Dès les premières pages, impossible de lire sans pleurer. le chien, âgé de 14 ans, est le narrateur. Il se sent vieillir, n'est pas dupe de ne plus être le même. Il nous raconte son amour pour Elle, sa maîtresse : ses absences, ses attentions, sa cohabitation avec le vieux chat Opium...
Le livre n'est jamais mièvre ; la parole donnée au chien est belle, poignante et pleine d'intelligence. On voit se dérouler la vie de la maison, le temps passe à travers le regard de ce chien. Par cette vision décalée, la nostalgie se fait encore plus forte : les filles ont quitté la maison, elles qui ont grandi avec Joyce.
Elle, jamais nommée la "maîtresse", aime tellement son chien... On le sent par ses gestes et par ce que perçoit l'animal. On reconnaît la vie avec son propre chien dans les réactions, réflexions du setter anglais : scènes de lavage, où le chien revient de ses promenades sale et puant et où il se soumet, pour faire plaisir à sa maîtresse, au rituel du bain ; scènes d'instants paisibles, où le chien et sa maîtresse regardent la campagne qui se réveille...
La tristesse est là, mais le livre n'est pas larmoyant. Il y a aussi beaucoup de passages amusants, surtout quand Joyce se fait des réflexions sur la gent féline.
On assiste aux folies de Joyce, à sa joie de vivre jusqu'à ce que la vieillesse l'immobilise peu à peu, et il en a conscience. Opium, son compagnon qui dort souvent contre lui, remarque avec pudeur son déclin qui le renvoie au sien.
Il n'y a pas de dialogue de bêtes, mais le monologue intérieur de ce setter anglais, membre à part entière de la famille et témoin de la vie qui passe.
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