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Critique de Lamifranz


Avec Robert-Louis Stevenson, Arthur Conan Doyle ou Rudyard Kipling, Henry Rider Haggard est un de ces grands représentants du roman d'aventures à l'ère victorienne, merveilleux conteurs d'histoires exotiques et en même temps chantres (parfois malgré eux) de l'impérialisme colonial britannique.
L'originalité de « She » (parfois titrée « Elle » dans les éditions françaises), est que ce roman mêle deux types littéraires : l'aventure exotique, dans une contrée inconnue, avec des combats contre des animaux dangereux, des tribus cannibales, des péripéties dangereuses dans un décor aussi merveilleux que mortifère, et le fantastique avec une souveraine de 2000 ans qui a le secret de l'immortalité, et qui pense retrouver son amour de jeunesse (2000 ans avant !) dans un jeune aventurier tombé – pas tout à fait par hasard – dans son royaume et sous son charme.
Le narrateur, Holly, reçoit de son ami Vincey la mission d'être le tuteur de Léo, le fils de ce dernier, et de parfaire son éducation. le jour de ses 25 ans, Léo ouvre une malle mystérieuse concernant un manuscrit et un plan, indiquant l'emplacement d'un royaume mythique, au fin fond de l'Afrique, le royaume de Kor. Un tesson couvert d'inscriptions semble indiquer qu'il y a un lien entre ce royaume et la lignée dont descend Léo. Nos héros, accompagnés de Job, un serviteur fidèle, se lancent dans l'aventure. Après maintes aventures, les voici devant Ayesha, ou She, ou Elle, ou encore Celle-qui-doit-être-obéie. Cette reine d'une beauté fascinante retrouve en Léo son amour d'antan, Kallikratès, et pour revivre cette passion bimillénaire, tous deux partent vers le pilier de feu censé donner l'immortalité à Léo. Mais, bien entendu rien ne se passe comme prévu…
« She » (1886) est un roman fascinant et envoûtant comme son héroïne. Rider Haggard, dans « Les Mines du roi Salomon » décrivait avec une belle aisance les paysages africains, théâtre des aventures d'Allan Quatermain ; ici ce décor splendide est restitué de la même façon, mais l'auteur y ajoute une note de mystère, comme si la personnalité d'Ayesha s'étendait sur son territoire : le fantastique occupe à la fois l'espace et le temps. C'est un peu un scénario qui annonce « le Monde perdu » (1912) de Conan Doyle : sur un territoire défini, le temps n'a pas de mise. Tout autour c'est le monde réel.
Bien qu'écrit à la fin du XIXème siècle, le roman reste facile à lire (comme d'ailleurs les autres auteurs précités). le lecteur est pris par l'action et épouse les aventures de nos héros, en partageant leurs craintes et leurs déboires, et en subissant comme eux le charme étrange et périlleux de la belle Ayesha.
Cette reine aussi dangereuse qu'énigmatique, et d'une beauté à couper le souffle, n'est pas sans rappeler une certaine Antinéa (« L'Atlantide » de Pierre Benoit – 1920). A la sortie du chef-d'oeuvre de l'auteur français, une polémique s'enfla, accusant Pierre Benoit d'avoir plagié Rider Haggard. le romancier français, avec courtoisie s'en défendit : la traduction française de « She » n'intervint qu'en 1920, année de la sortie de « L'Atlantide », et Pierre Benoit, ne lisant ni n'écrivant la langue de Shakespeare, était dans l'incapacité de lire le roman anglais dans sa version originale.
« She » est le premier roman d'un cycle qui comprend « Ayesha ou le retour d'Elle » (1905), « Elle et Allan Quatermain » (1920) et « La Fille de la sagesse » (1923). Les deux premiers titres sont les plus intéressants.
Au cinéma, on rappellera le film de Robert Day en 1965 « La Déesse de feu » avec Ursula Andress dans le rôle de la déesse (ça n'étonnera personne).


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