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sur 360 notes
Grand frère, un jeune homme d'origine syrienne de près de 30 ans, travaille pour Uber après avoir fait un passage rapide dans l'armée. Les relations sont tendues avec son père, chauffeur de taxi, qui se dit communiste avant de se considérer musulman. Sa mère d'origine bretonne, est décédée 18 ans auparavant. Son petit frère, infirmier, est parti il y a trois ans de manière précipitée, pour une mission humanitaire.
En manque de repère, les deux frères ont du mal à trouver leur place dans la société.
Grand frère pense avoir vu son frère descendre d'un bus provenant d'Allemagne à Bagnolet.
L'auteur, avec un style vif et un vocabulaire des jeunes de certains quartiers populaires - avec des inspirations multiples (espagnol, wolof, arabe, anglais, expressions de Gitans, verlan…) - alterne les chapitres où le grand frère et le petit frère est le narrateur, confrontant ainsi leur point de vue sur la situation en banlieue parisienne et en Syrie, le sens qu'ils veulent donner à leur vie.
Ce roman retrace aussi le quotidien dans les cités, la place qu'y occupe la famille mais aussi l'islam ainsi que les difficultés que rencontrent les enfants d'immigrés.
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Nés d'un père syrien et d'une mère bretonne, Grand frère est chauffeur de taxi privé (Uber) à Paris et Petit frère infirmier . Ce dernier a disparu depuis 3 ans sans donner de nouvelles, on le pense parti en Syrie.

Dans sa « carlingue », Grand frère se repasse le film : leur enfance, la mort de la mère, le père taxi (un vrai, avec plaque !), son passé douteux avec les petits trafics, la prison évitée de justesse, et finalement une vie qui se construit tant bien que mal . Petit frère, lui, raconte son parcours, l'envie de se rendre utile, l' engagement dans une organisation humanitaire musulmane et la vie au Cham (la Syrie).

Un roman à deux voix pour raconter notre époque, la jeunesse des banlieues, l'uberisation et la précarité du travail , la difficulté à se faire sa place dans la société , mais aussi l'univers du djihâd.

Des sujets déjà traités , certes, mais le roman sonne juste et évite les clichés et surtout ce qui fait l'originalité du livre de Mahir Guven, c'est son style, son écriture ! Une écriture percutante , vivante ; Grand frère parle une langue de la rue, des cités, un mélange d'arabe, de verlan, d'argot, pas toujours évidente pour qui n'appartient pas à cette génération il faut bien le dire (il y a même un petit lexique en fin de livre !) mais imagée et souvent drôle qui coule naturellement et donne du rythme au récit.
Enfin le roman a aussi un petit côté thriller qui nous tient en haleine jusqu'au bout.

Je n'avais jamais entendu parler de ce livre, pourtant multi récompensé (dont le Goncourt du premier roman) jusqu'à ce que Mahir Guven vienne présenter son dernier livre au festival Rue des Livres à Rennes . Je l'ai trouvé très intéressant et hyper sympathique et j'ai l'intention de poursuivre la découverte de ses romans.
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Bobigny. Grand frère et Petit frère, qui se partagent inéquitablement la narration de ce roman, ont grandi là, d'un père Syrien communiste, chauffeur de taxi, et d'une mère Bretonne désormais décédée. Chacun des frères à fait ses choix. Grand frère, principal narrateur, est chauffeur de VTC, traficotte un peu, se débrouille. Petit frère est parti, humanitaire, en Syrie. Ou pas. Faut voir.
On va surtout suivre Grand frère, son avis ses idées son quotidien, ses raisonnements, le récit de son passé. Et on va comprendre un peu mieux.
J'ai beaucoup aimé ce roman, les prises de position des narrateurs, leur façon de faire avec les moyens du bord, de concilier tous leurs "à cheval" (Entre deux cultures, entre deux tentations, entre deux espoirs, entre deux nécessités, toujours entre deux).
Et puis bien sûr cette langue si particulière, écrite ici mais très parlée, pleine de mots d'aujourd'hui, de l'argot, de l'arabe, du verlan, du verlan de verlan, à la fois un peu pauvre avec certains verbes fourre-tout et si riche pour nuancer. En tout cas au début déroutante, on n'a pas l'habitude de la lire. Et puis rapidement on sy fait, et l'histoire prend le dessus, l'histoire des deux frères, donc. Qu'on suit assidûment, parce que elle est moderne, crédible, construite. Et si ? Et si c'était vrai ?...
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Ce premier roman, le journaliste et auteur d'origines turco-kurdes Mahir Guven le place sous l'égide de _La Vie devant soi_ de Romain Gary (Émile Ajar), par une référence explicite (cf. cit. 1). le titre du roman désigne le narrateur principal, le frère aîné, qui en turc possède une désignation spécifique vis-à-vis des puînés, ainsi qu'un rôle familial particulier à leur égard. La trame a pour objet principal le frère cadet, à qui est parfois donnée la parole dans des chapitres ponctuels. En effet, ce dernier a disparu de France, probablement pour rejoindre les combattants djiadistes en Syrie suite à sa radicalisation islamiste, même s'il soutient avoir agi comme soignant au sein d'une organisation humanitaire musulmane ; il est sans doute rentré en France, et dans les dernières pages le suspense va crescendo sur cette circonstance et ses réelles motivations...
Mais par-delà l'intrigue, un tableau saisissant est brossé d'une famille franco-syrienne contemporaine dans un quartier populaire des environs de Paris : le père réfugié ancien militant de gauche, la mère bretonne décédée prématurément, la grand-mère paternelle aussi attachée aux valeurs traditionnelles musulmanes que la grand-mère maternelle l'était aux chrétiennes, l'aîné ayant eu un parcours chaotique de garçon de banlieue à l'enseigne de la surconsommation de cannabis (tentative échouée de percer dans le football, engagement infructueux dans les opérations étrangères de l'armée, trafic de stupéfiants, puis redressement comme chauffeur de VTC en échange d'une « protection » policière), le cadet, plus brillant dans ses études d'infirmier, toujours sensible au mysticisme et à un certain humanisme altruiste.
Encore plus intéressant que le tableau familial, qui risque par moments de verser dans des caractères un peu stéréotypés, l'on lit un formidable panorama du milieu des banlieues françaises à l'heure du conflit syrien, de Daech et des attentats islamistes sur le sol français. Dans un langage qui reproduit avec grand soin l'argot arabisé et « verlanisé » des banlieues parisiennes, rendu lisible par un indispensable Glossaire (ne pas se laisser décourager surtout par les premières pages!), avec un humour mêlé au sens du tragique et de la formule propres à Gary, dans le réalisme de la voix du narrateur qui donne le ton « vrai », sont traitées au hasard du flux de conscience toutes les problématiques des quartiers populaires et de l'interculturalité, ainsi que certains enjeux politiques contemporains, y compris les conditions de travail des chauffeurs uberisés et leur conflit avec les taxis à licence.
Si les dialogues sont aussi soignés que le reste de la prose, si la technique d'écriture est particulièrement mature pour un premier roman, comme l'indique par exemple le passage entre les adresses au frère à la deuxième personne et la troisième personne du narrateur surplombant, l'on apprécie surtout la précision des références à l'environnement parisien – qui a sans doute requis un gros travail de documentation journalistique à quelqu'un ayant grandi en province – ainsi que celui de la Syrie en guerre. Cette foison de références quotidiennes est tout à fait à même de restituer une culture populaire tout entière, par-delà l'actualité, ainsi que les préoccupation sociales d'une époque et des contextes relatifs, et c'est là sans doute ce qui assurera l'intérêt de cette oeuvre dans la durée.
La chute ouverte, assortie d'une certaine mise en abîme, se place aussi résolument du côté de la modernité.
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Roman coup de poing sur une relation fraternelle, sur deux parcours de jeunes de banlieue d'origine immigrée (avec une petite touche bretonne) dans une langue contemporaine de la jeunesse des cités (petit lexique en fin du roman). Une relation familiale également, père -fils (au pluriel)
Deux frères, deux parcours, deux choix. L'aîné, le narrateur, est chauffeur de taxi Uber ce qui permet de décrire ces nouvelles conditions de travail, raconte Paris du centre à la périphérie, ses clients, son parcours chaotique, son passé douloureux et surtout le départ de Petit Frère pour la Syrie. Petit Frère doué, idéaliste, en quête de sens part en Syrie (au Cham) officiellement pour des raisons humanitaires. Une génération bercée à l'égalité républicaine et confrontée à la réalité, ce qui n'en fait pas pour autant un récit cynique, pessimiste et désabusé mais davantage un roman humaniste, réaliste, drôle parfois, tragique également.
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Grand Frère offre une plongée dans un milieu que, personnellement, je ne connais pas beaucoup : la vie à la cité, le monde de l'emploi précaire, la vie religieuse. Très réaliste, à l'écriture incisive (parfois trop ?), ce roman nous fait nous poser des questions universelles : peut-on faire confiance à un frère, lorsque tout l'accuse ? Meut-on pardonner le départ, l'abandon ? A-t-on besoin de comprendre pour pardonner ?
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J'ai adoré ce livre comme la plupart des lectures qui s'éxpriment ici. Je prends alors la parole pour poser deux questions: 1: Comment interpréter la dernière phrase "Et si ton frère revanait?" Est-ce-que c'est en effet le début du livre qui se présent ici dans la tête de narrateur futur ou une question pour l'avenir, c'est-à-dire s'il revanait encore une fois aprés sa visit explosive en France?
2: Je me demande aussi si le petit frère est une ségrégation du grand frère avec sa diagnose scizophrénie? Je serais heureuse d'entendre vos réflexions.
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Mahir Guven a obtenu le prix Goncourt du premier roman pour ce Grand frère qui suit le parcours de deux frères d'origine syrienne vivant en France. le grand frère est chauffeur de VTC et tente de reprendre le fil de sa vie après avoir eu une jeunesse plus bancale alors que le petit frère, plus posé, est parti en Syrie en tant qu'infirmier/médecin. le grand frère et son père doivent faire avec le départ du petit frère, ils se sont sentis lâchement abandonnés et vivent dans la peur que ce dernier soit devenu terroriste… le petit frère rentre alors en France et ce sera à vous de lire pour connaître la suite…
Le choix narratif avec deux narrateurs différents selon les chapitres (les 2 frères) n'est pas inintéressant même s'il est clairement déséquilibré, j'aurais aimé en apprendre encore davantage sur le petit frère. Ce qui fait la véritable originalité du roman, c'est le choix fort du langage utilisé par les deux frères, en particulier le grand. Ce choix sans concession et dans un objectif assumé de réalisme m'a laissé une sensation mitigée et m'a paru quelquefois un brin caricatural (en même temps, je suis très loin de ce milieu et donc peu apte à juger du réalisme ou non…). Voilà pour moi en tout cas un premier roman encourageant qui donne envie de suivre Mahir Guven.
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Langue qui claque comme un long slam à deux voix. Ou comme une battle de rap, tantôt vener, tantôt posé, tempo imposé par la moula.

Vocabulaire des quartiers et rythme soutenu, on reste scotché dès les premières pages et jusqu'au dénouement de l'intrigue.

Gros coup de coeur
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Grand frère et Petit frère sont tous les deux nés en France d'un père syrien et d'une mère bretonne, maintenant décédée. le père a fait tout ce qu'il a pu pour les élever le mieux possible, les laissant à l'écart de la religion car son idéal était le communisme. Jeunes adultes, Grand frère se retrouve chauffeur de VTC, faute de mieux, et Petit frère est parti en Syrie avec une ONG humanitaire musulmane, « Islam & Peace », tout en prétendant partir au Mali. Il ne donne plus aucune nouvelle, ce qui angoisse le père et le grand frère. ● le style est ce qu'il y a de mieux dans ce roman inégal aux nombreuses longueurs. En effet, l'écriture, en prise directe avec la réalité de la cité (ou du moins ce que j'imagine qu'elle est), est incisive, savoureuse, dynamique, émaillée de mots arabes (un glossaire figure à la fin du roman). ● Cependant, l'alternance narrative entre Grand frère et Petit frère ne fonctionne pas très bien. Ce procédé, aujourd'hui fréquent, marche beaucoup mieux dans d'autres ouvrages. ● Et surtout, la fin est une véritable catastrophe qui entache rétrospectivement tout le roman.
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