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Critique de le_Bison


Les lieux ont un nom franchement imprononçable : Eyjafjördur, Skeggjagata ou Saudárkrókur. Les habitants se prénomment Páll, Ólafur, Skúli ou Thór, avec une flopée d'accents sur toutes les voyelles. En fermant les yeux, je serais capable de m'imaginer sur la planète Kobaïa et de feuilleter la dernière saga romancée en kobaïen. le voyage ne fut pas aussi long, à seulement quelques longueurs de mon cocon, pourtant je me retrouve en plein « magma ». Une île volcanique, en constante éruption, une odeur de souffre mélangée aux embruns de l'océan, je fais mes premiers pas en terre islandaise : bienvenue à Reykjavik, la « baie des fumées »...

Einar Már Gudmundsson (encore des accents et toujours imprononçable) me décrit avec poésie son pays natal, un lieu magique plongé dans le noir, entre les tourbes islandaises et les grèves déchiquetées. le froid est saisissant mais la beauté des paysages et les fumeroles s'élevant des sources chaudes adoucissent cette première sensation glaciale. Je reste émerveillé devant ces aurores boréales et mon esprit est enchanté (envoûté même ?) face à une nature aussi resplendissante, aussi poétique. Je sens le souffle des baleines au large répondre aux cris des orques, des cachalots et des rorquals. Des icebergs flottent au milieu des lacs glacés, l'odeur soufré des geysers se mélangeant à celle des embruns marins de l'Atlantique.

Páll est né en pleines émeutes urbaines, le jour où l'Islande rentre dans l'OTAN. de cet anodin fait, Páll croit en une étrange coïncidence qui tout au long de sa vie troublera la perception de son avenir. Et la destinée de Páll sera pour le moins mouvementée. Entre ces magnifiques landes islandaises, un établissement s'érige au bord des falaises. Une vie autour de ce bâtiment intrigue depuis toujours les sentiments du petit garçon : l'hôpital psychiatrique de Kleppur. Et c'est justement à partir de son internement que Páll, entre hallucinations et moments de lucidité, fera sa « biographie ».

Einar Már Gudmundsson me plonge vers une descente hallucinatoire d'un adolescent dans la schizophrénie. Pall, jeune islandais anonyme, s'enfonce dans des ténèbres de plus en plus sombres : cruels instants d'une vie, d'une famille. Obscur destin de cette jeunesse islandaise perdue dans ce monde abstrait. Les longs hivers nocturnes agissent peut-être sur la mentalité et la volonté de ces jeunes en leur créant un univers sombre, comme s'ils devaient vivre éternellement dans le sous-sol d'une cave...

Mais la psychiatrie dans ce pays et à cette époque, cela me fout les j'tons ! Déprimant, Insupportable, Indécent vois Choquant... Ces pauvres âmes perdues, ces « anges de l'univers » ne valent pas mieux que du vulgaire bétail, et certainement même moins... L'hôpital de Kleppur n'est pas un lieu de soins mais un lieu de stockage où le gouvernement place les personnes qu'il ne souhaite pas voir dans sa société.
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