Citations sur Apaiser nos tempêtes (130)
Il existe peu d’expériences physiques plus intenses, plus intimes et révélatrices que le sont l’acte sexuel, la mort et l’accouchement. Et si la fiction offre un nombre incalculable de saisissantes scènes de sexe ou de trépas, je n’en ai pas trouvé beaucoup qui rendent compte de la souffrance, de la passion et des défis bouleversants d’une naissance.
(préface)
"Louons le monde mutilé
et la plume grise qu'une grive a perdue
et la lumière douce qui erre, s'évapore
et revient."
Adam Zagajewski
"De tous nos moyens d'expression, la photographie est le seul qui fixe un instant précis. Nous jouons avec des choses qui disparaissent, et, quand elles ont disparu, il est impossible de la faire revivre."
Henri Cartier-Breson
Elle fut déconcertée de se rendre compte qu’elle n’avait jamais pensé en ces termes, qu’elle ne s’était jamais posé la question de garder ou de ne pas garder. Pour elle, il avait été question d’être ou de ne pas être. Une mère.
Les yeux sur le fenêtre éclairée, elle prit conscience de quelque chose qui était toujours vrai : plus on se liait à quelqu'un, plus on s'approchait du mystère en son cœur.
On est toutes tellement seules, dans notre rôle de mère. On peut parler école, échanger les petites choses craquantes qu'ils disent. On peut se plaindre qu'ils nous en font voir. Mais on ne pas parler de l'amour terrifiant qu'on leur porte, ni avouer qu'on s'effraie nous-mêmes, en essayant de s'occuper d'eux sans perdre la boule. On ne peut pas parler de tout ce qu'ils nous apprennent, de tout ce qu'ils nous coûtent, de tout ce qu'on leur doit.
P 494 Phébus
Le soleil venait de se coucher et les dernières heures rougeâtres se répandaient sur le monde, brunissant les champs et illuminant les roses le long de la rampe, intensifiant le pourpre des variétés Lincoln, à l'en rendre presque noir, embrassant les blancs des Bridal White et des Summer Snow. Assise sur la dernière marche, Anna les contemplait sans éprouver rien d'autre qu'une vague nostalgie de l'époque où cette lumière aurait pu l'émouvoir.
C'est ça le plus compliqué, tu sais : accepter simplement les choses telles qu'elles sont.
– Il m’est venu un jour à l’esprit que tout ce que je faisais, avec ces conserves, c’était de préserver la lumière – la lumière du soleil, tu sais, continua-t-elle, celle dont les fruits et les légumes regorgent –, c’était la lumière, que je mettais en bocal, et je la préservais dans la cave pour le moment où on en aurait besoin, au milieu de l'hiver.
Derrière le rideau d'arbustes, quelqu'un allumait un feu de camp. Quand elle perçut les premières timides volutes de fumée, les entrailles de Cerise se nouèrent.
- Mon bébé...dit-elle, mais le mot suivant était trop lourd pour être prononcé.