(A propose de Knut Hamsun – Prix Nobel de Littérature) : « Je me suis demandé ce qu’il reste, par conséquent, lorsqu’un livre et son auteur cessent d’exister, quand inévitablement ils sont devenus poussière, et terre, et feuilles volantes. Je me suis posé cette question : que devons-nous faire, au bout du compte, des belles phrases écrites par une main immonde ?
Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux, écrivait Camus. C’est qu’au bout du compte, il faut plus de courage pour vivre que pour se tuer. Dois-je me suicider, pour citer l’interrogation ou plutôt l’interrogation supposée de Camus, ou me préparer un café ?
J’ai remarqué que mon appréhension de père va grandissant à mesure que mon enfant grandit. Je pense de plus en plus souvent aux chocs et faux pas à venir. Je crains les ruées à l’hôpital pour faire recoudre une plaie, plâtrer un os fracturé, traiter une infection ou une maladie. J’imagine tous les dangers, j’imagine le pire, peut-être avec l’espoir superstitieux que le seul fait de l’imaginer en annulera la possibilité. Bien sûr, je sais que mon appréhension paternelle n’est rien d’autre qu’un névrose. Mais je me demande aussi à quel moment il faut bel et bien être un père craintif, vigilant face aux dangers qui planent comme des vautours au-dessus et autour de mon fils. Des dangers, pour la plupart, invisibles. Des dangers sans nom. Des dangers qu’un père ne peut ni ne veut prévenir.
ce n’était pas dû à un livre ou à un auteur en particulier, mais au concept même de fiction, au projet fondamental consistant à raconter des histoires, à cette idée que la littérature, d’une manière bien réelle, pouvait aussi être une planche de salut. Alors je me suis mis à lire. je suis devenu un lecteur. page 35