marsupilami et nous donnera de magnifiques pensées de l'écureuil Spip.
Ce qui ne pourrait être qu'un banal accident domestique se transforme en une aventure à dimension mondiale.
La petite radio brouille les émissions captées par Marcelin Switch, un radioamateur, amoureux des ondes courtes.
Ce dernier a capté l'appel au secours d'un certain Ladislas, roi de Bretzelburg, et compte bien lancer une opération de secours en faveur du souverain persécuté.
Le premier résultat de cette opération caritative est l'enlèvement de Fantasio par un couple d'armoires à glace manifestement estampillées dans une région alpine.
En réalité, le roi Ladislas est victime du général Schmetterling, amateur de pouvoir, d'armes, de guerre et d'argent...
L'homme prélève en effet son écot sur les achats d'armements par le Bretzelburg.
C'est dans cette agréable situation que se trouve plongé Fantasio, soupçonné par Schmetterling de détenir des informations que lui aurait transmises Ladislas.
Notre ami est soumis aux étranges méthodes d'interrogatoire de la Bretzpolizei et du Doktor Kilikil. Des méthodes de tortures que même les plus grands sadiques n'ont jamais pensé... la fourchette qui raye l'assiette, ça fait hérisser le poil de la nuque.
Crises de rire garanties ! Fantasio a un rôle à sa mesure et le Marsupilami aussi. Il est de mauvais poil et compte bien passer sa rage.
Quant au pauvre Spirou, on ne peut pas dire que Switch soit un héros sans peur. Il est plutôt du côté trouillard ascendant couillon.
Leur arrivée dans la riante bourgade de Bretzlburg leur donnera quelques surprises. Là-bas, dans le bus, on prend la place des personnes âgées sous peine de passer pour un goujat !
Les soldats ont une curieuse ressemblance avec des casques à pointes...
Humour, aventures,
Franquin au sommet de son art, même si cet album sonnera le glas de Spirou et Fantasio.
Franquin ne nous offrira plus que "panade à Champignac" et la suite, n'étant plus de sa main, déclinera dans mon estime.
Cet album, c'est du concentré d'humour à toutes les cases ! J'en pleure toujours de rire.
C'était ma 500ème critique et je vais sabrer le champagne... avec Spirou et Fantasio.