Citations sur Silver Batal, tome 1 : Silver Batal et le dragon d'eau (11)
- Un autre Aquinder, s'émerveilla Silver. Un petit !
Nebekker, elle, n'avait pas l'air particulièrement ravi.
- Oui, si ta définition de "petit" est "à peu près grand comme mon salon"...soupira-t-elle, les mains sur les hanches.
Dans le village de Jaspaton, perché à flanc de falaise au-dessus du désert, quand la poussière envahissait les rues et que les bourrasques de vent se faisaient trop violentes, même les plus irréductibles tisserandes, installées sur une enfilade de tentes colorées, finissaient par jeter l'éponge et fermer boutique. Et, quand elles rentraient s'abriter, tout le monde les imitait... Du moins, tous les habitants dotés d'un tant soit peu de bon sens...
Une fille, un garçon et un petit dragon... Contre la ville de Calidia toute entière? Leurs chances de réussite semblaient proches du néant...
Tous les autres dragons d'eau sont remontés des profondeur de la terre par la Fosse aux Ténèbres, bien sûr, mais personne ne sait vraiment d'où viennent les Aquinders. A en croire la légende, ils seraient nés au milieu des étoiles, auraient été élevés par les nuages et dans les profondeurs de la mer. Qui sait? C'est peut-être vrai...
Les ailes du dragon d'eau se déployèrent de nouveau et Silver put admirer tout un arc-en-ciel de violets, de bleus et de roses-les couleurs réservées aux Aquinders mâles, d'après ce qu'elle savait.
Le moment était venu... Elle allait enfin prendre son envol!
Elle empoigna la crinière de l'Aquinder, qui s'allongeait de jour en jour, afin de se hisser le long de son flanc. Puis elle fit passer son pied encore douloureux par-dessus l'échine du dragon pour s'y retrouver à califourchon. Le visage de la jeune fille effleura la peau de l'animal, semblable à celle d'un lézard. Hiyyan étira chacune de ses pattes avant de déployer toute l'envergure de ses ailes...
Et s'élança sur le sable pour prendre de l'élan.
« Ce que Silver avait pris, au départ, pour un faucon de très grande envergure s’avéra au final bien différent. Les écailles de l’animal étaient bleue. Du bleu qui, dans l’imagination de la jeune fille, était celui de l’océan. Il avait l’extrémité des ailes et de la queue tacheté de blanc. Par une belle journée de printemps, dans un ciel azur constellé de nuages duveteux, le camouflage de la bête aurait été parfait. Quand le colosse se posa au milieu des arbres dans de grandes gerbes d’eau, l’adolescente se leva d’un bond et se précipita vers lui, toutes ces petites douleurs envolées. »
Difficile de décrire les sensations que réveilla chez la jeune fille son baptème de l'air. Emportée par l'euphorie, elle avait le sentiment d'être invincible, que rien ne pouvait lui résister...
À deux, ils étaient plus forts. Ce regain d'énergie, démultiplié par la force du lien qui les unissait, avait quelque chose de merveilleux.
Parfois, quand la nuit était claire et les vents plus apaisés, Silver se glissait hors de chez elle pour aller s’asseoir tout en haut de la falaise et regarder la lune répandre sur le monde sa douce lueur. L’astre semblait toujours si gros, si proche… La jeune fille essayait de tendre la main pour lui dérober un peu de sa lumière, comme si elle pouvait s’emparer d’un rayon couleur platine afin de se draper de la beauté des étoiles.