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Critique de Blok


Blok
26 novembre 2021
Une belle synthèse sur la crise du XIIème siècle, ou, pour être prudent, les circonstances de l'effondrement plus ou moins prononcé des principales civilisations de l'Age du Bronze tardif;
L'auteur dresse tout d'abord un tableau de la situation avant crise en Méditerranée Orientale, et des différentes civilisations qui y coexistent plus ou moins pacifiquement: Egypte, Babylonie, Mitani, Hittites, Créte, Mycènes; il s'y ajoute une poussière de petits royaumes clients. on connait assez bien les relations, notamment commerciales, entre les différentes puissances; Ces liaisons sont importantes et contribuent à la prospérité des différents acteur (en n'oubliant pas qu'il ne faut pas surestimer l'importance quantitative du marché international avant l'époque moderne (et encore); Braudel l'estime quelque part à 1 % du volume global des biens échangés)
Pour Kline, ces échanges, ajoutés à des organisations sociales stables, et à une paix relative, procurent aux différents acteurs un niveau de prospérité encore inédit, et qui ne sera plus égalé pendant plusieurs siècles, dans le cadre de ce que l'auteur définit comme une première économie-monde (terme sans doute préférable à celui de mondialisation, actuellement très connoté.
La rupture ou le relâchement des relations internationales a contribué à l'effondrement civilisationnel, mais ne l'a pas provoqué, car il en est aussi une conséquence.
Reste donc à déterminer la ou les causes premières. C'est ce que l'auteur s'efforce de faire dans la deuxième partie de l'ouvrage. Il examine tout à tour les diverses causes avancées par les historiens:
--causes naturelles, tel un séisme ou une sécheresse prolongée, ayant entrainé des famines, elles-mêmes à l'origine de migrations de peuples et de désordres divers
-révoltes populaires entrainant la chute de certains états; g
-guerres ou invasions; on arrive ici à ce qui fut longtemps considéré comme la cause univoque des effondrements: l'irruption d'envahisseurs connus dans les textes égyptiens sous le nom de "Peuples de la Mer"; l'Egypte fut la seule à pouvoir les repousser.
Toutefois on ignore l'origine exacte de ces envahisseurs, la cause de leurs migrations, et les conséquences précises sur les Etats victimes;
En examinant toutes ces causes, l'auteur arrive à la conclusion qu'aucune d'entre elle n'est suffisante; toutes d'ailleurs, d'après les résultats archéologiques, sont loin d'être universelle.
l'auteur conclut à la convergence de plusieurs de ces clauses, avec effets réciproques, finalement à un concours de circonstances;
Comme l'a souligné un autre contradicteur, on peut regretter que Kline ait cru bon de faire des parallèles pas nécessairement justifiés à notre propre économie, incommensurablement plus interconnectée que celle du XIIème siècle avant notre ère et donc d'autant plus fragile à des causes similaires; de fait, l'existence d'un facteur climatique rend le parallèle tentant à l'aune de la situation actuelle.
Mais, pour tenants soient-ils, les parallèles historiques sont rarement éclairants.
cela ne doit pas occulter la grande qualité de l'ouvrage, scientifiquement irréprochable, et qui fait le tour d'une question mal connu de façon accessible;
Addendum. A lire à la suite "Comment l'Empire Romain s'est effondré" de Kyle Harper.


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