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Critique de jmb33320


« Plus ils se laissaient aller, plus ils sombraient dans le néant de siestes bestiales, croupissaient dans la crasse et les poux, plus les autres s'enlisaient dans les disputes ordurières ou les refrains obscènes, les rapacités de la goinfrerie ou les mesquineries des partages, plus le Grand Dab se décantait de son enveloppe charnelle, plus il se retranchait et mieux il masquait sa détresse sous des dehors d'aimable indifférence ».

Quatre interminables années dans des camps de travail allemands, c'est ce qu'a vécu Raymond Guérin pendant la seconde guerre mondiale. Cette période de sa vie l'a marqué à tout jamais. Il est mort en 1955, à cinquante ans, d'une pleurésie.

Pour autant son roman ne se veut pas un reflet fidèle des soubresauts de l'histoire mais plutôt une sorte de plongée dans les affres de son alter ego le Grand Dab, alias Monsieur Hermès (que l'on retrouve dans des plages plus apaisées, oniriques, bâties sur des réminiscences de voyages en Méditerranée).

Le Grand Dab a été fait prisonnier en 1940. Il est sous-officier, ce qui a son importance car cela lui permettra quelques mois plus tard d'échapper au travail forcé et, dans une certaine mesure de continuer son travail littéraire.

Peut-on réellement reprendre sa vie « comme avant » en sortant de pareille épreuve ? le pessimisme de Raymond Guérin est assez radical à ce sujet. Il a tant vu d'atrocités, de compromissions avec les Tordus (nazis) mais aussi avec d'autres prisonniers qui sont des pétainistes avérés et influents, qu'il ne pourra plus jamais retrouver confiance dans l'avenir.

Ce roman n'est pas d'un abord aisé. Sa longueur d'abord peut être un obstacle mais à mon avis le style fait passer bien des redites. Comment les éviter avec un sujet pareil ? Des changements de camp fréquents, dans des conditions épouvantables, des installations dans des locaux insuffisants qui les condamnent à une promiscuité de tous les instants, en forment la progression. La nature humaine s'y révèle tout entière, et pas vraiment à son avantage.

Une autre citation pour conclure :
« Au sortir de sa captivité, Monsieur Hermès eut réellement le sentiment qu'il avait été mort pendant des années, oui, qu'il avait été un mort entre les morts et qu'il allait ressusciter. Mais il savait aujourd'hui qu'il n'était pas pour autant revenu à la vie. »
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