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Critique de christianebrody


Kasper Krone, clown de renommée mondiale dont les spectacles sont bouclés deux ans à l'avance doit faire face à un lot d'emmerdements sans fin. Sous mandat d'arrêt international pour quelques problèmes fiscaux avec une menace d'extradition vers l'Espagne, poursuivi par le ministère de la justice de son propre pays pour les mêmes raisons, ruiné, privé de sa nationalité, un père mourant, l'amour de sa vie au loin, Kasper Krone est très occupé à construire son petit enfer personnel. Il faut bien combler toutes ces longues heures n'est-ce pas? Ça tombe bien car toutes ces vulgaires tracasseries administratives le mettent au chômage et lui permettent de s'occuper d'une affaire plus urgente: tenir sa promesse faite à KlaraMaria, une sale gosse dotée d'un don extraordinaire qui disparaît brutalement alors qu'il était chargé de la soigner pour un désordre psychique.



Kasper Krone est un enfant du cirque, sa mère était une équilibriste émérite, son père a tout entrepris pour s'échapper de ce monde et est devenu avocat. Non seulement il est une gloire dans le monde du spectacle mais depuis un banal accident qui a failli lui coûter la vie, il a un don très particulier, celui d'entendre les notes qu'émettent les gens qu'il rencontre. Au delà de ce que l'on nomme l'oreille absolue en musique, Kasper, un mélange de Jack Hawksmoor et le Docteur de la série AUTHORITY des excellents Warren Ellis et Bryan Hitch, a bâti sa fortune sur ce don en aidant les enfants en difficultés à la manière d'un Howard Buten. Tout n'est que notes de musique, vibrations. Ce qui l'intrigue le plus est la capacité de KlaraMaria à ne pas en produire à certains moments, à devenir imperméable à l'esprit de Kasper. Pire, elle possède cette tonalité étrange qui revèle du divin, la note d'entre les notes après laquelle il court, celle qui pourrait lui offrir la possibilité de ne faire qu'un avec lui-même.

Mais le pauvre Kasper en a des problèmes car après avoir donné sa parole à cette gamine, le voilà poursuivi par les membres de la Fondation Rabia (l'ordre des soeurs en prières), la société Konon ( un conglomérat d'investisseurs immobiliers), le gouvernement, un chauffeur de taxis amputé des deux jambes qui roule en jaguar et à qui aucun système de sécurité ne résiste, la Dame en bleu qui lui propose un pacte genre win-win deal, l'Africaine qui le met k.o en guise de bienvenue, Leisemer un restaurateur chez qui il a une ardoise longue comme un jour sans pain, bref, la vie ne lui sourit pas ces derniers temps. Mais qu'est-ce qui relie KlaraMaria, la disparition d'enfants aux pouvoirs étranges, Konon, la Fondation Rabia, le gouvernement, le département H, l'achat massif de terrains, les tremblements de terre, les études sur les prématurés? Yep, c'est carrément le bordel pour Kasper et le lecteur. Heureusement qu'il lui reste Bach, Notre-dame-du-Seigneur, Mozart, les sages paroles de Maître Eckhart, Kierkegaard, le poker, la prière, ce huitième de ticket de loterie et quelques amis pour cette dernière quête.

Jusqu'à la troisième partie, j'étais tentée par le jeté-par-la-fenêtre. Il m'a carrément gonflé dans tous les sens du terme jusque là…

Je suis intimement convaincue que ce livre est bon. le personnage de Kasper qui tout en tentant de tenir sa promesse auprès de KlaraMaria est bourré d'humour. C'est un bon gars, avec une éthique de vie, légèrement athée mais trouve un refuge bienfaisant dans la prière, perdu dans le choix de ses priorités existentielles. Il veut bien faire des efforts mais on passe son temps à lui taper dessus, on lui cache tout, pas facile pour lui. Sa vision du monde me plait. Ses délires sur Bach, Beethoven, Mozart dont je n'ai que quelques oeuvres m'ont ouvert d'autres perspectives. Ses déambulations philosophiques, je les achète, cash, car j'y adhère. Son parcours initiatique, sa quête du bonheur dans le sens trouver la paix absolue dans son intimité, banco royal! Ce qui m'a fait le plus chier est l'apparition des personnages de manière brutale, les allers et venues entre passé et présent sans préambule, la lourdeur du style et là je me pose encore la même question: est-ce un défaut de traduction ou l'a-t-il écrit pour quelques happy few ou pour lui-même? Son univers est particulièrement « habité ». Faut-il le découvrir petit à petit en commençant par son premier livre ou suis-je

a) pas le lectorat qu'il vise,

b) stupide, ce qui est fort possible.

Mais, car il y en a un, il est pas mal. le côté labyrinthe dans un puzzle dans l'obscurité totale, je conçois que ça gonfle, moi la première, mais si on l'on part sur le principe que

1) on suit les méandres psychologiques/philosophiques d' un être humain à la recherche du bonheur,

2) on a l'âme d'un véritable voyageur, donc sans barrière aucune,

3) et que si on est mordu de mangas avec ces univers azimutés, on s'y reconnaîtra aisément car les situations et les rebondissements s'en rapprochent beaucoup,

Ben! Ça le fait. J'avoue que c'est le genre de roman qui ne peut laisser quiconque indifférent. On aime ou on déteste, avec raisons dans les deux cas.

Le déclic je l'ai eu en écoutant David Bowie, The Who, Robbie Williams, Jeff Beck, Sarah Vaughan, Stevie Ray Vaughn, Jimmy Hendrix, Dead Can Dance, Epica et Lady Day aka Billie Holliday. Pas moins! On est loin de Bach, on est d'accord, mais ils ne sont pas non plus les pires génies, non? Encore une fois, je me fourvoie certainement mais en toute sincérité et en gérant au mieux ma mauvaise foi, je ne pense pas que ce livre soit mauvais. Il demande un effort. Un vrai pour le coup. Ça reste un road movie métaphysique sur papier. Assez confus, un peu longuet, et pas trop déplaisant si l'on trouve le bon angle pour le lire jusqu'au bout. Sinon, c'est juste pénible plus de cinq cents pages de flou artistique. Après, à chacun son mauvais goût, n'est-ce pas?
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