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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce petit livre à la première lecture peut paraître un peu brouillon, éclectique. Laissant passer un peu de temps, je me suis rendu compte qu'il faisait son chemin et provoquait une réflexion plus profonde que je l'avais supposé au premier abord.
Le pont de la rivière Kawaï, fil de trame du récit, structure les souvenirs de l'auteur en favorisant les aller et retour de l'Orient où il a séjourné à plusieurs reprises à l'Occident où demeurent ses souvenirs d'enfance.

La douceur lumineuse et poétique des paysages thaïlandais et celle de la campagne alsacienne se répondent de même que la cruauté des évènements qui s'y sont déroulés, que ce soit dans le camp des prisonniers qui ont été contraints de construire le pont sur la rivière kwaï l'un de ceux qui permettront de relier à travers la jungle la Thaïlande à la Birmanie, coutant la vie à 15000 prisonniers et 100 000 civils indigènes : « Une vie de souffrance et une mort de chien. Une mort pour rien d'ailleurs, car, à peine le chantier achevé, les alliés bombardèrent les principaux ponts et rendirent ainsi la voie ferrée absolument inutilisable. »
... ou dans le camp de concentration du Struthof, qui attend la classe de l'auteur après la traversée d'un paysage idyllique. L'enfant de dix ans qu'il était alors, sortira bouleversé, habité désormais par le regard sur une photo, d'une enfant de trois ans assise nue sur une table de soin.
« Elle était bouleversante et amaigrie au-delà du possible.(…) Elle regardait l'objectif fixement avec des petits yeux d'oiseau mort et gardait la bouche ouverte tant elle était sidérée par tout le mal qu'on lui faisait. »

Ce petit livre est une réflexion poignante sur la lumière et l'ombre qui habite le coeur des hommes. Les occidentaux qui se croient du côté des « civilisés » sont comme tout autre peuple capable de la plus grande cruauté.

Mais d'autres ponts existent comme ceux qu'ont créé la longue liste des naturalistes que l'auteur admire, dont la curiosité a permis à l'occident de bénéficier de l'apport de nouvelles plantes venues de l'Orient. A ceux-là s'ajoutent la beauté de la musique, la poésie, les livres et le cinéma qui réunit les hommes à travers ce qui peut être considéré comme le meilleur d'eux-même.

Et le grand-père de l'auteur a bien raison quand il « répond en pirouettant » aux questions de son petit fils :
« Je préférerais que tu te choisisses un beau livre. Ces choses-là ne sont pas pour les enfants. Que veux-tu que je te dise ? Sinon qu'il faut vraiment être malheureux pour s'en aller déclarer une guerre, tirer sur des gens qui ne vous ont rien fait et passer son temps, ensuite, à vouloir s'en souvenir. »
Pourtant ce livre est beau, qui relie passé et présent en un bel hommage à tous ces hommes qui ont été broyés par la cruauté de leurs semblables.
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En se parachutant le long de la ligne Siam-Birmanie aussi appelée voie ferrée de la mort, Vincent Hein évoque pour nous pas seulement la rivière kwaï et son célèbre pont mais découpe dans l'histoire de la seconde guerre mondiale des événements douloureux liés à la présence du Japon et de ses extravagances.


Ce texte assez court moitié autobiographique, moitié historique s'égraine en 17 courtes fresques qui racontent par alternance, un événement historique puis le souvenir d'un parent plongé au coeur des combats.

L'auteur commence son récit en juillet 2014 à Kanchanaburi en Thaïlande, un prétexte pour se moquer des bars louches, plus crûment les bordels de la ville, Bangkok no money, no honey ».

Vincent Hein pétri de culture chinoise rappelle les circonstances, qui ont déclenché la guerre sino-japonaise.

Hirohito à 25 ans, quand ce jeune homme, monte sur le trône et devient Empereur du Japon. Entouré de généraux batailleurs et xénophobes, on le persuade d'envahir l'Asie, pour le charbon et le pétrole. En 1937 Pékin tombe sous un faux prétexte.


"Ils s'imaginent conduire une guerre sainte, une croisade, un combat divin.
Ils bombardent Nankin, enjambent les fortifications, ouvrent en grand les portes de la ville et massacrent vraisemblablement entre 50 000 et 90 000 personnes, page47"

"Page 48 Hein raconte que Hitler lui-même fut sidéré !"

Hirohito est un Dieu, et un Dieu qui veut son train nous sommes en 1942.
Dans cette ville de Kanchanaburi l' impressionnant cimetière rappelle l'hécatombe subie par les prisonniers de guerre, la réalité vous prend à la gorge.

Environ 180 000 civils autochtones et 60 000 prisonniers ont été forcés de travailler à la construction du chemin de fer. de ce nombre, environ 90 000 civils et 16 000 prisonniers de guerre sont morts lors des travaux bouclés en un an !


Les épreuves subies par les prisonniers du Commonwealth, lui rappelle douloureusement le camp de la mort située en Alsace, à Natzweiler- Struthof, ou son oncle Hubert fut défiguré.

" Ils lui coupèrent les oreilles à l'aide d'une baïonnette et son nez avait disparu au fond de cette cavité pleine de sang !page 65", il fut sauvé par un détenu, un jeune médecin qui le bricola comme il pu.
Après la guerre, il n'avait plus que la musique et les livres pour seules raisons de vivre.


Rassurez-vous le pont lui-même de la rivière Kwai, le film et le livre de Pierre boulle, sont très largement commentés, la prestation du jeune comédien américain Nicholson, et son impertinence sont largement disséquées : "ces gens-là dit-il sont tout juste sortis de l'état de sauvagerie et trop vite, les Japonais bien sûr."


Les bons livres sont souvent trop courts, comme celui-ci. J'ai retrouvé cités, de nombreux livres, Vincent Hein, dresse en effet une liste pertinente de livres , dans laquelle on pourra puiser avec bonheur.
Ce que je retiens c'est le style, plein d'imagination et de finesse, de singularités langagières, de belles descriptions de paysages, et une fougue qui vous fait traverser ce récit, à vive allure.

Vincent Heine fait vibrer tous les sens, on peut puiser allègrement des "senteurs de raisins mûrs" , "la chaleur enveloppante de ses bras" , "on vibre de toutes les couleurs", "le gros cocker roux comme une belle-mère avec des yeux tristes."

Un livre glaçant parfois mais qui se déguste avec bonheur.
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Bangkok, les bars, les boites à strip-tease, les bordels, le sida, ceux qui ont plaqué l’Europe et leur pavillon, leur crédit voiture, une fois passé l’exotisme des premières années, s’ennuient en Asie

L’auteur nous entraîne dans un voyage à la vitesse des trains aux vieilles locomotives jaunes avec des wagons fatigués aux bancs en bois, à travers ce pays merveilleux où le corps et l’esprit se consument lentement, où l’on rencontre des papillons et des oiseaux polychromes.

Tout a commencé par un film regardé en famille un soir, le pont de la rivière kwaï, puis la lecture du livre de Pierre Boule dont le film est une adaptation. Vincent Hein parcourt la rivière, les villages au bord de l’eau, et son pont de trois cents mètres de poutres d’acier, aussi sinistre qu’un puits de mine et pourtant les touristes s’y bousculent pour y graver leur nom, c’est le célèbre pont de la rivière kwaï.

L’occasion pour l’auteur de nous rappeler l’horreur de la construction de la voie de chemin de fer reliant la Thaïlande et la Birmanie. 1931, le Japon a besoin de Charbon, de pétrole et de caoutchouc, alors les Japonais s’en vont conquérir Pékin en envahissant les pays voisins.
400 km à travers la jungle, pour construire la voie décidée par l’empereur du Japon.

Vincent Hein nous conte l’enfer de la construction, les maladies, la faim, la soif, la cruauté des gardiens japonais. 12 400 prisonniers de guerre alliés et 70 000 travailleurs civils asiatiques, hommes, femmes et enfants sont morts dans cette construction, presque à mains nues, de cette voie de chemin de fer.

Mais l’horreur ne s’arrête pas là, le sac de la ville de Nankin, ville martyre, puis les expériences bactériologiques et médicales menées par les médecins japonais sur la population chinoise, dix ans avant Hitler et le sinistre docteur Mengele.

Heureusement, l’horreur laisse la place à l’émotion quand il évoque ses souvenirs d’enfance, son grand-père qui installe des armoires à pharmacie dans toutes les pièces, son père qui avec un abus d’alcool et de tabac va aider la mort à venir le chercher. L’écriture se fait même sentimentale pour évoquer les naturalistes, les écrivains voyageurs et même devient poésie avec par exemple trois belles pages sur la pluie.

Un livre qui peut dérouter par sa construction, il peut paraître un peu touffu, mais l’écriture est magnifique et il y a tant de richesses à découvrir au fil des pages.


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"Le pont de la rivière Kwai » … on s'en souvient. Davantage pour se remémorer les scènes de bravoure du film que pour réfléchir à la tranche d'Histoire occultée alors par l'excellent jeu des acteurs. Vincent HEIN nous offre l'occasion de rééquilibrer le pourquoi de nos souvenirs. Ce film, vu par l'auteur-enfant, lui a laissé penser que « nos conventions, nos règles et nos lois (occidentales) étaient plus humaines (que la vindicte nipponne), que nous étions seuls capables de construire des ouvrages d'ingénierie complexe et que nous avions gagné cette guerre car notre civilisation était supérieure à toutes les autres. » le livre éponyme de Pierre BOULLE, lu par l'auteur-adolescent lui a fait comprendre combien « les actes en apparence opposés des deux ennemis n'étaient que des manifestations, différentes mais anodines, d'une même réalité immatérielle […] Avant tout, sauver la face ! »
Vincent HEIN veut y réfléchir, cherche à se souvenir… Il alterne des séquences de son enfance avec des tranches d'Histoire que lui remémore un voyage en Thaïlande, sur les bords de cette rivière mythique.
Son récit, Kwai, devient alors un livre-pont, une réflexion qui assemble, tel un ‘étrange et monstrueux mikado', des souvenirs d'enfance, des bonheurs partagés en famille, des barbaries de toutes nationalités, un amour inconditionnel de la vie et, tout en même temps que la dénonciation de l'absurdité humaine, la poésie que chacun peut cueillir quotidiennement au sein même d'un monde écoeurant où l'Homme compterait moins que le passage d'un train.
De Vincent HEIN, je n'avais encore rien lu. Babelio et les éditions Phebus m'ont donné de découvrir une plume cultivée, tendre et acerbe, empreinte de poésie et de réalisme dérangeant.
« La guerre est éternelle, l'homme est un loup pour l'homme ; vieille histoire », énonce Primo LEVI en exergue. Et c'est vrai que ce récit, en partie autobiographique, illustre bien cette triste caractéristique de l'espèce. L'Homme est capable de se faire la guerre !
Vincent HEIN, façonné et fasciné par la culture asiatique, avait déjà partagé son amour de la Chine (A l'est des nuages, 2009). Avec ‘L'arbre à singes' (2012), il avait poursuivi cette longue quête de lui-même à travers l'histoire et les paysages de la Corée, du Japon, de la Chine encore ou de Mongolie. Aujourd'hui, avec Kwai, il s'impose et nous propose un travail de mémoire, une réflexion sur la construction des petits mondes du Pouvoir, grands destructeurs d'humanité. Alternant ses souvenirs familiaux avec les atrocités commises par la barbarie japonaise de Hirohito et de son entourage, il solde le coût de la construction d'un pont bâti à seule fin de se montrer capable d'être le plus fort. Juste capable de faire passer ‘un petit train' entre des montagnes de cadavres, 15000 prisonniers de guerre et 100000 civils indigènes ! Bienvenue en ‘Absurdie' !
Ce livre, on l'aura compris, ne peut laisser indifférent. de plus, cette visite du site du Pont de la rivière Kwai s'accompagne, en périphérie, de quelques beaux coups d'une plume aussi piquante qu'une épée, aussi délicate qu'un stylet de poète. L'exploitation touristique ‘Pussy-Honey' à Bangkok, les ‘coupeurs de têtes' qui sabrent à tout va, pour la beauté du geste, la collection de crânes de ‘juifs typiques' destinée à prouver la supériorité (osseuse ?) de la race aryenne ou l'évocation des véritables paroles de 'La marche du colonel Boley' (loin, loin des ‘Hello, le soleil brille, brille, brille' chantées plus tard par Annie Cordy … s'enchevêtrent, se tissent et se trament avec des images poétiques d'une enfance qui vit sur la carapace d'une tortue et qui la prend pour le monde, du chant des bulles de pluie ou de la silhouette d'une gare qui hésite entre le style western et le néo victorien, maisonnette étroite et basse, semblable à celles que les Anglais recouvrent chez eux de clématites ou de rosiers grimpants.
Le lecteur oscille entre horreur, dégoût pour l'espèce humaine et luxuriance de la nature ou plénitude de l'imaginaire.
Un seul regret, Vincent HEIN, use et abuse de longues énumérations qui n'apportent rien et cassent le rythme de la pensée. Quel en est l'intérêt ? Appuyer ses dires ou étaler ses nombreuses connaissances en histoire des civilisations asiatiques, littérature française, culture cinématographique ou espèces horticoles ? L'effet est, à mes yeux, contre-productif. Dommage.
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Merci à Babelio de m'avoir donné l'occasion de lire le livre de Vincent Heim , Kwai , oui Kwai la rivière du célèbre pont à la fois du livre de Pierre Boulle et du film de David Lean . A l'occasion en forme de "pélerinage" de l'auteur vers la Thailande et les lieux de cette construction pendant la seconde guerre , Vincent Heim nous délivre ses impressions , revient en souvenir vers son enfance ou son père et son grand père lui ont légué la passion de la lecture , du cinéma . D'abord surprenant par son manque d'action et de fil conducteur , ce récit à la fois du souvenir , de la douleur ressentie en ces lieux , de l'abscence , ce récit donc au travers de magnifiques descriptions des lieux et de la magie de l'Orient devient séduisant nous poussant vers le rêve et nos propres souvenirs .
Vincent Heim qui a étudié et travaillé en Chine doit savoir que l'opium qui est la drogue de ce monde avait la réputation de faire voyager à la fois du passé vers le futur , mélangeant et malaxant dans la tête toutes ces images ;
son récit apporte ce petit miracle , sans action avec pacifisme il nous ramène vers notre propre magie .
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Vincent Hein nous invite à travers ce récit de voyage, dans L Histoire mais aussi dans son histoire personnelle, son enfance, comme une autobiographie de ses souvenirs de famille, ce qui l'a finalement mené à faire ce voyage en Thaïlande, au fameux lieu où se trouve le pont de la Rivière Kwaï, ses musées, sa gare, ses habitants et ses touristes, plus intimement ses abords, le cimetière des prisonniers de guerre, cette jungle foisonnante et la chaleur.

Il nous conte le martyre qu'ont subit ces hommes, l'horreur, la cruauté des événements, la torture. Il nous livre ses réflexions sur le sujet, mais ses pensées vont dérivées pour nous parler de lui, de son père, de son initiation au cinéma, celui de "La dernière séance" ou Eddy Mitchell nous présentait tous ces films cultes qui ont marqués nos enfances, là où il a vu justement "Le pont de la rivière Kwaï" film de David Lean avec Alec Guiness.

Il nous parle du livre également, de Pierre Boulle, des écrivains voyageurs qu'il aime comme Joseph Conrad ou encore Robert Louis Stevenson.

C'est une lecture intime, écrite avec finesse et force à la fois, moderne et sensible, violente et corrosive selon les pensées qui traversent l'esprit de l'auteur.

Personnellement j'ai trouvé cette lecture intéressante et instructive, j'ai eu un peu de mal par moment avec les énumérations d'auteurs ou de films. Une lecture un peu courte tout de même avec ces 140 pages mais la reflexion et le côté historique sont bien emmenés au lecteur.

Voir la chronique sur mon blog :
Lien : https://unbouquinsinonrien.b..
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Vincent Hein, grand voyageur asiatique, fait escale en Thaïlande, pour retrouver les traces du pont de la Rivière Kwai. Il ne reste pas grand chose du fameux pont, et rien des camps de prisonniers en dehors d‘un musée et un cimetière. La nature sauvage a repris ses droits. Mais ce voyage, comme tout voyage, est bien loin d'être stérile. Vincent Hein hume les paysages, écoute les gens du pays, savoure sa présence en ces lieux. Remontent à la surface l'attachement de l'auteur à ce vieux film, et aux peplums et autres westerns de sa jeunesse, les moments partagés avec son père , et une vieille tante, devant l'écran de télévision, les premières promenades en forêt qui lui donnèrent le goût du voyage, les hommes référents de sa formation, qu'ils soient botanistes, cinéastes, écrivains-voyageurs, les hommes de sa famille qui soldats, blessés, prisonniers participèrent à ce grand bazar mondial des guerres, des hommes qu'on força à être des vainqueurs ou des vaincus. Il donne passage un bon coup de tatane à Pierre Boule, l'auteur du roman éponyme.

Il y a un réel charme à ce récit, tout à la fois cohérent et disparate, relevant du principe des associations d'idées (Vincent Hein ne s'est pas formé à la psychanalyse pour rien), des humeurs, des ressentis, mais qui n'échappe pas pour autant à la main mise de l'Histoire. C'est un vagabondage élégant, poétique, délicieux au sein duquel j'ai relevé les quatre plus belles pages que j'ai pu lire sur la pluie (qui, en fait, sont les pluies).
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