À quoi est-ce qu'on se tient, dans la vie ? À son boulot ? À son savoir ? À l'image qu'on renvoie à l'autre ? Ou bien à son histoire ? Et quand l'histoire est branlante, on fait comment ?
Elle est vivante, elle regarde l'objectif, elle est au collège avec ses copains de classe et pourtant, c'est comme si elle était déjà un peu morte. Morte à l'intérieur.
Goûter la douceur d'une voix et se laisser caresser par l'inattendu.
S'abandonner à la tendresse d'un regard. Avec délectation. Avec effroi aussi. Déposer les armes. Se laisser approcher. Se laisser enfin toucher. Se laisser faire. Et jusqu'au fond de l'âme, en éprouver une légèreté déroutante.
- J'en ai assez entendu. Toutes ces insinuations... Vous savez, monsieur Lanester, je vous faisais confiance, mais je vois que vous êtes comme les autres. Vous croyez tous qu'on a une fille anorexique parce qu'on est de mauvais parents ! On rend nos mômes malheureux, c'est ça ? Mais pour qui vous prenez-vous pour nous juger ?
- Je n'ai rien dit de tel...
- On n'a pas voulu ça, vous entendez ? Cette maladie, c'est un vrai combat, on y a consacré toute notre énergie, ça nous a bouffé la vie... [...]
Vous êtes tous pareils, les flics, les gendarmes, les psys ! Vous voyez pas que j'en peux plus ? Vous comprenez pas que c'est monstrueux de voir ses enfants mourir de faim et de ne rien pouvoir faire ?
(p. 45-46)
- [...] La toile regorge de ces sites à double-fond qui permettent d'accéder à des contenus un peu chauds sans laisser de traces dans les historiques de navigation.
- Est-ce que ça pourrait déjouer les systèmes de régulation comme le contrôle parental, par exemple ?
- Absolument ! Pas plus tard que la semaine dernière, j'ai déniché un site porno très très hard dont le portail était un revendeur de pièces automobiles. C'est la documentaliste d'un lycée professionnel en mécanique auto qui a donné l'alerte en constatant la fréquentation en hausse du CDI. La moitié des lycéens avait un exposé urgent à préparer sur les carburateurs ! Le pare-feu de l'établissement n'avait rien détecté d'anormal.
(p. 222-223)
Le piège, surtout dans un établissement comme celui-ci, ce serait de réduire ces jeunes filles à leurs symptômes. De traiter des anorexiques en oubliant qu'au-delà de l'étiquette, chacune est seule face à sa souffrance.
Une psychanalyste, une petite amie infirmière psy, un frère psychotique, et moi qui enseigne la psychopathologie des conduites criminelles : décidément, j’ai du prendre un abonnement psy avec toutes les options. La prochaine fois que je devrai choisir ma vie, je ferai gaffe de ne pas cocher n’importe quoi.
S'abandonner à la tendresse d'un regard. Avec délectation. Avec effroi aussi. Déposer les armes. Se laisser approcher. Se laisser enfin toucher. Se laisser faire. Et jusqu'au fond de l'âme, en éprouver une légèreté déroutante.
C'est une chose de parler et une autre d'habiter sa parole .
-Hum... mon maître à penser, dans ce métier, répétait toujours : " Quand on a plus de trois suspects dans une enquête, c'est qu'on s'y prend comme un manche!"
Ouais... Pourquoi c'est toujours les conneries que je dis qu'on retient pour la postérité ?