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Critique de michfred


Lekh lekha, va vers toi-même...

Ce pourrait être une jolie façon de résumer, en hébreu, Palestine, le beau livre de Haddad.

Cham, permissionnaire malchanceux de Tsahal, disparaît des écrans radars le premier jour de son congé : sans papier, sans arme, sans uniforme, il est enlevé par un commando palestinien dissident , ni Fatah, ni Hamas, dont tous les membres meurent dans une même déflagration. Choqué, blessé, amnésique, Cham  est soigné et recueilli par une palestinienne aveugle et sa fille, Falastin, qui veulent reconnaître en lui Nessim,  un fils, un frère disparu.

Le voici donc Nessim, palestinien, doté de papiers et entouré d'amour. Mais sans souvenirs.

Cham-Nessim vit alors une expérience schizophrénique instructive : il voit et vit sa ville, quelques semaines, avec les yeux, le corps , le coeur de l'autre, ceux de l'ennemi, ceux du  feddayin.

Quand cette connaissance cruelle aura achevé de faire de lui un autre, quand sa " mère", sa "soeur"auront noué leur destin à  la trame noire du malheur,  il ne lui restera plus qu'à accomplir  à son tour le sien, à faire les quelques pas, décisifs, qui le séparent encore de lui-même.

Lekh lekha, va vers toi-même...

Le cache-cache identitaire de Cham à Nessim, et de Nessim à Cham ,  un passeport perdu et retrouvé,  une soeur évanouie  contre un frère perdu pour jamais... le destin, on le sait,  aime les hasards ironiques, les chaises musicales macabres : le destin joue à la vie à la mort.

Une fable poignante et cruelle dont chacun doit chercher l'apologue : quelle reste la part d' espoir pour la paix dans un contexte aussi tendu, aussi exacerbé,  dans cette guerre fratricide entre deux peuples d'une même terre? Se mettre à la place de l'autre, certes, ouvre les yeux...mais on les referme pour pleurer et pour mourir.

Hubert Haddad ne donne pas sa réponse:  il en fait entendre plusieurs, mais la tonalité générale  et la conclusion, superbe, suspendue et néanmoins désespérée,   ne laissent pas grand espoir...

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