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Critique de Alcapone


Emmanuel Guibert et Alan Ingram Corpe se rencontrent par hasard sur l'ïle de Ré en 1994. de l'amitié qui s'instaure presque instantémant entre les deux hommes, naîtra cette émouvante bande-dessinée dont le héros n'est autre qu'Alan. Comme le dit Emmanuel Guibert, "la guerre d'Alan, c'est la rencontre d'un vieil homme qui racontait bien sa vie avec un jeune homme qui a ressenti le besoin de l'écrire et de la dessiner." (extrait de l'introduction). La guerre d'Alan raconte avec simplicité les souvenirs imparfaits de l'ancien GI. le récit commence avec le bombardement de Pearl Habour de 1941 qui va bouleverser la vie du jeune Alan. Celui-ci n'a pas encore atteint sa majorité lorsqu'il s'enrôle dans l'armée américaine : "Quand j'ai eu 18 ans, Uncle Sam m'a dit qu'il aimerait bien mettre un uniforme sur mon dos pour aller combattre un gars qui s'appelait Adolph, ce que j'ai fait." Pareil à tous les jeunes de son âge, il souhaite lui aussi combattre pour l'honneur de la patrie. Animé des meilleurs sentiments, il s'engage dans une aventure qui durera 50 ans. C'est avec beaucoup de distance et presque de candeur que le soldat devenu vieil homme se souvient : ses entraînements, ses rencontres, ses choix le mèneront vers des chemins peu conventionnels. Toutes ces petites choses qui semblent insignifiantes prennent avec ce récit une importance insoupçonnable. Alan Corpe ne demandait-il pas à juste titre : "Admettez-vous que les parties d'une vie ont leur importance et le droit d'être évoquées quand on brosse le tableau d'une existence ?" Loin du récit héroïque, La guerre d'Alan se présente comme le témoignage dépassionné d'un monsieur qui savait raconter les histoires. Un bel hommage rendu par le dessinateur à un vieil homme attachant devenu son ami...

Il ne faudra pas moins de 5 ans de discussions et d'enregistrements pour que cette bande-dessinée voie le jour. Lorsque parait le premier tome de la guerre d'Alan en 1999, Alan Corpe a passé l'arme à gauche. La parution du livre est la réalisation de cette promesse que s'était faite Emmanuel Guibert : celle de mener au bout son entreprise de raconter l'histoire du vieil homme. Par fidélité à la mémoire de son ami, le dessinateur s'est fait de ce projet, une affaire personnelle : "A mesure que j'avançais, j'ai ressenti le besoin, sans doute parce qu'Alan me manque, d'associer toujours plus étroitement mon histoire personnelle à la sienne." La guerre d'Alan émeut par la simplicité du récit et l'humanité de son héros. Pas d'actes de bravoure, ni de combats sanglants, le récit d'Alan donne, chose rare, la voix à un témoin anonyme de l'histoire avec un "h" minuscule...

D'un point de vue graphique, cette bande-dessinée fait l'objet d'un remarquable traitement en noir et blanc. La sobriété des traits se prête pertinemment aux propos rapportés. Si ce n'était les nombreuses retouches d'images qui ponctuent régulièrement l'ouvrage et qui diluent parfois les dessins d'Emmanuel Guibert, La guerre d'Alan se placerait probablement pour moi au rang des grandes bandes-dessinées. Dommage également que le troisième tome s'éloigne par sa teneur des deux premiers : comme si les événements rapportés dans les deux premiers volumes étaient plus précis dans l'esprit d'Alan, on a l'impression que le troisème volume rapporte pêle-mêle des souvenirs sans lien évident, ni continuité. La narration perd en conséquence en puissance et l'intérêt finit par s'étioler... Ce bel hommage reste cela dit, digne d'attention. Je lui préfère de loin, le photographe du même auteur (en collaboration avec Didier Lefèvre) qui m'avait personnellement beaucoup secoué. A vous de vous faire votre propre idée.
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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