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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un merveilleux voyage pour le lecteur. Un extraordinaire périple pour les protagonistes.
La mort en Arabie, une expédition danoise 1761-1767 est un récit où Thorkild Hansen ressuscite les cinq membres de cette aventure grâce à la consultation de leurs journaux .
Ce projet naît du rêve de Frédéric V roi de Danemark et de Norvège de 1746 à 1766 (et père de Christian VII): révéler et comprendre ce pays du Levant, contrée lointaine, nommée depuis l'Antiquité Arabia Félix, l'Arabie Heureuse.
Une entreprise qui doit permettre de progresser dans les Sciences et l'interprétation des Saintes Ecritures ... et soutenue par son ministre Bernstorff.
Le 12 janvier 1761 sonne le coup d'envoi de cette mission lors de l'appareillage du Gronland, vaisseau de guerre danois, dans la rade de Copenhague.
Les membres de cette compagnie de savants recouvrent différents champs disciplinaires: Frédéric Christian von Haven, philologue, Peter Forsskal, physicien et botaniste (élève du grand Linné, naturaliste, digne représentant des Lumières), Carsten Niebuhr, arpenteur-géomètre, mathématicien et astronome, puis Christian Carl Kramer, médecin et physicien, et enfin Georg Wilhelm Baurenfeind, peintre et graveur. A noter l'ajout de Berggren, un assistant domestique.
C'est en leur compagnie que j'ai suivi ce périple malgré une cohabitation plus que difficile, les rivalités se sont exacerbées, des alliances se sont nouées ... l'unité du groupe n'étant qu'apparente!
Comme par magie, j'ai été entraîné par le rythme insufflé par Thorkild Hansen, ainsi de départ en départ, de lieux en lieux, d'étape en étape, j'ai suivi les traces de ces chasseurs du bonheur dans la quête du paradis terrestre. de saisons en saisons, d'hiver en hiver, de printemps en printemps, j'ai observé les cieux de ces fugaces étoiles, entrevu leur chemin intérieur. de mer en mer, de désert en désert, j'ai perdu certains d'entre eux. de planète en planète, de lune en lune, de soleil en soleil, j'ai voyagé toujours plus loin.
Au final, après bien des déboires, la somme de leurs observations marines, astronomiques, botaniques, architecturales... à travers les cartes, les herbiers, les relevés philologiques, topographiques sont parvenus partiellement jusqu'à nous et ont permis à d'autres pionniers, aventuriers et scientifiques d'aller encore plus loin.
Dans ce récit passionnant, riche et instructif de Thorkild Hansen, l'auteur semble nous souffler derrière l'énigme de cette Arabia Felix une réponse: le temps de l'homo sapiens Felix est arrivé depuis longtemps mais sait-il trouver le bonheur et le reconnaître !
Des cinq membres de cette expédition, un seul en sortira grandi comme un heureux hasard!
En effet, comme par miracle, seul celui qui a choisi l'intelligence du coeur et s'est imprégné des cultures locales plus que les autres (adoptant les coutumes et la langue des régions traversées) pour se fondre dans le paysage est celui qui survivra... le titre est bien La mort en Arabie !
Dans ce récit de voyage, traduit par Raymon Albeck et publié en 1962 à l'occasion du deuxième centenaire de cette expédition, l'auteur nous confie l'avenir de ces tous jeunes hommes.
De Copenhague au Yémen, en passant par Constantinople et l'Egypte, de Moka aux Indes, et de Tranquebar à la Syrie, je les ai accompagné, buvant leurs découvertes, tremblant avec eux face aux populations hostiles,  partageant l'accueil chaleureux des populations bienveillantes.
J'ai suivi Pehr Forsskal dans ses randonnées à la recherche du balsamier (arbre à baume de la Mecque). Je me suis gardée du soleil sur les ruines de Persépolis le temps que Niebuhr exécute ses relevés et transcriptions, partageant son émotion face à ce grandiose spectacle... un pur moment de bonheur !J'ai savouré les danses des jeunes orientales le temps que Baureinfeind les croque.
J'ai adoré traverser terres et mers à leurs côtés, partager leur vision, leurs émotions, leur isolement et solitude, mais hélas aussi leurs cauchemars face aux épreuves physiques et mentales.
De la magie, des moments de grâce, des épisodes cauchemardesques.
Un très très bon moment de lecture.
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Vous est-il arrivé de classer un livre sans l'avoir lu et de l'oublier là pendant ...des années.

Cette Mort en Arabie a subi ce sort là, pourquoi ? je n'en sais rien, il est parmi mes livres depuis 1988 !! Je crois me souvenir que j'ai commencé à le lire et soit j'ai abandonné pour me tourner vers autre chose, soit il ne m'a pas plu sur le moment. Il a suivi tous mes déménagements, je ne l'ai ni perdu, ni prêté, ni vendu, ouf...
Ce livre est superbe, c'est un petit joyau, un savant mélange de récit d'exploration, de récit de voyage et de biographie.
Et en prime vous pouvez encore le trouver en Actes sud Babel.

Cette histoire bien réelle dépasse toute fiction imaginable, elle rassemble tous les ingrédients d'un roman réussit : un but fantasmé, des participants qui sont des personnages de roman, et surtout un art de la narration admirable.
1761 le roi du Danemark, Fredérik V, a décidé de financer une expédition pour l'Arabie, pour découvrir les traces de la main de Dieu dans le désert du Sinaï, trouver les sources des récits bibliques, rapporter des manuscrits, comprendre l'appellation Arabie heureuse qu'Alexandre nous a laissé, et plus prosaïquement découvrir la provenance de l'encens.
Bien sûr il est aussi question d' enrichir les collections royales de botanique et ainsi faire la nique au grand Linné, de cartographier les régions traversées, de faire des croquis de toutes ces merveilles.
Le choix des participants va s'avérer à la fois catastrophique et très heureux, il y a là Peter Forsskål le savant botaniste, Carsten Niebuhr le mathématicien, astronome et arpenteur, Georg Baurenfeind le dessinateur, Johann Kramer et Christian von Haven sensé être linguiste mais un être vain et incompétent. de ces cinq hommes un seul rentrera vivant !
Parce que ne vous faites aucune illusion, on sait dès le début que ce sera un échec retentissant, mais une fois enclenché la machine du récit je vous parie que vous voudrez savoir le pourquoi et le comment de tout ça.
La route passe par Constantinople, le Caire et ses pyramides, le Sinaï puis la mer rouge et l'Arabie.
Mais dès les premiers jours de l'expédition on sait que des obstacles vont surgir, ni géographiques, ni politiques mais bien la mésentente dans le groupe en proie à l'ambition démesurée de certains, à l'attrait pour l'argent, à la vanité, au nationalisme parfois exacerbé, au petites trahisons.
Ils rêvent de gloire, de laisser une trace dans l'histoire.
Le voyage nous est raconté en grande partie grâce au journal du survivant, nous suivant leurs découvertes, la volonté des plus sages de se fondre dans la population en adoptant son mode de vie, ils arpentent, ils herborisent, ils cartographient à tour de bras. Pendant des années la carte du Yemen sera celle de cette expédition.
Mais la fatalité, la déraison des hommes vont avoir raison de l'expédition. Ils parviennent jusqu'à Saana, la malaria s'attaque à plusieurs membres, le climat politique devient malsain.
La fin de l'expédition est dantesque. Un seul survivant ! mais que dire du retour ! Les participants sombrent dans l'oubli, leurs travaux tombent dans les oubliettes du temps et sont parfois ridiculisés ou pire ignorés.

Les collections si patiemment amassées seront détériorées par les conditions de transport, l'humidité ou la chaleur, pillées par goût du lucre.

Thorkild Hansen a fait à la fois un travail d'historien mais a mis toute sa science du récit pour nous étonner, nous surprendre, il distille les informations et nous le suivons ventre à terre.
L'absurdité du destin est un thème cher à Hansen, il y a du Camus chez cet homme.

La Mort en Arabie est considéré comme le chef-d'oeuvre de Thorkild Hansen.
Je sais qu'habituellement je ne livre pas autant de détails d'un livre, mais ici peu importe, ce qui fait l'intérêt du livre ce sont les hommes, les contrées, la réflexion parfois philosophique et poétique qui sous-tend le récit, le résultat on le connait dès le début du livre.



Lien : http://asautsetagambades.hau..
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