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Critique de lebelier


Une lecture en a amené une autre.
C'est en effet à cause (ou plutôt grâce à) Paul Auster et sa nuit de l'oracle que je me suis mis à relire le roman phare de Hammett. Dans la nuit de l'oracle, le narrateur y fait allusion, compose même une histoire inspirée d'une histoire que raconte Sam Spade, le héros du Faucon à Brigid O'Shaughnessy, la « femme fatale ». Il s'agit dans les deux cas d'une histoire dans l'histoire, bien que celle Hammett n'apporte pas grand' chose à l'intrigue si ce n'est de montrer que Spade est habitué aux histoires glauques, ce qui renforce la noirceur du récit.
Donc le fameux Sam Spade, détective de son état, est chargé par diverses personnes, de retrouver un oiseau précieux, cadeau du roi d'Espagne à Charles Quint, sur ce point aussi le narrateur donne bien des détails.
Ecrit dans les obscures années trente et révisé dans les années cinquante, l'ouvrage est ce qu'on peut légitimement appeler un « roman noir. » Tous les ingrédients y sont réunis : la « femme fatale » donc –ces deux termes « roman noir » et « femme fatale » restent étonnamment tels quels en anglais, ne se traduisent pas – le détective bourru et finement intelligent, tombeur de ses dames et puis des personnages plus typés tel Cairo, ce Levantin maniéré ou Gutman, ce gros homme à la politesse d'autant plus raffinée qu'elle est dangereuse. le personnage le plus profond restant Brigid, dissimulatrice professionnelle dont les divers mensonges – le premier étant sur son identité – font rebondir toute l'affaire qui s'avère d'une rare complexité. Car l'oiseau a voyagé. Son histoire remontant à des temps encore plus obscurs que ceux du roman s'apparente à la quête du Graal. Mais là encore rien n'est gagné. Sauf symboliquement.
A priori mû par l'appât du gain, Spade échafaude sa recherche avec la complexité et la subtilité que mérite le désir étrange de la possession de ce volatile mythique. Car on court après un mythe, un peu comme après un âge d'or, un passé glorieux, un eldorado perdu. Allégorie de la crise économique américaine contemporaine au roman ? En tout cas un chef d'oeuvre de construction romanesque.
Bon nombre d'écrivains de policiers doivent beaucoup à Dashiell Hammett. En France, où les mots « romans noirs » et « femme fatale » furent inventés, on pense au néo-polar français des années 70-80 (Manchette, ADG) mais surtout à celui qui a renouvelé le genre, Léo Malet et son Nestor Burma jusqu'à la secrétaire toute entière dévouée à la cause de son patron. Sans cesse, paraissent en surimpression, les visages de Bogart et de Mary Astor dans le film éponyme de John Huston en 1941.
Cette lecture va m'amener à revoir le film de Huston et peut-être aussi celui que Wim Wenders consacra à l'écrivain, Hammett. Et la boucle est bouclée.
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