À la suite des invasions slaves des sixième et septième siècles, une partie du vocabulaire du roumain fut assez slavisée pour que certains, notamment Adelung, dans son "Mithridates" (1771 – 1806), grande compilation des idiomes du globe, le considèrent comme une langue slave. Les Roumains, en majorité orthodoxes, ont utilisé les textes religieux slaves, qu'ils ont notés d'abord (assez tardivement, à la fin du XVe siècle) en caractères cyrilliques, ne passant qu'en 1868 à l'écriture latine. D'autres influences encore se sont adjointes, pour donner à la langue un visage original et composite, en quoi se rencontrent les deux Europes : la longue vassalité imposée par l'Empire ottoman qui, à partir du XVIIIe siècle, nomma, pour hospodars (régents), des phanariotes (princes grecs habitant à Constantinople le beau quartier du Phanar), a eu pour conséquence un apport de mots turcs et helléniques, en partie éliminés dans les années 1860 – 1877 ; le hongrois, véhicule de la culture occidentale pour les Roumains, fut aussi source de nombreux emprunts ; enfin, le prestige de Paris et la quête d'un ressourcement alimentent, surtout depuis la fin du XIXe siècle, un courant francophile, auquel est dû un afflux de mots français et qui n'a cessé de s'affirmer.