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Critique de kawazu


Hansel et Gretel :
Mon ressenti.
Une fascinante et horrifique histoire qui tourne autour de l'oralité alimentaire, qui va de la malnutrition à la dévoration. Chassés de chez eux par leur marâtre à cause du manque de nourriture, les deux enfants se goinfrent sur la maison de pain d'épices, la sorcière veut les dévorer. de retour chez eux ils mangeront à leur faim grâce au trésor (qu'ils ont volé)

D'abord il y a les maisons : la maison « meurt de faim » et la maison rassasiante. Elles semblent aux antipodes l'une de l'autre mais au bout du compte elles sont toutes les deux insécurisantes, dangereuses. Dans ces deux endroits on prémédite la mort des enfants.

Les hommes de l'histoire : Ils se ressemblent :
- le père, incapable de défendre ses enfants, il sait qu'il va les mener à une mort certaine en les abandonnant dans la forêt mais il obéit lâchement à sa femme.
- Hansel : débrouillard au début mais se retrouve rapidement débordé par la situation, il se laisse enfermer il engraisse devient passif. Les deux hommes de l'histoire sont donc manipulés, accablés par leur sort.

Les femmes de l'histoire ont le même point commun, elles sont toutes les trois des meurtrières
La marâtre : meurtrière dans l'intention
La sorcière : meurtrière par nature
Gretel : meurtrière par nécessité
Au niveau qualités humaines ce n'est pas top !

Dans ce conte autour de la nourriture, ces deux maisons nous enseignent que mourir de faim comme se goinfrer sans retenue sont des situations préjudiciables. Et d'une façon élargie le manque comme la surabondance peuvent devenir fatals

Voilà l'histoire telle que je la ressens. C'est complètement personnel et on peut évidemment en faire bien d'autres interprétations.


Ce conte donne de la matière à l'illustration. Les dessinateurs dans les albums pour enfants s'en donnent à coeur joie avec déjà les trois grandes scènes incontournables :
–les enfants apeurés, perdus, la nuit dans la forêt (avec la lune, les petits animaux)
–la découverte de la maison-gâteau. Les représentations sont toutes plus appétissantes les unes que les autres avec des incrustations de bonbons, des arbres sucettes, des glacis sucrés qui dégoulinent etc. Miam !
–le moment où Gretel pousse la sorcière dans le four. En général dans cette scène on ne voit que Gretel avec ses petits bras musclés et pour la sorcière un envol de jupon avec deux jambes qui s'agitent devant de grandes flammes.

Depuis que je suis adulte je collectionne les diverses éditions de cette histoire. je commence en avoir beaucoup. Si je savais pourquoi !


Mardi21/08 /2023
Je m'amuse.J'en rajoute !
Donc hier j'ai relu ce conte des frères Grimm et une évidence m'a sauté aux yeux :
En filigrane une autre histoire se dessine.
Elle nous raconte la difficile tentative de passage de deux ados vers l'indépendance Avec toutes ses difficultés, ses embûches, ses erreurs

Bien que le quotidien ne soit pas très riant chez leurs parents (la famille vit à l'écart socialement et avec de petits moyens) deux adolescents Hansel et Gretel s'incrustent. (Leur âge n'étant pas notifié dans le conte on a toujours voulu penser qu'ils étaient très jeunes mais rien ne le dit vraiment.)

Leur mère qui a une forte personnalité et qui en a assez d'avoir des Tanguy à la maison décide un jour qu'il est grand temps qu'ils prennent leur autonomie.

Le père, un faible, est plus réticent mais la mère tient bon. Une première tentative d'autonomisation échoue. Elle sera réitérée un peu plus tard toujours sur l'insistance de la mère. Les parents les accompagnent moment dans leur démarche puis les laissent se débrouiller.
À cette occasion Hansel et Gretel vont constater qu'il ne faut pas compter sur les copains quand on a des problèmes, ils ont plutôt tendance à vous faire des petits dans le dos (c'est évident à travers l'image des oiseaux qui mangent les miettes de pain)
Les deux jeunes ont des débuts difficiles, inconfortables figurés par leur errance dans la forêt.
Puis un jour ils eurent l'impression que la vie s'ouvrait à eux. Ils tombent sur la maison de pain d'épices.

Que symbolise cette maison extraordinaire, carrément psychédélique ? La découverte d'un univers qu'ils n'avaient même pas imaginé en rêve. Un monde
sans contrainte, no limit. On prend sans demander, on transgresse, on jouit sans entrave. C'est open bar et happy hour, de la farine plein les narines. « Ils se crurent au paradis » dit le texte. Un univers qui paraît magique au début mais qui bascule vite du côté obscur. Cela met en évidence le manque de maturité des deux jeunes qui, livrés à eux même, glissent vite. Leur père n'avait peut-être pas tout à fait tort en voulant les garder encore un peu à la maison !
Le retour à la réalité est rapide et sans appel. Les jeunes se font piéger et
Hansel se retrouve incarcéré. En zonzon . Gretel doit se mettre à travailler. Un emploi de femme de ménage peu rétribué mais elle n'a pas le choix.
Mais toute situation évoluant, au bout d'un temps incertain ,Gretel, en fille forte, agit .
Pousser la sorcière dans le feu symbolise la fin de leurs errements. le moment où on dit non à la transgression et où l'on tourne définitivement le dos aux comportements déviants . « C'est bon, c'est fini, on arrête les conneries ! »
En brulant la sorcière Gretel reprend sa vie en mains et provoque la libération son frère.

Le canard blanc qui les aide (l'un après l'autre mais pas en même temps car ce serait trop lourd) à sortir de cet endroit ensorcelé figure certainement le soutien psy dont ils ont dû avoir besoin, l'aide pour refaire le chemin. de même le trésor dont ils sont lestés représente l'expérience qu'ils ont tiré de cette aventure.
Forts de cela ils peuvent revenir chez eux, ils ne sont plus des parasites mais participent activement à la vie de la maison. Peut-être tenteront-ils un jour un nouveau départ mais décidé par eux cette fois-là.

Quant à la (belle) mère qu'on nous dit morte il faut y voir plutôt une femme qui, lassée d'un mari un peu mou, et n'ayant plus à s'occuper d'ados profiteurs a enfin repris sa liberté pour s'octroyer enfin du bon temps.





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