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3,62

sur 536 notes

En tournant la dernière des 445 pages de ce roman, on comprend le choix des membres du jury qui ont décerné le Prix du Quai des Orfèvres 2022 à Véronique de Haas.
L'auteure a effectivement réussi un exploit, qui aurait pu aussi bien recevoir l'un ou l'autre prix littéraire prestigieux français.

Son ouvrage est, en effet, exceptionnellement ambitieux : nous raconter les péripéties d'un tueur à gages à Paris en 1920 et l'enquête de toute une équipe de policiers dans un contexte historique rigoureusement correct.

Le récit a respecté scrupuleusement le climat et la réalité politique, le fonctionnement des institutions judiciaires et policières, ainsi que les procédures d'interaction dans les limites de leurs compétences spécifiques, il y a tout juste un siècle.

Par ailleurs, le lecteur a droit à la confrontation entre d'une part syndicalistes, socialistes, anarchistes et communistes et d'autre part l'extrême droite de l'époque et les Camelots du roi dans une IIIe République douloureusement appauvrie et perturbée par 4 longues années de guerre.

"La Muse Rouge" soulève en plus la question du colonialisme, en l'occurrence d'importants investissements d'ordre infrastructurel au Congo Brazzaville, mais à spéculation purement capitaliste.

Sur l'après-guerre en l'Allemagne de Weimar (1918-1933) il existe une abondante littérature, sur la France pendant la même période nettement moins et un roman policier situé au tout début de ces années fatidiques fait figure d'oiseau rare.

Le récit démarre le 6 janvier 1920 avec le meurtre sauvage à coups de couteau de Gabrielle Arevaste, "Gabie", une insoumise ou fille publique non enregistrée officiellement.

Deux jours après c'est le tour du diplomate chinois Li à la maison close La Fleur Blanche et de la tapineuse Apolline qu'on retrouve nue et le corps affreusement tailladé de coups de couteau à l'instar de celui de Li.

Cinq autres victimes suivront, dont 2 en Bretagne et 2 au Havre, qui mettront les nerfs des responsables de la Brigade criminelle de la capitale à bout pour arrêter l'oeuvre d'un assassin particulièrement féroce et sadique.

La Brigade criminelle dispose heureusement d'un trio d'inspecteurs intelligents et imaginatifs qui font preuve d'audace et de courage exemplaires.

Le style du livre, écrit dans un Français et argot de l'époque, contribue incontestablement à l'authenticité du récit, mais ne rend pas la lecture plus simple pour autant. Je dois avouer que de tous les termes anciens, expliqués en note de bas de page, comme "camarder" (mourir), "chourineur" (assassin), "chevillard" (boucher en gros) par exemple, je n'en connaissais strictement aucun.

L'explication de ces termes et les nombreux renvois historiques ralentissement fatalement quelque peu le rythme du récit, mais le mettent assurément à un niveau de qualité supérieure.
Je ne peux qu'admirer le travail exceptionnel de recherches et d'écriture de Véronique de Haas.

Un passage me restera longtemps en mémoire : le 27 janvier 1920 au Père-Lachaise le double enterrement d'une pauvre victime du tueur et de celui du peintre Amedeo Modigliani.
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Véronique de Haas avec la muse rouge nous livre un polar historique cousu main. Un bel ouvrage !
Le roman se situe au lendemain de la première guerre mondiale, des hommes essaient de continuer à vivre ou revivre après les atrocités des tranchées.
C'est le cas de Victor, jeune inspecteur à la brigade criminelle qui va devoir élucider de multiples crimes. le roman nous plonge dans un Paris des années 20, dans la misère urbaine, à travers la prostitution. Que ce soit dans l'univers " ouaté" des maisons closes chics comme le Chabanais jusqu'aux infâmes claques de la Mujol.
C'est de là que la première prostituée : Gaby est assassinée. Et, nous faisons connaissance d'un enfant des rues: Pierrot qui a perdu ses parents pendant la guerre et survit grâce à l'affection d'une prostituée.
Le roman se complexifie très vite, et l'affaire que doit résoudre notre jeune inspecteur est délicate.
S'y mêle les pouvoirs et les intérêts de différents ministères comme celui de la Sûreté et celui des colonies.
On suit le déroulé de cette enquête minutieuse avec beaucoup de plaisir. S'y découvre aussi la Muse rouge, des chansonniers anarchistes révolutionnaires qui rêvent du grand soir et de liberté.
Au final, ce policier se dévore rapidement et l'on est un peu triste d'en avoir fini la lecture si vite.
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Revenu handicapé de la guerre de 14-18, l'inspecteur Dessange a trouvé un poste à la brigade Criminelle.
Au début des années 1920, il enquête sur le meurtre de deux prostituées et celui d'un diplomate chinois, mais il apparaît très vite que d'autres assassinats sont certainement imputables au même coupable.
Entre affairisme, extrême-droite et ultra gauche(s), il faudra beaucoup de perspicacité et d'humanité à l'inspecteur et à ses deux adjoints pour dénouer les fils de l'intrigue.

Je ne suis pas un grand fan des polars historiques, mais je dois reconnaître que celui-ci m'a autant ravi que Requiem pour une République de Thomas Cantaloube, qui lui se déroule juste après la deuxième guerre mondiale. La faute sans doute à l'autrice, professeur de lettres passionnée d'histoire du XXème siècle et notamment de l'entre-deux guerres.
L'intrigue est tordue à souhait, mélangeant tous les ingrédients explosifs de l'époque ; à ceux déjà cités (affairisme, ultra gauche et extrême-droite) il convient d'ajouter l'extrême pauvreté, le colonialisme et, déjà, l'aspiration de populations africaines à l'indépendance.
Les personnages sont hauts en couleur ; peut-être manquant parfois de nuances, trop entièrement bons ou trop exclusivement méchants... Mais leurs portraits dressent celui d'une époque qui fut dure, et qu'on n'a assurément pas envie de revivre.
L'écriture n'est pas si facile. L'utilisation d'un vocabulaire de l'époque, aujourd'hui oublié, ou de formulations populaires éloignées du "bon français" auraient pu dérouter. Ce n'est pas le cas, et ce n'est pas si fréquent. le livre se lit bien, ni trop facilement, ni avec prises de tête.
Quand on me l'a offert, ce livre avait a priori deux défauts : polar historique et prix du Quai des Orfèvres. J'ai souvent été déçu par ce prix ; le polar de Véronique de Haas me réconcilie un peu avec lui.

Un excellent polar historique !


Lien : http://michelgiraud.fr/2022/..
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Une excellente surprise avec ce roman policier qui se déroule à Paris en 1920.

Une prostituée est retrouvée morte au petit matin par Pierrot, un orphelin , dans une rue mal famée de la capitale, ce meurtre passe inaperçue et la pauvre fille est vite enterrée .Par contre , lorsqu'un diplomate chinois est assassiné dans une maison de passe luxueuse et qu'on découvre également le corps d'une autre prostituée à coté , cela remue les services de la brigade criminelle...

L'enquête est confié à Victor Dessange, ancien officier blessé pendant la récente guerre , blessure dont il garde une boiterie . Il est secondé par Maximilien , jeune recrue plein d'enthousiasme.

L'intrigue est très bien menée avec de nombreux rebondissements, entrainant le lecteur dans de multiples lieux de Paris, maisons de passe de luxe ou bordels miteux, immeubles cossus ou taudis infâmes, et dans des milieux variés , politiques aux dents longues , aux pratiques douteuses et aux appétits colonialistes sans état d'âme, cercles anarchistes actifs accueillants les anarchistes chassés de leur pays et les syndicalistes avec une peinture haute en couleur de cette époque troublée de l'après-guerre , où tout semble possible, où tout se côtoie, la misère et l'argent facile , les milieux royalistes et les grévistes ...

Les personnages sont attachants, que se soit Victor ou Max, les femmes aussi ne sont pas en reste , prostituées au grand coeur ou cousette amoureuse, anarchistes traqués , sans oublier bien entendu Pierrot découvrant la vie .

J'ai apprécié à la fin de chaque chapitre le petit lexique bienvenu des mots d'argot. L'affaire criminelle est élucidée mais comme il reste encore beaucoup d'interrogations en suspend , on peut imaginer qu'il y aura une suite ...
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Pour faire baisser ma PAL j'ai lu La Muse Rouge de Véronique de Haas, qui a obtenu le Prix des Orfèvres 2022.
Paris 1920. À son retour des tranchées, Victor Dessange, ancien de la Mondaine, intègre la brigade Criminelle.
L'ambiance à la capitale est électrique – entre grèves à répétition et affrontements entre communistes et anarchistes d'un côté et royalistes de l'Action française de l'autre. Des clandestins de l'Internationale affluent de partout, tandis que les empires coloniaux se fissurent.
Dans un tel contexte, les meurtres successifs de plusieurs prostituées peinent à apparaître comme des affaires prioritaires. Jusqu'à ce que ce soit non plus une belle-de-nuit, mais un client, représentant officiel de la République de Chine, qui trouve la mort dans une maison close.
Chargé de l'enquête, Victor tente de démêler un écheveau qui le mènera d'une colonie pénitentiaire pour enfants en Bretagne à l'attaque d'un convoi d'or au Maroc, dont ni les coupables ni le butin n'ont jamais été retrouvés.
La Muse Rouge est un roman policier historique mettant en scène un tueur en série dans la France des années 1920.
Je félicite l'autrice pour tout le travail de recherche fait autour de ce roman car j'ai vraiment eu l'impression de me retrouver cent ans en arrière, à une époque bien différente de la notre, juste après la première guerre mondiale. C'est très crédible autant au niveau du cadre que du franc parler. Petit plus : c'est très vivant car il y a même des chants d'époque. J'ai été bluffée.
L'histoire est bien ficelée. Nous suivons Victor, un policier qui revient des tranchées. Il va devoir trouver qui a bien pu assassiner un client d'une maison close, mais aussi certaines prostituées. Se pourrait t-il qu'il y ai un tueur en série ?
Les personnages sont très intéressants. Aussi bien Victor que Marie, son amie. Ou encore Louison, qui vit dans la misère. Sans oublier le jeune Pierrot, un gamin plein de ressources.
Tous les personnages ont de fortes personnalités et avec eux il est impossible de s'ennuyer car ils ne sont pas lisses.
Ce roman retranscrit bien la misère dans laquelle vivait une certaine population, notamment les enfants des rues ou les prostituées.
La fin est tout à fait cohérente et j'apprécie la façon dont un des personnage va évolué.
Je n'ai pas l'habitude de lire des romans policiers historiques mais j'y remédierais car la découverte m'a beaucoup plu.
La Muse Rouge est un bon roman dont la lecture fût agréable.
Pas de coup de coeur mais un joli quatre étoiles, bien méritées.
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Un bon un excellent polar historique ( même s il ne s'agit que du siècle dernier) la société à la sortie de la 1° guerre Mondiale avec ses traumatismes physiques et moraux , sa soif de plaisir pour les nantis . La misère sans espoir pour le peuple , le monde de Zola est toujours là triste , alcoolisé , sordide Une cocotte minute sociale prête a exploser . Les personnages ont un certaine consistance le héros blessé de guerre , inspecteur de la brigade criminelle est intelligent. il a refusé d intégrer l 'office notarial de papa et si par convention il a fait un mariage arrangé , il assume une double vie avec un fille du peuple qu ' il aime sincèrement ( oui bon ça fait un peu bourge qui se tape une prolo , bien pratique hein ! . Mais ce que vous pouvez être médisant ! jamais cela ne me serait venu à l esprit ) . Les autres personnages, les policiers , les militants syndicaux, les prostituées , les agitateurs politiques, les criminels surtout LE pire sont bien dessinés . l'écriture est vive , alerte . le scénario se déroule assez subtilement, succession de scènes : d enquête, de violence , et de sexe mais tout cela s' intègre parfaitement dans la trame du récit ne donnant pas le sentiment de pagination à tout prix . Je ne divulgâcherai rien bien sûr pour vous laisser le plaisir de déguster la crème de ce délicieux gâteau n 'hésitez pas mordez y à belles dents
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L'intrigue de ce polar "historico-social" est menée avec vivacité, énergie, rebondissements. Je me suis sentie totalement immergée dans l'histoire, emportée par un flot d'images,de sons,de dialogues comme dans un très bon film, oubliant que je tournais des pages. Car, aussi passionnante soit-elle, l'intrigue policière m'apparaît comme prétexte au dessein plus profond de dresser une fresque sociale de l'après guerre!
Max et Victor forment un duo d'enquêteurs très efficace et sympathique car les deux hommes sont mus par un vrai désir de justice et sont profondément humains. Pierrot est la mascotte du roman. véritable gavroche, il nous permet de découvrir le peuple de Paris et tous les enjeux sociaux de l'époque grâce à son regard candide,son courage,son coeur pur. Avec lui nous pénétrons dans le milieu sordide de la prostitution,nous nous mèlons aux luttes sociales dont il ne comprend pas toujours la complexité entre les ouvriers révolutionnaires, les syndicalistes les anarchistes. Nous redécouvrons les petits métiers de la rue , la violence de la misère mais aussi la force et la beauté de la solidarité et de rêves partagés.
Véronique de Haas nous régale en nous instruisant sur les enjeux politiques de cette époque, les positionnements souvent scandaleux quant aux colonies,l'économie de l'entre deux guerre et les luttes de pouvoir ,terreau qui prépare la seconde guerre mondiale.
Il se dégage beaucoup d'humanité de ce roman,dont je ressors avec le plaisir d'avoir beaucoup appris mais aussi d'avoir fait de touchantes rencontres et d'avoir le regret de quitter de bien belles personnes.
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Que voilà une lecture enrichissante! Récompensé par le prix du quai des orfèvres 2022, ce roman est un tout à la fois un roman policier, un roman historique et un roman sociologique qui nous fait découvrir en janvier 1920, la société française écartelée entre les ambitions démesurées des politiques, des financiers, des arrivistes en tout genre et les prémices des mouvements sociaux syndicalistes ou autres face aux membres de l'Action française prêts à tous les extrêmes, sans oublier bien sûr les petits, les miséreux coincés entre Belleville et les fortifs...
Après un début de lecture un peu difficile vu mes faibles connaissances de cette période , je me suis prise au jeu . J'ai au final beaucoup apprécié ce roman aux multiples facettes et je ne peux que vous suggérer de le découvrir sans plus attendre. Bonne lecture.
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Il y a une multitude de prix littéraires, nous autres lecteurs le savons bien, tous ne retiennent pas notre attention, pourtant, certains sont gages de qualité. En matière de polar, par exemple, les amateurs du genre ont leurs repères, le Prix du Quai des orfèvres en fait partie.
Je viens de découvrir le lauréat 2022 et il ne m'a pas déçu.
Véronique de Haas a maîtrisé son sujet de bout en bout, livrant un roman captivant et efficace.
Paris, 1920.
Une prostituée assassinée.
Un crime sans importance.
Sauf que, bientôt, de nouvelles victimes viennent s'y ajouter. le nouvellement affecté à la brigade criminelle, Victor Dessange, est chargé de l'enquête.
C'est un sacré sac de noeuds, que son collègue Max et lui auront à démêler pour retrouver un tueur insaisissable.
L'autrice nous offre, en plus de l'intrigue policière, un regard sur la situation de notre pays, dans l'immédiat après-guerre et la géopolitique de l'époque.
En fil rouge, l'histoire de ces royalistes de l'action française, qui tentent, par tous les moyens, même les plus extrêmes, d'enrayer les mouvements anarchistes et les luttes syndicales. Ces derniers rêvent de sortir le peuple de la misère dans laquelle le conflit mondial l'a plongé.
Prémices des années noires à venir,  se confirme également, la montée de l'antisémitisme.
Non seulement Véronique de Haas tient son lecteur en haleine avec son récit à rebondissements, mais elle prend le temps, aussi, avec ses personnages, ils ne sont pas superficiels, quelle que soit leur importance et ça aussi c'est appréciable.
Polar addictif, La muse rouge fait partie des grands crus de ce célèbre prix littéraire.
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Un policier historico-politique. Me voici revenu presque 102 ans en arrière. L'auteure m'épate avec un premier roman à l'écriture très évocatrice du Paris des années 20, très documenté et d'un style assuré dès son coup d'essai. Elle manie aussi bien le parler populo, la langue des nantis et les codes des policiers.
L'intrigue est discrète, même bien charpentée. J'ai surtout apprécié les grands débats de l'époque et la visite guidée d'une ville en pleine effervescence après la grande guerre. Les personnages sont étoffés, crédibles et sympathiques. Une agréable lecture détente doublée d'un cours d'histoire. Un sang neuf bouillonne dans les veines du polar historique avec Véronique de Haas et Coline Gatel.

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