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Citations sur Réanimation (22)

Oui, ma bibliothèque m'est un assez grand duché ou je ne cherche ni divertissement ni bouées de sauvetage , seulement des phrases qui aient tenu dans le temps et que je trouve .
Toujours.
Comme par magie .
Comme par la grâce d'un sixième sens qui me guide et me comble .
Vivant dans la pénombre sous leur fine poussière, les livres dispensent silencieusement leur présence magnétique, leur faculté d'écoute. J'ai si souvent remarqué que ceux qu'il me fallait lire ou relire s'étaient toujours glissés entre mes mains au bon moment, comme par enchantement, reliés entre eux par des chaines mystérieuses d'intelligence et de bonté . Comme s'ils volaient au-devant de me pensées les plus secrètes,de mes désirs les plus intimes :objets magiques vers lesquels je n'ai qu'à tendre la main pour qu'ils les élargissent et les amplifient .
Est-il possible que , nuit après nuit, choisir le bon volume rapproche de l'échéance heureuse comme les récits de Shéhérazade mais à l'envers? Que certaines phrases suffisent à ranimer le temps mort? Que lire soit l'équivalent de prier?
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Je mesure combien la tristesse est étroite et la joie spacieuse. Combien l’angoisse ressert et l’amour élargit. Je ne sais pas quoi dire sinon merci. A tous ceux qui t’ont dispensé ces trésors de gestes rares et délicats, ces heures patientes et dévouées. A nos amis qui t’ont veillé ici-bas en pensées comme à tous ceux qui l’ont fait là-bas ou là-haut d’ailleurs, je ne sais où mais je sais seulement qu’ils étaient là.
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Malades ou bien portants, tous les êtres humains maudissent peu ou prou l'hôpital, ce bloc de terreur impassible, mi-baleine mi-requin. La probabilité d'y mourir étant devenue écrasante, sa vocation à soigner et guérir ne suffit plus à rassurer. D'où la hantise générale de ce trou blanc aspirant les masses comme à l'abattoir, antichambre fatale de l'hécatombe où tout s'éteint dans le chiffrage statistique et l'anonymat.
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« Le sommeil et la mort sont liés au silence, c'est-à-dire au secret.
Comme la lecture.
Comme l'écriture.
Comme mon amour qui ne s'exprime plus à haute voix mais s'épanche sur les pages de ce carnet à défaut de se ranimer à ton ancienne vitalité : opération spéciale par laquelle il se détourne de l'anxiété ou se recentre sur son désir, c'est selon.
Dormir, lire, écrire : seules ces désertions ont un sens, ces échappées, ces tentatives de te rejoindre incapables de coïncider avec l'expérience étrange qui est la tienne depuis que tu es là et pas là, ici et ailleurs, inconscient et vivant (…).
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L'hôpital ne fouette pas seulement les sangs, il réanime aussi l'amour. S'il a décrit à merveille ses prémices et sa cristallisation, Stendhal a oublié de dire que l'idéalisation de l'être aimé fonctionne aussi à fond sitôt qu'il est malade ou en danger. Ses qualités augmentent, ses défauts s'estompent, menus travers et tout ce qui agaçait disparaissent. Blaise était naguère colérique et jaloux, sensible mais parfois dépourvu de tact, mal élevé voire grossier ? Non seulement doux comme un agneau et sage comme une image, le voici désormais paré de toutes les vertus cardinales et théologales, un vrai Jésus, un ange, une merveille, un crack !
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« Je me souviens de la quiétude de la nuit.
Je me souviens de l'épaisseur du silence. (…)
Je me souviens d'avoir confondu mon grand calme avec mon courage et mon courage avec ma force.
Je me souviens d'être restée de longs moments immobile, à la fois pensive et surexcitée, comme réveillée.
En cours de réanimation moi aussi ?
L'habitude est un oripeau qui tombe comme un corset délacé au plus fort de l'étreinte. »
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Mais par la puissance morbide qui vit en ton corps et me vampirise, c'est un peu comme si je devenais toi, mimais ton état, comme si nous cheminions ensemble sur le fil d'une existence identique dont l'endroit et l'envers figureraient les deux faces du rublan de Moebius... 
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"Poésie et médecine, c'est pareil", prétendait William Carlos Williams. Parce que ça délivre?
Même avis chez ses confrères Maïmonide, Rabelais, Döblin, Boulgakov, Karinthy,Schnitzler, Gomez de la Serra, Benn, Segalen, Tchékhov, Torga, Büchner, Weiss, Céline, Sénanque et Lamarche-Vadel, qui n'avait pas son diplôme mais c'était tout comme: tous médecins, tous écrivains, deux fois artistes commis au chevet de l'humanité, ce grand corps malade fourmillant de symptômes avérés et de mensonges que, tous siècles et mœurs confondus, ils n'ont cessé d'ausculter, palper, disséquer, torturer, sans négliger aucune humeur, aucune vapeur, histoire de faire rendre gorge à la vérité du mal en beauté.
Écrire?
Même science des détails et des effets.
Clinique.
Maniaque.
Comme soigner.
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Blaise vient de fêter ses cinquante printemps.Son père est mort trois mois plus tôt.Quelque chose en lui refuse-t-il de naître? de céder? de s'ouvrir?"
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Alors que l'imagination d'intrigues, d'aventures et de personnages m'a toujours fait défaut, qu'aucune histoire ne me vient jamais à l'esprit et qu'au fond, je n'ai jamais eu envie d'en écrire, toute une cohorte d'historiettes, de sujets de nouvelles, de petits romans, se bousculent dans ma tête depuis quelques jours.

Ils affluent tantôt le matin, entre mon premier coup de fil à la "réa" et mon lever, dans l'intervalle où j'aime rêvasser encore un peu au lit (...).

C'est nouveau, assez excitant et plutôt amusant, cette réquisition de stories obsessionnelles toutes inspirées par la maladie de Blaise, et dont je m'ingénie (...) à dérouler les péripéties comme à choisir les éditeurs, m'autorisant à croire pendant quelques minutes que je vais vraiment les écrire.
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