J'ai, en premier lieu, été assez déroutée par la lecture des premiers chapitres de «
Ensemble, on aboie en silence ».
Tout d'abord, parce que la couverture est un peu trompeuse et que je n'avais pas compris que le frère de Gringe,
Thibault Tranchant, prendrait également la plume.
Ensuite, par le ton de ce livre. Gringe annonce, en effet, la couleur sans ambages. Il ne voulait pas vraiment écrire cet ouvrage si ce n'est pour la confortable somme d'argent qui lui était proposée. Il est donc parti dans le sud afin de convaincre son frère de lui raconter sa maladie, ses délires, toutes ces voix qu'il entend et, plus généralement, cette vision du monde qui lui est propre et qu'il garde jalousement, laissant ses proches dans le noir.
Et là, la poésie s'installe… A travers de courts chapitres un peu décousus, on plonge la tête la première dans leur univers mélancolique, nébuleux, mais également très inspiré.
Les deux frères évoquent leur enfance agréable dans un quartier pavillonnaire, le choc qu'ils ont ressenti en déménageant dans une grande ville plus populaire (et, nécessairement, plus violente), la découverte du rap, cet art incisif qui plaît tant à Guillaume ainsi que son ascension fulgurante aux côtés d'Orelsan. Puis, l'éclatement de leur cellule familiale et, bien sûr, le diagnostic posé sur la maladie mentale de Thibault, sous-jacente depuis des années.
Poser des mots sur ce mal fait l'effet d'une déflagration pour toute la famille. Entre les regards fuyants, le combat d'une mère louve pour le bien-être de son enfant et la culpabilité d'un grand frère qui trouve pour seul remède de saboter sa carrière et ses relations amoureuses pour se sentir moins mal par rapport à son frère.
Parallèlement, Thibault nous raconte ses évasions (au propre comme au figuré), certains des personnages qui l'habitent et le poussent à prendre la route (pour ne pas dire la fuite). C'est sa plume qui est la plus poétique et déstabilisante. Ses récits sont émaillés de quelques photos prises au cours de ses pérégrinations (mentales) et cela donne au livre son air de recueil et son caractère hybride.
Les 192 pages de «
Ensemble, on aboie en silence » se lisent en une journée à peine et nous donnent un aperçu honnête de la vie intérieure de ces deux frères si différents et semblables à la fois, ces « Chevaliers Lumière » (comme ils s'appelaient enfants) qui veulent bouffer la vie mais se font parfois (souvent) bouffer en retour.
L'espoir est, en tout cas, palpable tout au long du livre et on referme «
Ensemble, on aboie en silence » avec cette sensation douce-amère si caractéristique…
En bref : Un livre inattendu et puissant qui ne plaira peut-être pas à tout le monde mais que j'ai, personnellement, beaucoup aimé. Je sais qu'il me restera longtemps en mémoire et je ne saurai que vous le recommander.
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