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EAN : 9782707185938
264 pages
La Découverte (12/03/2015)
3.78/5   71 notes
Résumé :
Un réchauffement climatique suivi de sécheresse et de famines, des séismes, des guerres civiles catastrophiques, de gigantesques mouvements de populations fuyant leurs terres d'origine, des risques systémiques pour les échanges internationaux... Nous ne sommes pas en 2015, mais bien au XII e siècle avant J.-C. ! Toutes les civilisations de la Méditerranée grecque et orientale (de la Crète à l'Égypte, de Canaan à Babylone, etc.) se sont en effet effondrées presque si... >Voir plus
Que lire après 1177 avant J.-C., le jour où la civilisation s'est effondréeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Première précision, j'ai décidé de lire ce livre suite à la lecture de l'ile de Sigridur Hagalin Bjornsdottir car cette date y est abordée par l'historienne du Comité de Pilotage ; 
Deuxièmement, j'ai décidé de lire ce livre pour approfondir le sujet abordé dans ce même livre et aussi par passion pour l'Antiquité.

L'ouvrage de Cline prend comme événement crucial la bataille entre Ramsès III d'Égypte et les « peuples de la mer » en 1177 avant JC, un moment de l'histoire qui a marqué la fin de l'âge du bronze tardif en Méditerranée orientale.

L'auteur se garde bien de suggérer que cette seule bataille était responsable de la vague de destructions datée du début du XIIe siècle ; il traite plutôt cette bataille comme un point de départ pour faire face à une variété de calamités - à la fois naturelles et anthropiques - qui ont affecté une grande partie de la Méditerranée orientale et ont mis fin à l'âge du bronze tardif.
La préface est, une juxtaposition ou plutôt, un parallèle entre la fin de l'âge du bronze tardif avec les bouleversements modernes tels que le printemps arabe, la crise financière en Grèce.

Cline met au centre de son livre l'effondrement des civilisations de l'âge du bronze tardif dans toute la Méditerranée orientale et il avertit qu'il y a des leçons à tirer pour la société mondiale d'aujourd'hui.
Alors certes, le monde de l'âge du bronze récent et notre culture, si dépendante de la technologie, ne sont en rien comparables. Pourtant, il existe assez de ressemblances entre eux – en particulier, les liens diplomatiques et les embargos ; les enlèvements et les rançons ; les meurtres royaux ; les mariages somptueux et les divorces malheureux ; les intrigues internationales et les opérations de désinformation militaire ; le changement climatique et la sécheresse ; et même un ou deux naufrages – pour qu'une attention plus grande portée aux événements, aux gens et aux lieux, d'une époque remontant à plus de trois mille ans ne relève pas du simple exercice académique d'étude de l'histoire ancienne mais mérite une réflexion plus approfondie dans laquelle va se lancer l'auteur. 

"Des guerriers font irruption sur la scène mondiale, se déplacent rapidement et ne laissent derrière eux que ruines et désolation. Ce sont les « Peuples de la Mer », nom sous lequel les chercheurs les désignent aujourd'hui". Ainsi débute le prologue présentant les peuples de la mer et les circonstances entourant leur affrontement avec Ramsès III en 1177 av.. Une iconographie (qui sera présente tout au long du livre) permet de s'appuyer sur les données archéologiques dont les chercheurs disposent.

Pour expliquer tout cela, l'auteur propose de remonter 3 siècles plus tôt et un peu à l'image des tragédies antiques il y décline son propos en IV Actes

Acte I. Des armes et des hommes : le XVe siècle avant notre ère
L'auteur démontre que les grandes civilisations de la Méditerranée orientale appartenaient à un système interconnecté au début de l'âge du bronze final au XVe siècle et que ce système trouve son origine dans l'âge du bronze moyen précédent. Échanges entre la Crète et la Mésopotamie au Bronze moyen ; l'apparition d'envoyés de Crète dans les tombes de l'Egypte du Nouvel Empire ; les tensions politiques entre l'Egypte du Nouvel Empire et le Mitanni de Syrie ; et les interactions entre les Mycéniens et les Hittites le long de la côte ouest de la Turquie. Chaque cas est un exemple bien documenté et largement accepté d'interactions politiques entre différents États de la Méditerranée orientale. 

Acte II. Une histoire (grecque) à garder en tête : le XIVe siècle av. J.-C. 
Cline affirme que cette interdépendance s'est poursuivie, et même s'est développée, au cours du XIVe siècle, une observation acceptée par l'ensemble de la communauté scientifique. Les lettres d'Amarna sont l'illustration la plus forte de cette interconnectivité. Cline interprète l'échange de cadeaux enregistré dans les lettres comme "probablement la pointe de l'iceberg des échanges commerciaux " dans toute la Méditerranée orientale. le reste du chapitre traite ensuite des Hittites et de leurs relations avec la Syrie, la mer Égée et l'Égypte. 

Acte III. Se battre pour les dieux et son pays : le XIIIe siècle av. J.-C.
Cet "acte" s'ouvre sur un excellent exemple du XIIIe siècle de l'interdépendance de la Méditerranée orientale, le naufrage d'Uluburun au large des côtes du sud de la Turquie. Cline utilise le contenu du navire pour illustrer la grande étendue du commerce qui a rejoint les diverses civilisations du Proche-Orient et de la mer Égée, un point qu'il appuie en outre avec des textes des archives d'un marchand du XIIIe siècle d'Ugarit. Ensuite, il résume la bataille historique de Qadesh, menée entre le roi hittite Mouwattalli II et le roi égyptien Ramsès II, avant d'aborder la question de l'authenticité historique de la guerre de Troie. Ensuite, il se tourne vers une autre légende : l'exode des Israélites d'Égypte et la conquête du Levant. 

Acte IV. La fin d'une époque : le XIIe siècle av. J.-C.
"Voilà enfin venu le moment que nous attendions depuis longtemps : celui du dénouement de l'intrigue et du tragique début de la fin d'au moins trois siècles d'une économie globalisée qui a été la marque de fabrique de l'âge du bronze récent dans le monde grec et en Méditerranée orientale."
Tout commence à Ougarit, où des tablettes datant de la première décennie du XIIe siècle suggèrent que la correspondance commerciale et diplomatique s'est poursuivie jusqu'à la destruction de la ville vers 1185 avant JC Outre Ougarit, un certain nombre d'autres villes du nord de la Syrie et du Levant ont été détruites. Des destructions sont souvent attribuées à la migration des Peuples de la Mer. L'auteur s'interroge sur l'association des niveaux de destruction à un seul événement historique car la portée géographique s'élargit ensuite pour inclure des sites en Mésopotamie, en Anatolie, en Grèce et à Chypre. Il soutient que les Élamites ont détruit Babylone et que les Kashka ont brûlé Hattusa, mais qu'aucune cause unique, anthropique ou autre, ne peut être déterminée pour les autres destructions. Une carte de la Méditerranée orientale montre de nombreux sites détruits vers 1200 av. J.-C. et illustre l'étendue géographique des perturbations. 

Ces 4 actes reposent sur un corpus historique, archéologique, philologique, géographique absolument impressionnant. Mention spéciale pour le "Dramatis personae" (index des noms mentionnés)

Fort de ces éléments l'auteur pose 3 constats :
- Plusieurs civilisations distinctes ont été florissantes entre le XVe et le XIIIe siècle av. J.-C., en Méditerranée orientale et grecque, des Mycéniens et des Minoens aux Hittites, Égyptiens, Babyloniens, Assyriens, Cananéens et Chypriotes. Elles étaient indépendantes, mais bien reliées entre elles, en particulier grâce à des routes commerciales internationales.
- Il est évident que de nombreuses villes ont été détruites et que l'âge du bronze récent comme la vie que menaient les habitants des mondes grec, proche-oriental et égyptien, ont pris fin vers 1177 av. J.-C., ou peu après.
- Aucune preuve certaine ne permet de déterminer l'origine de ce désastre, l'effondrement des civilisations et la fin de l'âge du bronze récent.

Et autant d'hypothèses :
- Il est évident que des tremblements de terre ont eu lieu au cours de cette période mais, en général, les sociétés s'en remettent.
- Des écrits témoignent de famines, et de nouvelles preuves scientifiques montrent la survenue d'un épisode de sécheresse et d'un changement climatique en Méditerranée grecque et orientale, mais là encore bien des sociétés ont survécu à ce type d'événements.
- On peut trouver des preuves circonstancielles de révoltes intérieures en Grèce et ailleurs, y compris au Levant, même si rien n'est sûr. Une fois encore, les sociétés survivent généralement à ce type de révoltes. Bien plus, il serait étrange (même si l'expérience récente du Moyen-Orient tendrait à montrer l'inverse) que des révoltes aient eu lieu sur un territoire aussi important et sur une si longue durée.
- On a trouvé des traces archéologiques d'envahisseurs ou, tout au moins, de nouvelles populations sans doute en provenance du monde grec, d'Anatolie de l'ouest, de Chypre, ou de plus loin. Des villes ont été détruites, puis abandonnées ; d'autres ont été réoccupées ; d'autres encore n'ont pas été touchées.
- Il est évident que les routes commerciales internationales ont été touchées, sinon complètement coupées un certain temps, mais la manière dont cela a affecté les différentes civilisations concernées n'est pas claire – même si certaines dépendaient entièrement de l'importation de biens étrangers pour survivre ; que l'on songe aux Mycéniens.

De conclure lui-même qu'aucune explication ne pourrait être la seule responsable des destructions généralisées. C'est une « tempête parfaite de calamités » qui a mis fin aux diverses civilisations de l'âge du bronze tardif. Individuellement, chacun de ces événements pris séparément aurait été surmontable pour ces civilisations. 

La grande historienne d'art Hélène Kantor a écrit : « Les témoignages qui nous ont été transmis au cours du temps ne constituent qu'une petite partie de tout ce qui a dû exister un jour. Tout récipient venu jusqu'à nous […] représente tous les autres qui ont disparu. » Il est évident que l'histoire recèle sa part d'incertitudes et c'est ce qui en fait son côté passionnant et inépuisable. 

La preuve avec cette anecdote :
" Il est intéressant de souligner que c'est sir Arthur Evans, un archéologue britannique, qui, au début des années 1900, a donné son nom à la civilisation minoenne. Nous n'avons en réalité aucune idée du nom que les Minoens se donnaient eux-mêmes, même si nous savons les Égyptiens, les Cananéens et les Mésopotamiens avaient chacun le leur pour les désigner. Nous ne savons pas non plus d'où ils venaient, même si nos soupçons nous conduisent vers l'Anatolie/Turquie. Avec l'aide de son assistant écossais en qui il avait toute confiance, Duncan Mackenzie, Evans mit au jour ce qui semblait être un palais royal. Sans plus attendre, il baptisa « minoenne » la civilisation qu'il venait de découvrir, nom inspiré du roi Minos de la légende grecque, censé avoir dirigé la Grèce des anciens temps, et combattu le Minotaure (moitié homme, moitié taureau) dans un labyrinthe souterrain du palais. Evans trouva de nombreuses tablettes d'argile, et d'autres objets, sur lesquels on avait écrit – aussi bien en linéaire A (qu'on ne sait toujours pas déchiffrer) qu'en linéaire B (une forme primitive du grec probablement apportée en Crète par les Mycéniens). Il ne découvrit néanmoins jamais le vrai nom de ce peuple, encore inconnu aujourd'hui, nous l'avons vu – malgré plus d'un siècle de fouilles ininterrompues, non seulement à Cnossos mais aussi sur de nombreux autres sites crétois. "

Je terminerai ma critique un peu comme j'avais commencé celle de l'île 
ET SI
Et si ces civilisations ne s'étaient pas effondrées. Que ce serait-il passé en Grèce et en Méditerranée orientale sans cette série de tremblements de terre ? 
Et s'il y avait eu ni sécheresse, ni famine, ni migrants, ni envahisseurs ?
L'âge du bronze récent aurait-il malgré tout pris fin, sachant que toutes les civilisations semblent mortelles ? Tout ce qui s'est passé par la suite aurait-il tout de même eu lieu ? le progrès se serait-il poursuivi ? Des avancées technologiques, littéraires, politiques auraient-elles eu lieu des siècles plus tôt ?
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Eric Cline, archéologue, historien et anthropologue américain, propose dans ce livre de raconter la fin des civilisations de l'âge de bronze.
Pourquoi des civilisations établies depuis plusieurs siècles se sont-elles effondrées du jour au lendemain ?
Au long d'actes (et non de chapitres) qui s'étalent du XIVè au XIIème siècle avant JC, l'auteur nous raconte la première mondialisation, les systèmes complexes unissants ces peuples et en point d'orgue les différentes théories pouvant expliquer leurs disparitions.
Ce qui frappe évidemment dans ce livre, c'est le parallèle avec le monde d'aujourd'hui, parallèle voulu et accentué par Cline. La leçon est éminemment politique : dans un monde globalisé, les crises politiques, sociales ou humaines, se diffusent rapidement.
Bien sûr, cette théorie possède des limites intrinsèques. Peut-on parler d'un monde globalisé, lorsque n'est évoquée qu'une infime partie du monde méditerranéen ? Peut-on parler d'internationalisation alors que le concept de nation est encore inconnu ?
Le style est agréable et clair. Cependant, l'auteur dramatise un peu trop son propos. L'intrigue qu'il essaie d'insuffler à son étude/roman, est un peu surjouée et l'aspect dramatique est inutile.
Au final, ce livre est une réussite d'un point de vue vulgarisation historique, mais ne doit pas se substituer aux études plus sérieuses et plus objectives.
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Une belle synthèse sur la crise du XIIème siècle, ou, pour être prudent, les circonstances de l'effondrement plus ou moins prononcé des principales civilisations de l'Age du Bronze tardif;
L'auteur dresse tout d'abord un tableau de la situation avant crise en Méditerranée Orientale, et des différentes civilisations qui y coexistent plus ou moins pacifiquement: Egypte, Babylonie, Mitani, Hittites, Créte, Mycènes; il s'y ajoute une poussière de petits royaumes clients. on connait assez bien les relations, notamment commerciales, entre les différentes puissances; Ces liaisons sont importantes et contribuent à la prospérité des différents acteur (en n'oubliant pas qu'il ne faut pas surestimer l'importance quantitative du marché international avant l'époque moderne (et encore); Braudel l'estime quelque part à 1 % du volume global des biens échangés)
Pour Kline, ces échanges, ajoutés à des organisations sociales stables, et à une paix relative, procurent aux différents acteurs un niveau de prospérité encore inédit, et qui ne sera plus égalé pendant plusieurs siècles, dans le cadre de ce que l'auteur définit comme une première économie-monde (terme sans doute préférable à celui de mondialisation, actuellement très connoté.
La rupture ou le relâchement des relations internationales a contribué à l'effondrement civilisationnel, mais ne l'a pas provoqué, car il en est aussi une conséquence.
Reste donc à déterminer la ou les causes premières. C'est ce que l'auteur s'efforce de faire dans la deuxième partie de l'ouvrage. Il examine tout à tour les diverses causes avancées par les historiens:
--causes naturelles, tel un séisme ou une sécheresse prolongée, ayant entrainé des famines, elles-mêmes à l'origine de migrations de peuples et de désordres divers
-révoltes populaires entrainant la chute de certains états; g
-guerres ou invasions; on arrive ici à ce qui fut longtemps considéré comme la cause univoque des effondrements: l'irruption d'envahisseurs connus dans les textes égyptiens sous le nom de "Peuples de la Mer"; l'Egypte fut la seule à pouvoir les repousser.
Toutefois on ignore l'origine exacte de ces envahisseurs, la cause de leurs migrations, et les conséquences précises sur les Etats victimes;
En examinant toutes ces causes, l'auteur arrive à la conclusion qu'aucune d'entre elle n'est suffisante; toutes d'ailleurs, d'après les résultats archéologiques, sont loin d'être universelle.
l'auteur conclut à la convergence de plusieurs de ces clauses, avec effets réciproques, finalement à un concours de circonstances;
Comme l'a souligné un autre contradicteur, on peut regretter que Kline ait cru bon de faire des parallèles pas nécessairement justifiés à notre propre économie, incommensurablement plus interconnectée que celle du XIIème siècle avant notre ère et donc d'autant plus fragile à des causes similaires; de fait, l'existence d'un facteur climatique rend le parallèle tentant à l'aune de la situation actuelle.
Mais, pour tenants soient-ils, les parallèles historiques sont rarement éclairants.
cela ne doit pas occulter la grande qualité de l'ouvrage, scientifiquement irréprochable, et qui fait le tour d'une question mal connu de façon accessible;
Addendum. A lire à la suite "Comment l'Empire Romain s'est effondré" de Kyle Harper.


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Le jour où la civilisation s'est effondrée….
Un titre digne d'un film catastrophe hollywoodien pour un best-seller outre atlantique ! Une enquête passionnante à l'âge du bronze….à prendre néanmoins avec précaution !
Egypte du Nouvel Empire, Grèce mycénienne, Crète, empire hittite… nous avons tous entendu parler de ces civilisations. Mais qui les connait vraiment ? Et surtout, sait-on vraiment pourquoi elles ont disparu vers la fin du premier millénaire avant Jésus-Christ ?

En s'appuyant sur les découvertes de l'archéologie, Eric H. Cline, historien et archéologue américain, nous propose dans cet essai une exploration passionnante de ces différentes civilisations, en s'attachant essentiellement à montrer les relations denses et permanentes qui unissaient ces peuples.
Car ce monde ancien était un monde « globalisé » où ces civilisations avaient noué des relations étroites par le commerce, la diplomatie, la guerre. C'est dans ces liens multiples et entrelacés que se trouve la réponse à la question centrale du livre : comment expliquer leur disparition quasi simultanée ?

Cline veut en effet nous démontrer que c'est cette interdépendance qui est à la source de leur effondrement. Les crises traversées par ces empires (politiques, sociales, climatiques …) se sont réciproquement cumulées les unes les autres, en une sorte d' « effet domino » qui a entrainé leur disparition. Dans un monde globalisé l'effondrement ne peut être que systémique, serait-on tenté de résumer. Comme on le dit de notre monde d'aujourd'hui. L'auteur ne cesse d'ailleurs de faire référence à la situation actuelle. Une mise en parallèle de deux époques, dans un style alerte, agréable pour le lecteur, jouant volontiers de la dramatisation de l'histoire, de la mise en intrigue… Un thriller historique comme le souligne le titre.

Et c'est sans doute le reproche que l'on peut adresser à l'historien : cette volonté parfois forcée de mettre en scène l'histoire comme le ferait un romancier. Mais Cline n'est pas scénariste à Hollywood ! Vouloir décrire l'histoire ancienne en faisant trop souvent référence à un cadre contemporain - qui interpelle certes le lecteur - aboutit trop souvent à des anachronismes indignes d'un vrai travail d'universitaire. Les notions d'internalisation, d'état-nation… appliquées à l'âge du bronze nous laissent en effet très dubitatifs…. le prix à payer pour faire un best-seller ?

Malgré ces réserves, un livre à découvrir absolument parce qu'il a le mérite de nous faire découvrir des civilisations méconnues et passionnantes, de nous intéresser tout simplement à l'Histoire, et pourquoi pas… de nous faire réfléchir au devenir de notre propre monde.

Eric. D., bibliothécaire
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« 1177 avant J. C. : le jour où la civilisation s’est effondrée » est un ouvrage de vulgarisation dans lequel Eric C. Cline, historien américain de renom, raconte et explique le premier effondrement « systémique » connu, celui des civilisations « interconnectées » de l’âge du bronze en Méditerranée. Écrit dans un style alerte, le livre de Cline se lit comme un thriller, genre auquel il emprunte plus d’un procédé, à commencer par celui du suspens. La démonstration est souvent très convaincante, et servie par une impressionnante érudition : on y découvre ainsi que ces périodes très anciennes sont plutôt bien documentées…
En revanche, les parallèles que l’auteur ne cesse d’établir avec la situation mondiale actuelle me semblent parfois un peu artificiels et sensationnalistes. Enfin, un système de renvois labyrinthique rend la bibliographie difficile à manier.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Ces échanges ne concernaient pas seulement les couches les plus élevées de la société, car ils avaient aussi lieu dans les auberges et les tavernes des ports et des villes le long des routes commerciales en Grèce, en Égypte et en Méditerranée orientale.
À quel autre endroit un marin ou un membre d’équipage loin de chez lui, attendant des vents favorables pour rejoindre la destination prévue ou pour conclure une négociation diplomatique difficile, pouvait-il échanger des mythes, des légendes et toutes autres sortes d’histoires ?
De telles occasions pouvaient être des moments privilégiés, où s’exerçaient les influences culturelles de l’Égypte, du Proche-Orient et du monde grec.
Ce type d’échanges entre cultures pourrait expliquer les points communs entre L’Épopée de Gilgamesh et l’Iliade et l’Odyssée d’Homère, plus tardives, ou entre le Mythe de Kumarbi hittite et la plus récente Théogonie d’Hésiode.
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L’économie de la Grèce est en plein désastre. Des révoltes intérieures secouent la Libye, la Syrie et l’Égypte, alors que des combattants venus de l’étranger mettent de l’huile sur le feu. La Turquie craint de se retrouver impliquée, comme Israël. La Jordanie ploie sous les réfugiés. L’Iran se montre belliqueux et menaçant, tandis que l’Irak est en crise.
Est-on en 2013 après Jésus-Christ ? Bien sûr.
Mais on aurait pu dire la même chose de 1177 av. J.-C., il y a plus de trois mille ans, quand les civilisations méditerranéennes de l’âge du bronze s’effondrèrent les unes après les autres, changeant à jamais le cours et le futur du monde occidental. Ce fut un moment clé de l’histoire – un tournant pour l’ancien monde.
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Il est vrai qu'une civilisation peut ne pas se remettre d'une invasion ou d'un tremblement de terre, ou même mourir d'une sécheresse ou d'une rébellion mais, pour le moment, faute d'une meilleure explication, la meilleure solution consiste à penser que tous ces facteurs pris ensemble ont contribué à l’effondrement des royaumes et des sociétés les plus puissants de cette région. Ainsi, sur la base des éléments disponibles, l'effondrement du système aurait été causé par une concaténation d'événements liés par un "effet multiplicateur", chaque facteur étant affecté par les autres, catalysant les conséquences de chacun d'eux.
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Pour l'instant, ce dont nous sommes sûrs, c'est que les preuves archéologiques, sous forme de céramiques, d'architecture et d'autres aspects de la vie matérielle, indiquent certainement la présence des Israélites, en tant que groupe identifiable, à Canaan, à la fin du xiii siècle av. J.-C., et que c'est leur culture, à côté de celle des Philistins et des Phéniciens, qui a émergé des cendres de la destruction de la civilisation cananéenne au xii siècle av. JC.
C'est l'une des raisons pour lesquelles la question de l'Exode nous intéresse ici : les Israélites font partie des groupes qui ont inventé un nouvel ordre mondial, à partir du chaos de la fin de l'âge du bronze récent.
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Un gigantesque incendie est parfois nécessaire pour que l'écosystème d'une forêt ancienne se renouvelle et prospère.
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