Citations sur Le Passage du canyon (10)
L’Amérique n’avait aucune limite, hormis celles qu’un homme s’imposait. Le passé que Clenchfield aimait tant n’existait pas ici. Le présent qu’il s’efforçait de maintenir équilibré et exact, au prix de gros efforts, serait bientôt un lendemain mort. Quand un homme s’attachait à une époque, celle-ci, qui ne cessait de reculer dans la nuit des temps, l’entraînait avec lui jusqu’à ce que l’un et l’autre soient morts et oubliés.
La raison est la lueur pâle et tremblotante d’une bougie que brandit un homme pour guider ses pas quand le feu qui brûlait en lui s’est éteint.
L'obscurité était une cape jetée négligemment sur les montagnes et les prairies, les aboiements des chiens d'Anselm réveillaient des échos lointains dans les collines sillonnées de crêtes.
...L'haleine du canyon était humide et froide.
La piste montait et la poussière molle absorbait le bruit des pas des chevaux.
Un ruisseau fougueux longeait la piste et affrontait musicalement les pierres de son lit.
...Un quartier de lune montante peignait de ternes taches argentées sur les parois du canyon, scintillait à la surface de la rivière et se reflétait faiblement sur les troncs décolorés des sapins brûlés.
Alors qu'ils faisaient une halte, Stuart tendit l'oreille pour guetter ce que le vent pouvait apporter.
Il était aux aguets...Il lui semblait entendre une rumeur ininterrompue dans la nuit.
...Les chevaux étaient figés, tête dressées, à l'affût; ils respiraient plus fort, ils flairaient une chose intéressante.
Puis, le bruit s'arrêta.
-Tu as une bonne mémoire.
-Ma mémoire est pleine de choses agréables que je ne peux pas oublier. Et de souvenirs désagréables que j'aimerais oublier.
- Les uns compensent les autres.
-Les uns mènent aux autres.
...il écoutait les bruits de la forêt, les murmures fugitifs autour de lui, les sifflements des broussailles dérangées,les frottements des pas feutrés, le bruissement velouté des ailes, tous les sons de cette terre énorme.
- Qu'attend-il? demanda Lestrade.
-Une bonne bagarre, une bonne partie de rigolade, une bonne chevauchée. Il est proche des gens simples. La plupart d'entre eux l'aiment, alors qu'il se fiche pas mal des types comme toi ou moi. C'est peut-être sa vitalité.
-Voilà un joli sermon, commenta Lestrade en se levant de sa chaise. De quoi m'envoyer au lit. Mais n'oublie pas une chose: les fortunes ne se construisent pas sur des sentiments. Elles se font de manière brutale. Il faut s'en saisir, et quand tu refermes la main dessus, tu écrases forcément quelque chose et quelqu'un d'autre.
À 14 heures, un jour comme celui- ci, les lampes à pétrole scintillaient déjà à travers les carreaux ruisselants, et l’odeur qui émanait des saloons devant lesquels il passait était un mélange chaud et puissant de tabac, de whisky et de vêtements de laine trempés.
Ce n'est pas la raison qui te retient auprès de tes amis, qui te fait pleurer, rire et transpirer. Tu fais quelque chose, et ensuite tu trouves une excuse pour qualifier ton geste de raisonnable, mais ce n'est pas pour ça que tu le fais, Henry. Tu le fais parce que quelque chose de beaucoup plus profond t'a poussé à le faire. La raison est la lueur pâle et tremblotante d'une bougie que brandit un homme pour guider ses pas quand le feu qui brûlait en lui s'est éteint.
Clenchfield ne comprenait pas que l'Amérique était faite de mouvements et de changements, que l'échec n'était jamais définitif, sauf quand un homme en décidait ainsi;la catastrophe était une chose qu'il fallait connaître, oublier et laisser derrière soi.L'Amérique n'avait aucune limite, hormis celles qu'un homme s'imposait.
Quand un homme s'attachait à une époque, celle-ci, qui ne cessait de reculer dans la nuit des temps, l'entraînait avec lui jusqu'à ce que l'un et l'autre soient morts et oubliés.