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Critique de darkmoon


A mon humble avis, Thomas Harris, un auteur que j'apprécie, pourtant, se perd complètement avec ce roman qui, à bien des égards, sonne comme le roman de trop, hélas.

Tout d'abord, rien ne nous aura été épargné en matière de poncifs psychanalytiques (Lecteur mange ses victimes parce qu'on a mangé sa soeur et que ses ravisseurs lui en ont fait manger des morceaux à son insu) ; on se croirait dans un mauvais essai de Françoise Dolto. Ce qui était intéressant dans le cas Lecteur, justement (je pense là au Silence des agneaux, seul), ce que son profil psychologique était illisible (dans le roman précité, Clarisse Starling ne s'y frotte même pas, tout au plus demande-t-elle à Lecteur si, en qualité de psychiatre et de psychopathe, il a entrepris de faire son propre profil... de l'ironie, bien placée, mais seulement de l'ironie, donc, pas de véritable analyse). le mystère ainsi entretenu renforçait l'ascendant hypnotique du personnage de Lecteur.

Ensuite, et là c'est l'historien de formation qui parle, Harris se perd dans les méandres de la Seconde Guerre mondiale et multiplie les contrevérités, les raccourcis historiques et les caricatures honteusement manichéennes et anti-historiques... dommage pour un auteur d'ordinaire bien documenté. Exemples parmi d'autres : Lituanien, Lecter ? Son patronyme n'est pas lituanien (existe-t-il, du reste ?), sa soeur, Mischa, porte un prénom russe depuis la nuit des temps et son ancêtre, Hannibal, porte au XIVe siècle un prénom carthaginois pas franchement populaire... alors, Allemand descendant des chevaliers teutoniques ??? Que nenni ! ; les Hiwis lituaniens sont décrits comme des sauvages (parce qu'ils sont nazillons, opportunistes et sans scrupules ou parce que Lituaniens ? Chez Harris, ici, on ne sait pas si c'est l'auteur mal renseigné qui parle en bourgeois bouffi de préjugés de "classe" ou le raciste américano-centré) ; le cas de Lady Murasaki est peut probable, surtout dans la France des années d'après-guerre et le climat d'époque est mal reconstruit (violences policières gratuites, insultes dans la rue, pétainisme passif bien après la fin des hostilités, etc., autant de poncifs chers aux Américains dont la plupart, rappelons-le, ne peuvent pas situer Paris ou Berlin à 500km près), et j'en passe...

Enfin, l'intrigue est bâclée, le lecteur attendait un chef d'oeuvre, il n'a droit qu'à un erzatz de roman... où est passé le Harris de The Silent of the Lambs ? L'écriture est poussive, on s'ennuie, bonjour les longueurs et quel dénouement attendu ! ! !

Dommage...
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