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Critique de Foxfire


Je suis plutôt novice en matière de SF militaire. Jusqu'ici, je n'avais lu que "Etoiles, garde à vous" de Robert Heinlein et "le vieil homme et la guerre" de John Scalzi. Me voici donc à lire un grand classique du genre, à savoir "la guerre éternelle" de Joe Haldeman. J'ai été complètement enthousiasmée par cette lecture. le roman d'Haldeman est tout simplement magistral. "La guerre éternelle" atteint un équilibre parfait entre divertissement et propos.

Le récit est très dynamique, très rythmé. On ne s'ennuie pas une seconde. Les scènes de combats sont parfaitement menées, toujours claires, jamais confuses.

L'écriture est simple et plaisante à la fois. de plus, le récit n'est pas dénué d'un certain humour.

Le contexte est très bien rendu. le fait que l'auteur soit au départ un scientifique apporte une grande crédibilité aux aspects techniques du récit.

Mais outre ces qualités stylistiques et narratives, c'est surtout le propos du roman qui le hisse au plus haut niveau.
Très inspiré par son expérience personnelle lors de la guerre du Viet-Nam, "la guerre éternelle" a un parfum de véracité qui renforce la crédibilité du récit. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le héros a un nom, Mandella, qui sonne presque comme une anagramme du nom de l'auteur.
A travers le récit de cette guerre sans fin, Haldeman témoigne de son aversion pour la guerre. Pour autant, "la guerre éternelle" n'est pas un récit anti-militariste. L'armée est critiquée en tant que machine à broyer les hommes. A ce titre, le thème du conditionnement est particulièrement intéressant. Les soldats subissent des manipulations psychologiques afin de les conditionner à ressentir de la haine pour l'ennemi. Et tout est fait pour que le soldat soit contraint de rester (ou revenir) dans l'institution militaire. La hiérarchie militaire, faite de preneurs de décisions bien éloignés des réalités du terrain, est vivement critiquée. A l'inverse, le regard que porte Haldeman sur les simples soldats est empreint d'empathie, voire de tendresse. Ils sont les premières victimes de ce système. Cette vision de l'auteur renvoie bien entendu à son expérience douloureuse au Viet-Nam. D'ailleurs, on trouve également, lors du passage du retour sur Terre, un autre écho à une problématique de cette guerre, à savoir le retour des vétérans qui avaient le plus grand mal à se réadapter à la vie civile. Ce thème est appuyé par le concept des distorsions temporelles induites par les voyages à très grandes vitesses. Ainsi, Mandella, âgé d'une trentaine d'années subjectives, devra cohabiter avec des hommes nés des centaines d'années plus tard que lui. Il est dépassé par les changements sociétaux et ressentira une grande solitude. le récit est donc parfois empreint d'une certaine mélancolie.

"La guerre éternelle" n'est pas seulement un récit de guerre ni seulement un roman contestataire. L'émotion est loin d'être absente du récit. La psychologie de Mandella est fouillée et cette caractérisation soignée nous fait partager pleinement ses sentiments. Son histoire d'amour avec Marygay est très émouvante. Et outre, les qualités d'écriture et le propos fort du roman, je garderai en mémoire certains passages particulièrement intenses émotionnellement, tout particulièrement ce splendide dénouement qui laisse le lecteur désespéré par l'absurdité de la guerre et bouleversé par la force d'un amour qui défie le temps.

Challenge Multi-Défis 2016 - 33 (un livre découvert sur l'île déserte d'un ami Babelio)
Challenge Atout-prix 2016 - 6 (Prix Nebula 1975 - Prix Hugo 1976 - Prix Locus 1976)
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