Nora Seeds, trente-cinq ans, habitant Bedford, avait tout pour être heureuse, être aimée. Elle aurait pu être nageuse, musicienne, philosophe, épouse, voyageuse, glaciologue. Mais Nora s'est peu à peu éloignée de sa famille, de ses amis, elle a rompu avec Dan, son fiancé. Son employeur vient de la licencier et
Voltaire, son chat a été retrouvé mort dans le ruisseau. C'en est trop pour Nora qui écrit un message d'adieu avant d'absorber des tranquillisants.
Il est minuit lorsque Nora se réveille dans un lieu incertain, qui n'est ni la vie, ni la mort : un lieu empli de livres qui se nomme
la bibliothèque de Minuit. La bibliothécaire a les traits de Mme Elm, la bibliothécaire de Nora, lorsqu'elle était écolière. Mme Elm lui explique les règles de fonctionnement de ce lieu étrange très personnel, où l'on peut consulter le livre de ses regrets. On peut également emprunter des livres qui correspondent chacun à une vie différente que Nora aurait pu connaître si elle n'avait pas renoncé à ce qu'elle aimait. Intriguée, Nora va se fondre dans chacune des vies qui s'offrent à elle, dans l'espoir d'en trouver une qui lui corresponde vraiment et la rende heureuse.
La bibliothèque de Minuit, de
Matt Haig, publié à l'été 2020 au Royaume-Uni est vite devenu un best-seller. Un roman « feel-good » qui tombait juste au moment où les lecteurs et lectrices d'outre-manche connaissaient les difficultés liées à la pandémie ? Il est vrai que
Matt Haig a écrit des ouvrages de développement personnel. Pour autant, il me semble qu'il faut éviter de ranger
La bibliothèque de Minuit dans une catégorie un peu trop précise.
Nora est une jeune femme qui a pris l'habitude de renoncer, de vivre dans les regrets et s'est ainsi coupée de toute source de joie de vivre. En choisissant d'aborder la vie d'une autre façon – que les choix soient bons ou mauvais – elle se donne la chance de se reconstruire. Et en ce sens, elle peut être source d'inspiration et d'identification.
Matt Haig décrit avec soin la « vie racine » et les vies multiples, sans aller pourtant très loin dans la description psychologique des personnages. J'ai beaucoup aimé l'humour de certaines situations : lorsque Nora se retrouve brusquement dans une nouvelle vie, elle doit se repérer, incarner son personnage, sans véritable « feuille de route ». Faux-pas, erreurs de casting… rien ne lui sera épargné mais l'apprentissage de la vie est à ce prix.
J'ai lu le roman en anglais l'année dernière, et je l'ai repris en français cette année. A chaque fois, j'ai éprouvé le même intérêt pour une héroïne un peu "paumée" à qui le destin offre une nouvelle chance de réaliser des rêves impossibles. Mais ces rêves sont-ils vraiment les siens ? Au final, quel sera le choix de Nora ?
Réfléchir sur ce qui détermine nos choix, et sur ce que nous souhaitons véritablement est toujours positif. "La seule manière d'apprendre est de vivre", répète inlassablement Mme Elm. Et ce n'est pas si simple, après tout.