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Critique de thimiroi


Le visionnage récent de Soleil vert, l'excellent film de Richard Fleischer, m'a incité à lire le roman à l'origine du film, d'autant plus que le documentaire qui suivait précisait que que l'auteur du roman, Harry Harrison, n'était guère satisfait de l'adaptation qui en avait été faite.
Une fois qu'on a lu le roman, on peut comprendre la réaction de l'auteur, car les deux oeuvres présentent des différences considérables que je vais préciser, en évitant de trop spoiler sur le contenu du roman.

Le titre
Le roman, dont le titre original est « Make room ! Make room ! »(1966) a été traduit et publié en France en 1974 après la réalisation du film (1973) dont il reprend le titre... bien que le soleil vert n'y joue aucun rôle !
Comme dans le film, l'action du roman se déroule dans une ville de New York polluée et surpeuplée car trente-cinq millions s'y entassent.
Si la nourriture pose problème (elle est de très mauvaise qualité et les prix augmentent constamment), c'est surtout l'eau qui est à l'origine des émeutes : elle est rationnée et manque souvent même totalement, les gens n'ont plus rien à boire !

L'histoire
Le roman fonctionne comme un roman policier traditionnel : un jeune homme pauvre cambriole un riche appartement et, surpris par son habitant et cédant à la panique, il le tue.
Le héros du roman, l'inspecteur Andrew Rush (surnommé Andy), mène une enquête pour découvrir l'identité de l'assassin ; celui-ci, pour échapper à la police, erre à travers un New York livré à la promiscuité, la pauvreté et la violence.
En fait, l'enquête a moins d'importance que le parcours des différents personnages qui permet au lecteur de découvrir tous les aspects de l'univers effroyable dans lequel ils sont obligés de vivre.
La situation d'Andrew va d'ailleurs considérablement se dégrader à la fin du roman.

Les personnages
Le roman compte trois personnages importants : l'inspecteur Andrew Rush, Shirl et Billy Chung, le jeune assassin.
L'inspecteur présente des différences notables avec celui du film (différences que je ne détaillerai pas pour laisser au lecteur le plaisir de les découvrir).
Shirl ne joue qu'un rôle secondaire dans le film mais dans le roman, après la mort du riche résident dont elle est la petite amie (non, elle ne fait pas partie du mobilier !), elle décide de partager la vie d' Andrew.
L'assassin, Billy Chung, qui n'apparaît pas dans le film, est une victime des circonstances et tente désespérément de survivre dans des zones de non-droit.
Quant à Sol, son rôle est bien moins important dans le roman : compagnon de chambre d'Andrew, il est surtout là pour dénoncer l'explosion démographique qui est à l'origine de la situation catastrophique dans laquelle se retrouve l'humanité ; on fait d'ailleurs brièvement connaissance au cours du roman avec les Belicher, des parents qui ont sept enfants et un huitième en route !

Le film, dramatisation du roman
Richard Fleischer a accentué les aspects dystopiques de la société présentée dans le roman ; les hommes ne sont plus considérés en effet comme des êtres humains, ils sont devenus des choses, des objets : Shirl fait partie du mobilier, les émeutiers sont traités comme des déchets, les corps sont transformés en nourriture…
Dans cet univers, la mort apparaît évidemment comme une délivrance : la séquence concernant la mort de Sol est absolument magnifique et bouleversante.
La boucle est bouclée dans cette ultime transformation du capitalisme : l'homme, après avoir été une machine à produire (travail à la chaîne) puis une machine à consommer (matraquage publicitaire, objets à la durée programmée,..), est devenu un produit à consommer.

Pour conclure, on dira que ce roman mérite d'être lu : on ne s'y ennuie pas une seconde, les personnages sont bien caractérisés, on y retrouve l'ambiance oppressante du film et on a plaisir aussi à découvrir les différences qu'il présente avec ce dernier.
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