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Citations sur L'art du jeu (28)

— Va comprendre, Skrim. (Schwartz secoua sa grosse tête de dépit.) Être un homme, avant, c'était simple. Maintenant, on doit tous ressembler au capitaine Abercrombie. Des abdos plaquettes de chocolat, et trois pour cent de graisse corporelle. Quelle misère ! Moi, je suis de la vieille école. (Il tapota son ventre massif.) L'époque où avoir un dos poilu, ça signifiait quelque chose.
— Être tout seul ? railla Starblind.
— La chaleur. La survie. Un atout dans l'évolution. À l'époque, la femme et les enfants de l'homme pouvaient se réfugier dans ses poils pour passer l'hiver. Les nymphes en faisaient des tresses et chantaient leur magnificence. La colère divine se déchainait contre les tribus imberbes. Mais tout ça, on l'a oublié.
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La littérature pouvait faire de soi un vrai con. Il avait découvert ça en enseignant. On finissait par traiter les vrais gens comme des personnages de roman, des instruments de plaisir intellectuel, des cadavres sur lesquels s'entraîner à l'autopsie critique.
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C'était là, aux yeux de Schwartz, le paradoxe inhérent au baseball, au football ou à tout autre sport. On aimait ça parce qu'on le considérait comme un art, une activité futile en apparence, pratiquée par des gens ayant des aptitudes spéciales, qui, mine de rien, en évitant soigneusement de disserter sur la profondeur de l'être, parvenait néanmoins à révéler quelque chose d'authentique et d'essentiel sur la condition humaine. Être humain, fondamentalement, c'était être en vie, avoir accès à la beauté, être parfois capable de la créer, mais devoir un jour mourir et en être terrifié.
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Pourquoi fallait-il que la jeunesse soit ainsi vénérée ? Et le vieux, toujours, celui en demande ? Depuis l'adolescence, Pella avait dû trop souvent endosser ce rôle de jeune personne, celle à qui on s'attache, celle qu'on chérit. C'était là toute la bêtise de l'espérance humaine, à vouloir aimer ce qui est en devenir. C'était vraiment absurde. Que s'imaginaient les aînés ? Que croyaient-ils que les jeunes pousses allaient produire, sinon des vieux, eux aussi ? C'était une loi universelle, mais les vieux espéraient encore.
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Pour Rodriguez, le chiffre trois avait une importance particulière.
3. Il existe trois états fondamentaux : avoir l'esprit vide, penser, revenir au vide.
33. Les états 1 et 3 sont très différents. « Avoir l'esprit vide » est à la portée de n'importe qui, mais « revenir au vide » n'est accessible qu'à une petite poignée de joueurs.
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De toutes les activités que deux personnes pouvaient partager en privé, la lecture comptait parmi ses préférées. Peut-être cela provenait-il de son goût pour la solitude et le repli sur soi ; une façon pour lui de se dévoiler tout en se cachant derrière les mots de quelqu'un d'autre.
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Depuis longtemps, on racontait que l'entraîneur avait deux millions de dollars cachés quelque part.
« Il a le profil, disait Tennant. Il ne porte que des fringues de supermarché. Prend tous ses repas au McDonald's. Sa bagnole a cinq cent mille kilomètres au compteur. Je te le dis. Ce mec est blindé ! »
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Cette vision emplit Affenlight de tristesse. Non seulement Owen n'était pas venu, mais il paraissait si heureux, si autonome, penché ainsi à sa fenêtre ; il n'avait besoin ni d'aide ni de compagnie, heureux comme un petit animal grappillant sa pitance dans la forêt. Affenlight se sentait inutile, superflu ; et devant cette sérénité et ce bonheur simple et parfait, il n'était plus qu'une âme fébrile et inquiète. Il avait besoin d'Owen, mais Owen - en être complet et indépendant, à qui il suffisait d'un joint pour être en paix - n'aurait jamais besoin de lui.
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Les vestiaires se trouvaient toujours au sous-sol, comme des bunkers ou des abris antiatomiques. C'était là une nécessité moins structurelle que symbolique. Les vestiaires nous protégeaient quand on était le plus vulnérable : juste avant le match et juste après (et pour le football, à la mi-temps). Avant d'aller sur le terrain, on enlevait son uniforme civil pour enfiler celui avec lequel on allait affronter l'adversaire. Et pendant la métamorphose, on était entièrement nu. À la fin de la joute, on ne pouvait emporter les émotions de la partie à l'extérieur — c'était direction l'asile sinon ! —, alors, on allait sous terre les expulser. On pouvait crier, casser des choses, cogner son casier de joie ou de colère, prendre son coéquipier dans ses bras, ou lui hurler dessus, ou lui envoyer son poing dans la figure au besoin. Quoi qu'il se passe, le vestiaire était un sanctuaire.
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Après chaque balle relancée, il reprenait sa posture fébrile, mains ouvertes, le bout de ses doigts gantés effleurant la terre brûlée. Tantôt il cueillait de sa main nue une roulante trop molle et la lançait à la première base dans le même élan, tantôt il bondissait pour arrêter une flèche avec son gant. La sueur ruisselait sur ses joues tandis qu'il fendait l'air lourd et moite. Même à pleine vitesse, son visage restait impassible, un masque de marbre, comme celui d'un pianiste virtuose accomplissant des gammes. Il ne devait pas peser plus de soixante kilos. Quelles étaient les pensées de ce gosse — si tant est qu'il en eût — derrière ce visage de cire sans expression ? Schwartz se souvint d'une citation du professeur Eglantine, en classe poésie : « Là où il n'y a rien, il y a Dieu. »
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