Le roi Kong, un classique.
Les jeunes lecteurs le connaissent surtout pour ses multiples apparitions aux grands écrans, il les aura fait grimper aux rideaux des salles, comme le gorille en haut de l'Empire State Building.
Pour la légende, Kong fait parti de cette galerie de monstres nombreux qui font regretter aux hommes des fictions de
Science Fiction leur grands pêchés.
Celui d'orgueil, de vouloir s'élever au rang des dieux de la création ou celui de convoitise, celui des grands collectionneurs, trop conquérants sur l'insoumis.
La nature et contre-nature entières se soulèveront face au caractère extrême de ces aventuriers anti-héros.
Cette perspective dans la fiction est assez originale puisqu'on ne sait qui de l'homme ou la bête est le vrai monstre.
C'est la lutte très controversée de l'homme civilisé et moderne face à la sauvagerie.
La créature de Frankenstein défiera son propre créateur de l'avoir fait à partir de morceaux d'hommes mais si vide, Kong se vengera de ceux qui l'auront extirpé de sa jungle natale pour en faire une bête de foire.
Antoine Guillopé développe ici son talent extraordinaire de l'illustration et de la découpe pour offrir au public jeunesse une version élégante de contraste en 3D.
Nous ne serons, par ce biais, pas complètement éloigné d'un rendu spectaculaire et cinématographique en regardant les images.
Ce qui est légitime puisque la littérature et la légende du Kong doivent leur inspiration au Cinéma.
C'est grâce à une idée de scénario originale de l'auteur anglais de romans policiers
Edgar Wallace et du réalisateur américain
Merian C. Cooper que
King Kong trouvera la consécration sur grands écrans en 1933.
Les futures adaptations en films ou en romans ne s'éloigneront jamais vraiment du scénario d'origine.
C'est la même histoire que nous retrouvons d'ailleurs avec la version de Guillopé.
De quoi parle
King Kong?
Une équipe de tournage vient faire des prises de vue pour un film sur l'étrange "île du crâne" (Skull island), l'endroit n'a pas bonne réputation mais le décor y est particulier et extraordinaire.
L'île ne sera pas déserte et l'actrice, Ann, se trouvera enlevée par des indigènes natifs pour être offerte à leur "dieu", le roi singe, un singe mutant à la taille démesurée.
A l'instar d'un roi lion, Kong devra son rang sur l'ensemble des créatures, toute aussi surdéveloppées, à sa complète domination sur l'échelle alimentaire.
La créature ne semble par ailleurs pas pour autant un prédateur, ce qui le rend intéressant et peut-être sensible derrière les accès de colère.
Bien entendu, l'équipe devra traverser la jungle minée de créatures en tous genres et délivrer la belle qui, contre toute attente, charmera l'immense créature( le gorille appréciera le charme de la gente féminin, et oui).
Devant l'ampleur de la découverte, le cinéaste Carl Denham fera fi des nombreuses pertes humaines de l'équipe et des conseils du fiancé de la belle Ann contre son idée insensée, il capturera la créature et la rapportera en Amérique avec eux pour un spectacle hors du commun.
C'était à prévoir, la gloire sera amère et la créature aura quelques difficultés à se faire à son nouvel environnement, on s'en doutait bien.
La traque de Kong dans New York donnera lieu à des scènes mémorables pour l'imaginaire collectif dans le domaine du Fantastique.
Imaginez, chers lecteurs, l'immense géant du conte de Jack descendant de son haricot magique, faites de même avec cet énorme gorille qui fera de la ville une jungle en s'y balançant.
La version de Guillopé prendra des raccourcis judicieux qui feront saisir rapidement les tenants et les aboutissants pour son jeune public.
Les choix de représentation des personnages et leur rendu seront somptueux et très inspirés de la version cinématographique de 1933.
Malgré le jeu d'ombres chinoises, on décèle bien le caractère rétro des ambiances.
Un beau livre.