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Citations sur Des chiens et des humains: Ce que disent les sciences.. (10)

Alors comment expliquer l'évolution qui a mené aux chiens ? De quelles modifications biologiques la domestication s'est-elle accompagnée et comment les gènes sont-ils impliqués dans ces changements ?
Pour avoir une première explication, il faut se tourner vers les ancêtres communs aux chiens et aux loups. Une partie des gènes impliqués dans la variété des traits observés chez les chiens étaient probablement déjà présents dans les populations que ces ancêtres formaient. Ces dernières, que I'on connaît encore assez mal aujourd'hui, renfermaient une variété phénotypique et génotypique assurément beaucoup plus grande que celle des populations de loups actuelles, lesquelles, rappelons-le, sont aujourd hui réduites à un total de 100 000 à 150 000 individus, et ne donnent en conséquence qu'une idée imparfaite de la nature et de la diversité de leurs ancêtres. Il est ainsi probable que certains de ces loups ancestraux possédaient des traits que les chiens ont conservés, mais qui ont disparu chez les loups actuels.
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En fins spécialistes, ils parviennent à repérer et à faire le tri dans une infinité de données, souvent imperceptibles pour nous, comme nos mouvements, nos gestes machinaux, nos intonations, nos routines, pour retenir ceux qui ont la meilleure valeur prédictive. Sans forcer le trait, on peut donc dire que les chiens sont obsédés par les signes : comme les humains superstitieux, ils voient des liens signifiants partout et se complaisent à les accumuler ; comme les statisticiens, ils sont à l'affût de toutes les corrélations susceptibles d'être intéressantes. Mais cet irrépressible penchant qui pousse le chien à établir sans relâche des corrélations et des liens d'antécédence à conséquence se déploie chez lui sans être interprété au moyen d'un schème cognitif causaliste. Car, pour cela, il faut considérer ces corrélations et ces liens comme le produit de mécanismes généraux sous-jacents, souvent cachés, qui les expliquent.
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Preuve du succès de leur strategie, on compte aujourd'hui seulement entre 100 000 et 150 000 loups dans le monde, tandis qu'il y aurait sans doute près de 400 millions de chiens.
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En résumé, les exigences propres à la niche anthropogénique ont entraîné chez le chien un relatif effacement des comportements de meute étroitement orchestrés observables chez les loups. Vivant dans des groupes moins soudés, les chiens ont une vie quotidienne qui n'exige pas une attention à autrui et une capacité à désamorcer rituellement les conflits aussi fines et développées que chez leurs cousins sauvages. En conséquence, dans la vie sociale des chiens, le respect de la hiérarchie constitue une exigence moins impérieuse et moins fréquemment sollicitée que chez les loups. Cela explique pourquoi les chiens sont plus agressifs entre eux que les loups et pourquoi leurs interactions dégénèrent plus facilement en conflits violents. Même s'ils sont moins fréquents, ces conflits peuvent aller beaucoup plus loin et se solder par de graves blessures.
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Dans un tel cadre, les concepts empruntés à la psychologie humaine - les concepts anthropomorphiques - ne sont pas de simples modélisations, des images heuristiques ou, encore moins, des illusions : ils apparaissent comme des faits évolutifs identiques et communs, sur le plan fonctionnel, chez l'homme et chez certains animaux. On notera que l'usage d'un tel « anthropomorphisme fonctionnel » est encore plus important et impérieux dans le cas de l'étude des chiens : comme ces derniers ont évolué en contact étroit avec l'homme, ils ont été naturellement amenés à adapter leur comportement à des fonctions, en particulier sociales et affectives, propres à l'être humain. Comme le suggèrent les spécialistes en éthologie canine, il pourrait exister, par exemple, certaines proximités fonctionnelles entre la relation parent-enfant et la relation maître-chien.
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Comparée à celle des humains, l'acuite visuelle des chiens est environ trois à quatre fois moins bonne. Concrètement, cela signifie qu'un chien doit s'approcher à 6 m pour identifier un objet que nous voyons encore, quant à nous, à 22 m. Autant dire qu'il est inutile d'attendre de leur part une réaction précise face à des petits objets trop éloignés. Ils ont toutefois une concentration en cellules à cônes - essentielles pour l'acuité visuelle - relativement importante dans la partie centrale de la rétine, ce qui leur donne une très bonne vision sur une bande étroite du plan horizontal. Une telle particularité, qu'ils partagent avec les loups, pourrait être liée aux avantages qu'elle donne à un prédateur qui doit suivre ses proies avec une assez bonne précision et à distance.
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Le pouvoir d'accommodation de leur œil est également inférieur au nôtre - qui est, certes, remarquablement grand. Ainsi ne peuvent-ils pas avoir une image nette d'un objet situé à moins d'une quarantaine de centimètres de leurs yeux – entre 33 et 50 cm, selon les chiens -, alors qu'un humain peut encore voir avec netteté à une distance variant entre 7 et 10 cm. C'est l'une des raisons pour lesquelles les chiens reniflent les objets très proches d'eux plutôt qu'ils ne les regardent. Inutile, donc, de mettre un objet dépourvu d'odeur sous le nez d'un chien : il ne pourra pas l'identifier visuellement ; il sera en outre gêné par son museau qui, chez la plupart des races, masque la partie du champ visuel située vers le bas.
En revanche, les chiens partagent avec les loups une vision nocturne performante, meilleure que la nôtre.
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Une forme de consensus semble toutefois se dessiner chez les chercheurs depuis quelques années. Le processus de domestication qui a mené au chien a très probablement débuté entre -100 000 et- 50 000, autrement dit certainement bien avant les 14000 ans suggérés par les découvertes fossiles. Il est survenu sans doute à plusieurs endroits différents, mais assez peu nombreux malgré tout. Les descendants de ces quelques populations domestiquées se sont ensuite répandus dans le monde en suivant les migrations humaines et se sont mêlés les uns aux autres. Ils ont accompagné l'homme à peu près partout, jusqu'aux contrées les plus reculées. Aussi étonnant que cela puisse paraître, très rares sont les sociétés qui n'ont pas vécu, de près ou de loin, et sous des modalités, certes, très diverses, en contact avec les chiens. Réciproquement, dans leur très grande majorité, les chiens ont toujours vécu non loin des humains. Phase finale du processus, la différenciation en races différentes apparait, semble-t-il, il y a seulement environ 3 000 ans.
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Ainsi, lorsqu'un chien est exceptionnellement autorisé à monter sur un lit ou sur un canapé, il peut y voir un signe de soumission de la part de son maître, alors que ce dernier y verra une récompense pour avoir obéi, pour n'avoir jamais manifesté d'agressivité ou, tout simplement, un geste amical adressé à un être dont on se sent proche. Il y a donc là, bel et bien, un malentendu, qui peut durer fort longtemps sans troubler la relation. Mais ce malentendu peut également dégénérer, dans certaines circonstances, en interactions plus ou moins agressives. Par exemple, il est possible que, si le chien est un jour sèchement sommé, par le geste ou par la voix, de quitter ce canapé ou ce lit, il se mette à grogner, voire à manifester davantage d'agressivité encore. Le malentendu éclate donc ici, sans se résorber nécessairement pour autant, dans la mesure où le maître aura toutes les chances d'interpréter cette réaction du chien dans des termes psychologiques généraux - « en fait, ce chien est plus agressif et moins amical que je ne le pensais » - et non en termes de rapport de domination. Une telle lecture de la conduite canine entraînera fatalement dans son sillage de nouveaux malentendus, car le chien interprétera à son tour les réactions humaines qui en dériveront dans un registre différent de celui de son maître : celui de la domination.
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En conséquence, si l'on prend notre perception des couleurs comme système de référence, la palette qui compose celle du chien, moins variée, consiste en un dégradé de tons entre deux teintes. En simplifant, cela lui donne une vue colorée, certes, et non pas en noir et blanc, mais nettement moins riche en couleurs distinctes que la nôtre. Plus précisément, les longueurs d'onde du violet et du bleu-violet sont probablement perçues par le chien comme indistinctement bleuâtres ; celles qui nous apparaissent jaune-vert, jaune-rouge ou orangées sont sans doute jaunâtres pour lui ; et les longueurs d'onde qui se situent en deçà de ces fréquences lui apparaissent sans doute comme blanches ou gris clair. Aussi, comme le suggèrent certaines études, les chiens ont du mal à distinguer le bleu verdâtre du gris, ou encore le jaune-vert, le jaune, I'orange et le rouge. Les chiens de non-voyants ont donc bien du mérite avec nos feux rouges... Sans doute se réfèrent-ils à la position des feux plutôt qu'à leur couleur. Et il ne faut pas s'étonner lorsqu'un chien auquel on lance une carotte en plastique sur une pelouse verte un peu sèche ne la trouve pas facilement et peine à la ramener. Ce n'est pas nécessairement parce qu'il a une mauvaise vue ni parce qu'il fait preuve de mauvaise volonté. Pour nous les contrastes sont nets... mais pas pour lui.
Toutefois, il ne faudrait surtout pas conclure trop hâtivement que cette vision dichromatique [...] soit nécessairement une infériorité ou un désavantage. Ce type de vision permet notamment de distinguer les camouflages beaucoup plus efficacement qu'une vision haute en couleur, laquelle peut se laisser beaucoup plus facilement piéger par les animaux spécialisés dans le mimétisme : car plus on est sensible, plus on est à la merci des imposteurs. Or, pour un prédateur, il est important de savoir déjouer les ruses des proies éventuelles.
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