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Il y a Les rois d'Islande, une oeuvre de Einar Már Gudmundsson que je n'ai pas encore lu et les Anges de l'univers qui m'attendait depuis longtemps.

Il y a quelques années j'avais suivi Jackie une jeune héroïne de Sara Stridsberg, jusqu'à Beckomberga, à présent c'est Pall le héros de Einar Már Gudmunsson qui m'a entraîné jusqu' à Kleppur .
Beckomberga, Kleppur? Deux hôpitaux psychiatriques, le premier créé en 1929 à Stockholm et le second vers 1906 à Reykjavik. Des espaces clos pour des êtres à la dérive, des êtres différents perdus dans la grande valse du monde.


Un récit proche de l'auto fiction : le parcours de Pall Olafsson, artiste, poète, musicien, et schizophrène s'inspire et ressemble à celui du frère aîné de l'auteur, Pàl Orn Gudmunsson (1949-1992), un sujet évoqué brièvement dans Un été norvégien par l'auteur .
Mais dans Les anges de l'univers c'est de l'intérieur que nous commençons le voyage, c'est Pall qui nous donne sa version des choses et sa vision du monde à travers les flux et reflux de sa mémoire qui libère souvenirs, émotions et ressentis. Ainsi il se dessine peu à peu une odyssée onirique où poésie et merveilleux chevauchent ou percutent les obstacles de la réalité du quotidien, de la cellule familiale au cercle d'amis, de l'unité psychiatrique de Kleppur aux lumières de la ville, Reykjavik.


D'un côté les anges de l'univers et de l'autre les ombres errantes.
En fait les mêmes êtres, ceux du temps de l'enfance, heureux, choyés, entourés et ceux de l'âge adulte, tristes, exclus avec le poids écrasant de leur solitude. Lumière et ténèbres complices du chaos de Pall où le temps n'efface plus les blessures mais agrandit le fossé entre ce qui a été et ce qui est. Des périodes de rémission aux périodes de crise, des signes avant coureurs aux épisodes violents endigués par l'absorption d'une quantité phénoménale de médicaments, l'itinéraire de Pall, « cheval fou aux yeux de l'éternité ».


En toile de fonds l'Islande du 20ème siècle et ses transformations où des personnages attachants, fantasques s'animent et entrent en scène : Baldwin le roi des anglais, Oli le parolier des Beatles, l'empereur des aurores boréales pour ne citer qu'eux mais aussi le peintre Bergsteinn.
Un pan de l'histoire de cette île de feu et une page de sa psychiatrie.

Un roman dont la respiration emballée est entrecoupée de pauses : les tableaux poétiques vécus par Palli représentent de magnifiques échappées oniriques miroirs de son univers mental.
Une structure narrative à deux temps dont le tempo aurait pu inspirer le chorégraphe finlandais Tero Saarinen.

Avec humour et poésie Einar Már Gudmundsson nous fait suivre la traversée terrestre et spirituelle de son héros dans un chaos événementiel agité.
Sincère, tendre et émouvant ce portrait inspiré d'un frère pas tout à fait comme les autres nous ouvre les portes de son royaume pour mieux écouter son coeur :« Le monde entier résonne de chansons, de la mélancolie des poèmes et des mots ».

Récompensé par le prestigieux prix du Conseil Nordique en 1995 , le roman a été adapté au cinéma
en 2000 par Fridrik Thor Fridriksson.
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L'existence de Pall avait commencé comme bien d'autres existences. Ecole, parents, jeux, copains, avec toute la dose d'humiliations et de découvertes heureuses que comporte une enfance.
Le basculement se produit comme dans un rêve. Ce sont d'abord des répliques absurdes qui n'ont rien à envier aux conversations de la Cantatrice chauve :


« Nous roulons par les nouveaux quartiers où il y a beaucoup de grandes maisons individuelles.
Maman montre du doigt l'une des maisons.
« Quelle drôle de couleur pour une maison, dit-elle.
-Oui, ça fait un drôle d'effet », dit papa.
Et moi, de la banquette arrière, je demande : « Vous êtes en train de vous foutre de moi, ou quoi ? »
Maman et papa se retournent, étonnés.
« Cette maison est de la même couleur que ma veste », dis-je, en guise d'explication.
Papa et maman se regardent.
C'est le silence. »


Gudmundsson décrit ce basculement progressif avec la qualité de plume du minimalisme. Pourquoi essayer d'expliquer ou d'analyser ce qui échappe à toute démarche rationnelle ? Pall s'échappe à lui-même. Il remarque des changements et les inscrit sur une liste de comptabilité où les chiffres sont remplacés par les symptômes de modifications cérébrales imprévisibles. Pall capte des signaux qui lui étaient invisibles jusqu'alors et qui échappent aussi au commun des mortels. Peu à peu, Pall s'extrait de la gangue saine. La métamorphose va de soi et à ce point-là, la question est la suivante : pourquoi les autres ne semblent-ils plus ou peu évoluer, passé un certain âge ?


« A présent, les signaux envoyés par les voisins m'atteignent.
Ils se servent d'un code et de tables d'écoute que mon frère Halli les a aidés à introduire dans la maison. »


Ces signaux finissent par conduire Pall jusqu'à Dieu -l'hallucination suprême.


« Et puis, Dieu est arrivé.
Il m'a dit que j'étais le dernier homme sur la terre, qu'il fallait que je commence à construire et à transformer ma chambre en arche. »


Pall bénéficie alors du privilège de rejoindre le club des aliénés de Kleppur en compagnie de quelques bons camarades (Oli, Pétur et Viktor) et d'un personnel soignant représenté aussi bien par le souci du maintien des dogmes que par une relâche typiquement antipsychiatrique. Comme lorsque David Cooper relate ses expériences dans le Pavillon 21, on finit par douter des caractéristiques qui séparent les sains d'esprits des aliénés… d'ailleurs, la lecture passe et l'envie croît de faire de ces aliénés des illuminés touchés par une grâce exceptionnelle. Certes, il leur est devenu impossible de mener une existence conventionnelle et polyvalente car ils sont cernés par une obsession unique. Voici la situation schématique :


« Óli est en communication télépathique avec les Beatles ; Pétur attend de la Chine son titre de docteur, et moi, je suis en relation avec divers grands maîtres du passé notamment Vincent van Gogh et Paul Gauguin, tandis que Viktor, qui ne pense pas grand-chose des Beatles, disserte avec éloquence de la tragédie grecque et des sonnets de Shakespeare. Il est en outre le pharmacologue de notre groupe et sait tout d'Adolf Hitler, qu'il lui arrive d'incarner quelque fois. »


Peu importe tout le reste. L'obsession, canalisée et orientée dans le sens noble, fait l'effet d'une transe délicieuse. Elle prend cependant à chaque fois le risque de finir en mauvais trip, et c'est peut-être pour cela qu'on enferme les génies particuliers de Kleppur. Génies, oui, au même titre que ces philosophes et poètes déstabilisants qui n'ont jamais cessé de rénover notre vision du monde en permettant à leurs esprits de déborder.


« Ce serait bien de pouvoir dire, comme le philosophe allemand Hegel, à qui l'on objectait que ses théories ne correspondaient pas à la réalité : « La pauvre, c'est bien elle qui est à plaindre ! »
Les poètes peuvent écrire des choses comme ça.
Les philosophes peuvent dire des choses comme ça.
Mais nous, qui avons été mis à l'asile, internés dans des institutions, nous ne savons quoi dire quand nos idées ne correspondent pas à la réalité, car dans notre univers, ce sont les autres qui ont raison et qui savent faire la différence entre le vrai et le faux. »


Mais Pall n'est pas dupe. Même s'il est rassurant de se prétendre génie incompris, même si l'obsession provoque certainement des joies à une constance et à une puissance difficilement égalables pour l'homme équilibré, la réalité est plus nuancée. Pall et ses compagnons d'asile souffrent et sitôt qu'on leur retire une parcelle de leur obsession, ils paniquent et se débattent comme des poissons capturés hors de l'eau. La réalité est pauvre en oxygène.Les anges de l'univers ne propose pas de solution stricte : ni la liberté ni la surveillance absolues, ni l'encouragement ni l'humiliation, mais bien un encadrement instinctif qui permettrait d'établir un bon équilibre entre le droit au rêve et le principe de réalité. Ce livre en est lui-même une excellente représentation : terne et quotidien dans les événements qu'il représente, il parvient cependant à nous transporter dans l'infinité des univers cérébraux qui sont ceux de ces anges, et à nous rassurer quant à la légitimité de nos propres univers. Les anges de l'univers nous apprendront peut-être à nous montrer plus tendres envers nos passions les moins légitimes.

Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Páll, le héros de l'histoire, est un garçon ordinaire qui a eu la malchance de développer une sérieuse maladie mentale le forçant à des séjours en institut psychiatrique. Divers moments de sa vie nous sont racontés, par bribes et dans un pêle-mêle relatif, ainsi que ceux de ses proches, parents et amis. Racontés avec beaucoup de fantaisie, il y amplement matière à amusement, notamment avec les apparitions de plusieurs personnages originaux et excentriques. Cependant, le roman exprime en filigrane une réalité profondément triste. Il permet aussi d'appréhender de façon générale l'univers des islandais.
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Les lieux ont un nom franchement imprononçable : Eyjafjördur, Skeggjagata ou Saudárkrókur. Les habitants se prénomment Páll, Ólafur, Skúli ou Thór, avec une flopée d'accents sur toutes les voyelles. En fermant les yeux, je serais capable de m'imaginer sur la planète Kobaïa et de feuilleter la dernière saga romancée en kobaïen. le voyage ne fut pas aussi long, à seulement quelques longueurs de mon cocon, pourtant je me retrouve en plein « magma ». Une île volcanique, en constante éruption, une odeur de souffre mélangée aux embruns de l'océan, je fais mes premiers pas en terre islandaise : bienvenue à Reykjavik, la « baie des fumées »...

Einar Már Gudmundsson (encore des accents et toujours imprononçable) me décrit avec poésie son pays natal, un lieu magique plongé dans le noir, entre les tourbes islandaises et les grèves déchiquetées. le froid est saisissant mais la beauté des paysages et les fumeroles s'élevant des sources chaudes adoucissent cette première sensation glaciale. Je reste émerveillé devant ces aurores boréales et mon esprit est enchanté (envoûté même ?) face à une nature aussi resplendissante, aussi poétique. Je sens le souffle des baleines au large répondre aux cris des orques, des cachalots et des rorquals. Des icebergs flottent au milieu des lacs glacés, l'odeur soufré des geysers se mélangeant à celle des embruns marins de l'Atlantique.

Páll est né en pleines émeutes urbaines, le jour où l'Islande rentre dans l'OTAN. de cet anodin fait, Páll croit en une étrange coïncidence qui tout au long de sa vie troublera la perception de son avenir. Et la destinée de Páll sera pour le moins mouvementée. Entre ces magnifiques landes islandaises, un établissement s'érige au bord des falaises. Une vie autour de ce bâtiment intrigue depuis toujours les sentiments du petit garçon : l'hôpital psychiatrique de Kleppur. Et c'est justement à partir de son internement que Páll, entre hallucinations et moments de lucidité, fera sa « biographie ».

Einar Már Gudmundsson me plonge vers une descente hallucinatoire d'un adolescent dans la schizophrénie. Pall, jeune islandais anonyme, s'enfonce dans des ténèbres de plus en plus sombres : cruels instants d'une vie, d'une famille. Obscur destin de cette jeunesse islandaise perdue dans ce monde abstrait. Les longs hivers nocturnes agissent peut-être sur la mentalité et la volonté de ces jeunes en leur créant un univers sombre, comme s'ils devaient vivre éternellement dans le sous-sol d'une cave...

Mais la psychiatrie dans ce pays et à cette époque, cela me fout les j'tons ! Déprimant, Insupportable, Indécent vois Choquant... Ces pauvres âmes perdues, ces « anges de l'univers » ne valent pas mieux que du vulgaire bétail, et certainement même moins... L'hôpital de Kleppur n'est pas un lieu de soins mais un lieu de stockage où le gouvernement place les personnes qu'il ne souhaite pas voir dans sa société.
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Après les analyses littéraires qui nous dévoilent tout de l'intrigue, et surtout ce que nous, pauvres mortels, devons en penser, je m'insurge contre les critiques littéraires que l'on nous colle en guise de quatrième de couverture et qui insiste sur l'humour du livre. Je ne dois pas avoir le même que le chroniqueur de Pubishers Weekly.
Il est difficile pour moi de trouver des mots pour chroniquer ce livre. Je pourrai utiliser tous les adjectifs que je veux, je ne saurai être aussi précise que Gudmunsson pour raconter le glissement vers la maladie mentale. Ne vous faites pas d'illusion : Pàll n'en guérira jamais et ne portera jamais une lucidité retrouvée sur ses années de maladie. Il raconte ses actes, ses errances, les réactions de ses frères et soeur et littéralement ne les comprend pas, pas plus qu'il ne comprend comment il peut se retrouver à errer pieds nus dans la campagne, ou à menacer quelqu'un d'un couteau dans un café, et à se retrouver conduit manu militari à Kleppur, l'asile de fou officiel de l'Islande.
Oui, je sais, je devrai plutôt dire "hôpital psychiatrique". Pourtant, la première fois que Pàll croise des malades, ils ont bien moins de liberté et de considération que les animaux dans les zoos. Il faut que l'opinion publique s'émeuve pour qu'ils aient enfin droit à des vêtements et à des promenades. Les infirmiers ? Ils sont davantage des gardiens, des as de la piqure, n'hésitant pas à forcer les doses, laissant ainsi les malades dans le coaltar afin de passer un weekend tranquille. le psychiâtre ? Il n'apparaît qu'à la moitié du récit, et ne semble guère apporter d'aide à ses patients. Pire : aux yeux des parents de Pàll, il paraît encore plus dépressif que leur fils, comme s'il portait, en plus des siens, tous les tourments de ses patients.
L'Islande est un si petit pays que le fou est toujours le fils, le frère, l'amant, l'ami; le cousin de quelqu'un que l'on connaît. Tout au long de ses vingt ans d'errance, Pàll égrenera le parcours de ses amis qui le rejoindroint. Il me serait facile de dresser un catalogue de leur pathologie, de leur cause, de leurs conséquences, je m'éloignerai alors considérablement de la fluidité et du naturel de ce récit. En revanche, j'ai été sensible à cette jeunesse (presque tous les internés sont de la même génération) qui ne parvient pas à trouver sa place dans cette Islande en pleine industrialisation. Les parents de Pàll n'ont pas eu des enfances faciles, ils sont souvent allés de ferme en ferme pour trouver du travail, pourtant ils n'ont pas souffert de cette existence, ils ont juste envie d'avoir une vie meilleure, plus stable, comme le montreront leur déménagement successif.
Un livre à dédier à tous les Pàll, pas seulement à celui qui a inspiré Einar, son propre frère Pàl Orn Gudmunsson (1949-1992).
Lien : http://le.blog.de.sharon.ove..
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Où se trouvent ces "anges de l'univers" ?
À l'hôpital psychiatrique de Kleppur, présenté comme un endroit où s'exerçait un supplice mental et spirituel pour ses patients.
Des recherches sur le net (forumpsy ) donne une version qui me laisse songeuse (*).
Mais ce livre ne se veut pas comme une déclaration de guerre contre l'establishment psychiatrique islandais.
Ce n'est pas un fait divers rapporté par une presse à scandale quelconque.
C'est une vision de l'intérieur, une tentative de laisser des malades mentaux nous parler de leurs histoires, ce qu'ils ressentent, comment ils vivent au milieu de notre monde.
Ce livre est une grande réussite car il nous fait comprendre comment sont vécus les traitements supportés par les patients, en nous faisant ressentir la douleur que nous leur faisons subir.
Ces anges de l'univers vivent dans un enfer quotidien et les portes d'entrée dans leur monde sont très étroites et nous laissent impuissants face à leur douleur et à leur mal-être.

(*)Brève histoire de la psychiatrie en Islande :
La psychiatrie hospitalière a commencé en Islande avec la construction de l'hôpital de Kleppur, près de la capitale Rejkavik , en 1907, soit environ 150 ans après les autres pays occidentaux et leurs premiers « asiles ». Avant les asiles, il n'y avait pas de « traitement médical » des personnes en souffrance mentale, en Islande comme ailleurs. Dans la plupart des lieux occidentaux de l'époque pré-asilaire, les « maisons de force » ont précédé les asiles.
L'évolution de l'asile (« lieu d'accueil charitable ») vers la psychiatrie (étymologiquement, « soin du psychisme »), n'a pas été la même en Islande que dans le reste de l'occident. Deux médecins eurent une influence considérable en Islande, aboutissant à une pratique très différente de celle du reste du monde occidental - y compris les autres pays nordiques souvent cités en exemple.
Les pratiques inspirées par Helgi Tómasson et imposées dans le principal hôpital, sont à l'origine de l'abolition officielle de la contention en psychiatrie, dès la fin des années 50, en Islande. Il a également banni la lobotomie et les électrochocs, qui n'ont également jamais été pratiqués.
En Islande, les médecins et infirmiers ne font jamais usage de la force, ils n'en ont pas le droit. Les islandais étant des hommes et des femmes comme les autres, il arrive, comme partout, qu'une personne en crise soit très violente. Les infirmiers sont organisés pour appeler des renforts, et en cas de besoin (personne armée, etc.) les médecins font appel aux renforts policiers qui, seuls, sont autorisés à faire l'usage de la contrainte, en tenant la personne pendant une intervention de courte durée.
« Sur le fait d'appeler des officiers de police dans les lieux de soin « pour aider les soignants à contenir un patient », il faut souligner que ceci arrive une fois ou deux par an en moyenne. A titre de comparaison, l'accueil des urgences de l'Hôpital Landspitali est surveillé par un officier de police chaque soir et les weekends.
Il faut aussi noter que l'Islande est un pays sans armée, et la police n'y est pas armée. L'opinion de la population et sa confiance dans la police est à plus de 80% positive, encore plus que dans les services d'urgences médicales.  La contention mécanique est catégoriquement non utilisée dans les établissements psychiatriques, et ceci repose sur des équipes soignantes spécialement formées à l'apaisement et la désescalade des situations. Si les méthodes « contrôle et maîtrise » ne suffisent pas, ou si il se trouve qu'un patient est armé, il n'y a que deux options : faire venir d'autres  infirmiers ou appeler la police, mieux entraînés à traiter avec la violence autant qu'à désarmer une personne.
Une volonté claire d'offrir aux patients et aux soignants la même sécurité que le reste de la population qui face à la violence doit appeler la police face à une situation qui devient incontrôlable. »
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Un livre très fort, puissant, bouleversant, déstabilisant, renversant, intense, mais aussi et surtout poétique, drôle autant que triste. Réaliste autant qu'incongru.
Pall est interné dans un hôpital psychiatrique, il raconte. Ses souvenirs, peut-être ou peut-être pas... et puis il y a sa réalité quotidienne dans l'établissement.
Qui hallucine ? Pall ? le lecteur ? l'entourage de Pall ? la société qui l'a enfermé ?
Un humour nécessaire, indispensable, pour vivre ce que vit Pall mais aussi pour adopter ce livre.
Pall qui au fur et à mesure de la lecture paraît un supplicié et un humain comme nous tous. Serions-nous tous des suppliciés d'un système qui n'a aucun humour, aucune empathie, et, qui au fond serait lui le schizophrène ?
L'écriture de Einar Mar Gudmundsson est toujours digne du projet.

j'ai acheté ce petit bijou en 10/18 sur un marché aux livres à Chambéry, après avoir fréquenté le milieu psychiatrique pour des raisons professionnelles pendant plusieurs années... renversant, édifiant, et merci "les anges".




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Il s'agit d'un récit à la première personne, que nous fait Páll Olafsson, il nous raconte sa vie, en commençant par ses parents, le jour de sa naissance qui est aussi le jour dans lequel l'Islande est entrée dans l'Otan, son enfance, et puis son entrée progressive dans la folie, puis sa vie rythmée par ses séjours à l'hôpital de Kleppur. Une vie remplie de souffrance, de crises où il perd le contact avec la réalité, entrecoupées de périodes où cette réalité n'est que trop sensible, où le regard des autres, des gens normaux, le renvoie à la maladie et à son inadaptation.

Une vie d'errance, entre la rue, les foyers, quelques séjours en famille qui se terminent toujours mal et puis bien sûr l'hôpital, voire la prison. Et la solitude, l'incapacité des gens, même les parents les plus proches à comprendre ce qu'il vit. Même si il y a les autres malades, ceux qui comme lui ont des moments de lucidité, qui ne font que rendre plus terrible la maladie et ses manifestations, ces moments où ils s'échappent à eux-mêmes et perdent tout contrôle. Mais la folie de chacun est une expérience individuelle, inaccessible même à ceux qui en souffrent, car il y a toujours une logique propre à chacun, incompréhensibles aux autres.

Un livre sombre, désespéré, d'autant plus noir que l'écriture de Gudmundsson est belle, et lumineuse, d'une grande légèreté et poésie, cela rend d'autant plus noire la réalité sans espoir vécue par Páll, à laquelle aucune issue n'est possible. Une lecture bouleversante.
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A travers un labyrinthe de souvenirs , d'amis , de voisins de chambre, le narrateur Palli nous emmène de son enfance à Reykjavik jusqu'au Kleppspitali (l'hôpital psychiatrique de la capitale islandaise) où il séjourne définitivement.
Un court mais intense roman dans lequel se succèdent anecdotes burlesques et incidents poignants.

Petite remarque sur la quatrième de couverture et la référence de l'éditeur au New York Times. Ce journal a présenté le roman comme une Conjuration des imbéciles islandaise : ayant lu les deux, je peux dire qu'il s'agit là d'une fake-news même si les deux sont à lire !
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