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Critique de Baldrico


Indispensable.
Bouleversant.
Inquiétant.
C'est par ces trois qualificatif que je caractériserais le témoignage de Sebastian Haffner.
Étonnant comme je suis un fil, sans le vouloir apparemment, de personnages atteints par le grand vent de l'histoire et qui en sont profondément affectés, sans en être vraiment acteurs. En l'occurrence, il n'était pas possible de ne pas être affecté par le nazisme dans les années 1930 en Allemagne. Et dans ce cas-ci, ce n'est pas de la fiction. Sebastian Haffner s'exila en Angleterre en 1938 et entama ce volume de souvenirs à la demande de l'éditeur Warburg. le début de la guerre vint contrecarrer sa parution. le manuscrit dormit chez l'auteur jusqu'à sa mort en 1999. Il fut publié à titre posthume en 2000.
Ce qui est très particulier dans ce récit, c'est à la fois que l'auteur livre des souvenirs très personnels, montrant comment les événements affectent (ou pas) la population dans sa vie quotidienne et en même temps que le récit est dû à un auteur à la perspicacité d'analyste et d'historien.
Haffner décrit avec une précision touchante, à partir d'un point de vue subjectif, les changements dans la vie des Allemands entre 1914 et 1933: la première guerre quand il était enfant, les révolutions, le calme relatif et enfin la montée et l'arrivée au pouvoir du nazisme.
Ce qui rend ce livre à la fois indispensable, bouleversant et inquiétant c'est que les similitudes avec la période actuelle sont frappantes et aussi l'identification très claire de ce qui a permis l'avènement du nazisme, à savoir la lâcheté et l'absence de réaction des démocrates.
Un exemple. Haffner parle de mouvements pré-nazis et nazis comme luttant contre le "système", ce qui n'est qu'un autre nom pour la démocratie. Je vous laisse faire l'analogie avec l'actualité.
Il montre aussi comment le nazisme ne laissait aucune possibilité de repli sur une vie privée qui ne serait pas touchée par les mesures prises par le régime: la vie professionnelle, la vie personnelle, les convictions, les relations amoureuses même, tout était broyé et emporté par les nazis. Cette perspective rappelle Quand les lumières s'éteignent d'Erika Mann. Mais le point de vue subjectif de Haffner rend le totalitarisme encore plus terriblement concret.
Effrayant mais indispensable.
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