Nous restons prostrées là un long moment avant qu'elle ne se mette à me raconter sa vie d'avant, sa nombreuse famille avec trois petits frères et une petite sœur dont elle me montre la photo prise par un photographe à l'école. Elle me parle de son père chauffeur de poids lourd et de sa mère qui faisait des ménages chez des personnes âgées.
- Avant, il y avait toujours du bruit la nuit, les chamailleries des petits ou leurs respirations bruyantes dès qu'ils étaient enrhumés.
Maintenant, il y a trop de silence. Et toi ?
- Moi, je suis fille unique.
Mes parents voulaient d'autres enfants, des garçons surtout, mais après ma naissance ma mère ne pouvait plus en avoir.
Ca, c'est ce que j'ai fini par comprendre parce qu'ils ne parlaient pas beaucoup et surtout pas de choses intimes.
Moi j'en ai rêvé, de frères et sœurs.
Tant que tu restes franche avec toi-même, que tu ne blesses pas les autres, on ne peut rien te reprocher.
Je sens la fatigue arriver. Il faut en profiter. Pendant mon sommeil, je ne m'angoisse pas pour les autres. Peut-être que je fais les pires cauchemars, mais je ne m'en souviens jamais.
Je me suis réveillée dans ce trou, en plein cauchemar.
Avec le virus, il y a beaucoup de gens qui deviennent tarés
et puis il y a ceux qui l'étaient déjà et qui profitent de l'absence d'ordre pour passer à l'action. Toi, tu as raison de ne pas te balader seule.
"Chante-moi la série du sept jusqu'à ce que je l'apprenne aujourd'hui", demande l'enfant. Et le druide répond : "Sept soleils et sept lunes, sept planètes, y compris la Poule. Sept éléments avec la farine de l'air."
Koridwen,
Tu t'apprêtes à donner la mort. Tu ne peux le faire que dans trois circonstances très précises et SURTOUT si tu as essayé toutes les autre solutions, même les plus dangereuse et les plus compliquées.
- Quand tu dois sauver ta propre vie.
- Quand tu dois sauver la vie d'un membre de ta famille.
- Quand tu dois sauver une personne à laquelle tu es liée pour la vie.
Si ce n'est pas le cas, referme ce livre et va prier les forces de l'au-delà de t'aider d'une autre manière.
Mamm-gozh.
- Comment naissent les rêves, Stéphane ?
- Ce sont des fabrications de notre cerveau. Les images ou les scènes de nos rêves sont issues de notre mémoire, souvent celle des derniers jours, parfois de souvenirs plus anciens.
Enfant, je pouvais contempler les vaches durant des heures. J'essayais d'imaginer ce quelles pensaient et qui était copine avec qui. Je leur parlais aussi. Elles ne répondaient pas d'avantage que mes parents mais au moins elles ne détournaient pas le regard.
- Tu connais ça, toi ? dis-je, surprise et ravie.
- Il n'y a pas que toi qui sois bretonne, ma chère Koridwen.
Je suis troublée que nous ayons autant de points communs.
Je ne la connais que depuis une journée mais déjà je me sens proche d'elle.
Elle est peut-être la sœur que je n'ai jamais eue et que le destin met sur mon chemin. (...) Je ne peux m'empêcher de l'observer. Elle le remarque et me sourit d'un air complice. Je suis heureuse qu'elle soit près de moi pour affronter les épreuves qui nous attendent. Partage-t-elle mes sentiments ?
Me voit-elle déjà comme une amie ou a-t-elle surtout besoin de moi ?
- C'est... c'est juste moi, commence-t-il.
- C'est juste moi aussi, je réponds.
Comme c'est romantique !