Amoureux des chiens un brin intellos qui cherchez à rationaliser votre passion, gagas du ouaf -ou "parler chien"- qui bêtifiez sans vergogne à quatre pattes devant Médor ou Mirza persuadés que cette conversation est d'une haute teneur philosophique, desperate house wifes qui avez conclu une union spirituelle avec votre chihuahua faute de trouver chez Raymond écoute et empathie, enfants perdus sans collier qui rêvez d'en mettre un au cou poilu d'un Clochard à l'oreille cassée, Marcels de tout poil qui sentez redoubler votre virilité quand , en roulant des mécaniques, vous sortez Tarzan, charmant staff' aux mâchoires engageantes, Enguerrand des cent familles ou Anatole des mille campagnes qui comptez sur le flair de votre setter lemon pour vous éviter de rentrer bredouille de la chasse à la bécasse, ce livre est fait pour vous!
Pour moi, simplement, qui ai senti, cet été, le vent du boulet passer tout près de mon beau corniaud à robe fauve, sous la forme d'un vilain crabe bien mal niché - nous forçant à une opération mutilante qui a ruiné nos espoirs d'être "grands parents" et a beaucoup atteint son moral de séducteur - , pour moi, donc, lire ce livre a été une sorte de thérapie.
Il m'a permis de trouver la juste distance entre mon affectivité, bien secouée, et ma rationalité souterraine.
Dominique Guillo remet en perspective tout ce que nous savons ou croyons savoir du chien, canis familiaris, si different du loup, canis lupus!
Le chien, cet animal éminemment social, doit sa pérennité et son succès à son habileté à percevoir et à combler les besoins de l'homme, profitant de cette "niche anthropocentrique" pour évoluer, se diversifier, se spécialiser...et coloniser subrepticement l'homme, ce naïf, qui se figure le contraire!
Très savant mais toujours clair, procédant par étapes et réfutant avec patience nos thèses erronées , démasquant partout où il traîne l'anthropocentrisme, pourfendant vigoureusement le behaviorisme, associant et faisant dialoguer sciences humaines et sciences tout cours, ce livre est un régal pour l'esprit - un brin d'humour ne gâche pas un puits de science! - et une nourriture substantielle pour notre appétit de connaissances.
Je l'ai lu attentivement, entre deux pansements, trois caresses et une présentation très améliorée des croquettes du pauvre malade: je reprenais sagement le fil d'une démonstration brillante, convaincante, mais qui ne m'a pas, pour autant, rendue insensible à ce je ne sais quoi qui fait que le chien -en tous les cas le mien, Gus-Le-Chien!- reste sans conteste, le meilleur ami de l'homme!
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Un ouvrage captivant et d'une indéniable qualité d'exploration des connaissances éthologiques du meilleur ami de l'homme.
Partant de deux conceptions erronées que son l'animal machine puis l'animal illusion, l'auteur réfute point par point ces deux propositions en s'appuyant sur les théories admises et controversées dans le monde scientifique comme venant des professionnels et du grand public.
Ainsi en retraçant l'histoire même incomplète de la Genèse et de la domestication du chien il remet en question nos certitudes et croyances preuves et éléments épistémologique à l'appui puis retrace l'histoire récente de la diversité actuelle du chien, ses caractéristiques, ces modifications anatomiques, ces prédispositions et pathologies génétique. le tout sur fond de mythes et légendes, d'un néo anthropomorphisme utile à la science ou dénué de fondement.
L'intelligence et les capacités cognitives du chien, de ses qualités interactionnelles sont décrites avec pertinence à la lumière de nouvelles découvertes interdisciplinaires.
La lecture de l'ouvrage, soutenue, est facilitée par une vulgarisation à la fois concise et développée où chaque élément est discuté selon les points de vue de l'auteur avec passion, méthodologie.
Cependant l'auteur n'ose franchir du moins à l'époque où a été écrit ce livre la barrière infranchissable de l'altérité de l'esprit entre l'homme et l'animal. Il n'est ici pas question de parler de sentience, base de la conscience terme jamais employé ici mais abordé au seuil de la théorie de l'esprit ou les partis pris de l'auteur se trouvent contredits par les spectaculaires progrès et avancées notamment dans le domaine de l'éthologie cognitive. Mais il n'est pas question ici d'en faire état tant cet ouvrage mérite d'être lu et compris du plus grand nombre. Un livre de référence indispensable pour tout tous les férus de connaissance.
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En se développant, l'homme a ouvert une nouvelle niche écologique, constituée par l'ensemble des traits matériels et spirituels propres aux sociétés qu'il a formées — les déchets, les habitations, les feux, le défrichement forestier, les champs, mais aussi les croyances, par exemple dans le caractère sacré de certains animaux, ou dans les vertus thérapeutiques de certaines plantes, ou à propos de la nature de l'esprit des bêtes, etc. — ; cette niche, qualifiée d' "anthropogénique" par les biologistes, a ensuite été colonisée, comme toutes les niches nouvelles, par des espèces opportunistes, qui se sont modifiées en conséquence et ont ainsi divergé des espèces initiales dont elles étaient issues — les loups, dans le cas des chiens. En somme, la niche n'a pas été crée pour le chien : c'est elle qui l'a façonné…
Chapitre 1 : D'où viennent-il ? L'origine évolutive des chiens.
Lorsque l'on parle à autrui, en particulier à un humain, nous sommes également nous-mêmes, plus ou moins selon les cas et de façon diffuse, les destinataires du message ou du moins ses auditeurs attentionnés. C'est du reste ce à quoi l'on fait allusion lorsqu'on évoque les personnes qui " s'écoutent parler " ou lorsqu'on a le sentiment qu'une personne parle " pour se rassurer " sur ses pensées, ses sentiments ou la valeur de ses actes. Dans ces cas de figure, le destinataire du discours n'est pas nécessairement ou pas uniquement autrui. Le destinataire apparent du message sert partiellement de dérivatif à une conversation de l'être humain avec lui-même.
Chapitre 10 : Comment les considérons-nous ? Le point de vue de l'être humain.
Le malentendu est en effet constamment présent dans les interactions humaines, quoique à des degrés divers. Lorsque deux personnes s'accordent dans leurs interactions, les interprétations de la situation forgées par chacune d'entre elles ne coïncident jamais exactement. En réalité, l'établissement d'une relation sociale stable et durable n'impose pas une absence totale de malentendus entre les acteurs. Ce serait là une exigence exorbitante, bien difficile à réaliser. Elle impose seulement que l'étendue du malentendu s'abaisse jusqu'à un seuil, variable suivant les situations et les acteurs, où il n'est plus perçu comme tel et n'offre plus de démenti à la manière dont chacun des deux individus en présence interprète le contexte de l'interaction et le comportement de l'autre.
Chapitre 10 : Comment les considérons-nous ? Le point de vue de l'être humain.
Contrairement à une idée répandue, la perception n'est donc pas une impression déposée dans un lieu de l'organisme — la rétine, par exemple — et passivement enregistrée telle quelle par le cerveau : elle s'apparente bien davantage à l'information analysée par un programme informatique destiné à assumer certaines fonctions bien particulières. En somme, la perception est un processus actif et complexe de traitement calculatoire des données qu'un être vivant reçoit de son environnement.
Chapitre 4 : Comment les chiens perçoivent-ils le monde ?
Les chiens ont un esprit, une vie mentale intense et complexe, c'est à dire des pensées, au sens large, inscrites dans une histoire singulière. Simplement, ils n'ont pas de pensées sur leurs pensées ni sur celles des autres.
1835, Islande : une colonie de grands pingouins est massacrée. Tandis que les marins emportent leurs dépouilles, Gus, un jeune zoologiste, parvient à sauver l'un d'entre eux. Il le ramène chez lui et le nomme Prosp. Peu à peu, une amitié naît entre Gus et l'oiseau. Avec une sensibilité rare, Sibylle Grimbert réussit à rendre crédible le personnage de Prosp, mais aussi la relation bouleversante entre un homme et un animal. Gus comprend par ailleurs progressivement qu'il est le témoin d'une chose alors inconcevable : l'extinction d'une espèce. Prosp est le dernier des siens.
Pour interroger la relation homme-animal, Sibylle Grimbert sera en discussion avec Dominique Guillo, dont les travaux permettent d'appréhender les liens d'interdépendance entre des êtres situés dans un même espace écologique, qu'ils soient ou non de la même espèce.
Sibylle Grimbert est romancière et éditrice. Elle est notamment l'autrice d'Avant les singes (Anne Carrière, 2016) et le fils de Sam Green (Anne Carrière, 2013). le Dernier des siens est son onzième roman, le quatrième à paraître aux éditions Anne Carrière.
Dominique Guillo est sociologue, directeur de recherche au CNRS et professeur associé à l'Université Mohammed VI Polytechnique. Il a notamment publié Des chiens et des humains (Le Pommier, 2009) et Les Fondements oubliés de la culture (Seuil, 2019).
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