Retour sur une installation hors-norme.
Mahir Guven a exposé son livre, , en version XXL place du Louvre à Paris. Une installation mise en place pour s'exprimer sur la loi immigration et inciter les "sages" du Conseil constitutionnel à lire l'histoire d'une famille Française immigrée, la sienne.
La vie ? J’ai appris à la tutoyer en m’approchant de la mort. Je flirte avec l’une, en pensant à l’autre. Tout le temps, depuis que l’autre chien, mon sang, ma chair, mon frère, est parti loin, là-bas, sur la terre des fous et des cinglés. Là où pour une cigarette grillée, on te sabre la tête. En Terre Sainte. Dans le monde des gens normaux, on dit "en Syrie", avec une voix étouffée et le regard grave, comme si on parlait de l’enfer. Le départ du petit frère, ça a démoli le daron.
La vie, c'est terrible quand on a pas assez de mots, il faut que les autres vous écoutent deux fois plus pour vous comprendre. (p. 63)
La pire position d'esclave, c'est quand un inconnu vous tutoie et que vous êtes obligé de le vouvoyer. Les règles qui s'écrivent pas sont les plus dures à abolir.
La seule vérité, c'est la mort. Le reste n'est qu'une liste de détails. Quoi qu'il vous arrive dans la vie, toutes les routes mènent à la tombe. Une fois que le constat est fait, faut juste trouver une raison de vivre. (p. 9)
Le doute, c'est intime. C'est au plus profond de vous, une bougie qu'on allume au bord du grand livre qu'est votre cerveau. Le doute, ça commence par une flamme qui brûle le coin d'une page. (p. 212)
Pour marcher droit, il faut avoir la colonne vertébrale solide. Et à nous, il nous a manqué quelques vertèbres. Chacun à sa manière, on a compensé. (p. 71)
Elle avait dû le recruter par la grâce de son sourire édenté. Sept dents, frère. Mais ça suffisait pour te raconter le monde. (p. 47)
Partout à la Défense […] les décideurs avaient mis des œuvres d’art au milieu des tours, convaincus que c’était bien pour les gens. Mais tout le monde s’en cognait, et personne ne comprenait rien. On aurait dit des décorations. Pour comprendre, fallait prendre le temps et s’intéresser. Sinon, l’art pour l’art, tout le monde s’en balance. L’art, il faut déjà que ça vous mette un uppercut au premier coup d’œil. Puis, quand vous analysez, vous découvrez tous les détails. Et là, vous concluez au chef d’œuvre.
On était en Terre sainte, la terre de la Bible, depuis la nuit des temps, ici, le monde se déchirait pour Dieu. (p. 195)
"Bête.bête. bête ! Imbécile! C'est force de traîner avec tes amis voyous, les arabes.
- T'es pas arabe toi ?
- Humain moi, wesh ! Comme tu dis, wesh pour tout, mais toujours bête ! Humain plus important que tout. Même Dieu, il dit pas arabe ou pas arabe, il dit important cinq fois par jour. Mais ça, c'est pour connard qui croient dans la Dieu, comme si la Dieu remplir le caddie à la supermarket.