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Critique de Gast


Livre phare dans la bibliographie d'Hemingway, j'avais déjà vu des adaptations cinéma de ce roman, témoignage de la boucherie que fut la première guerre mondiale, en Italie. On retrouve ici les personnages en déphasage du quotidien mais pleinement ancrés dans leur époque d'Hemingway.

Le héros, Frederic Henry, lieutenant ambulancier, s'éprends d'une infirmière anglaise. Cette histoire d'amour, que j'ai trouvé parfois traitée de manière maladroite, est prétexte à un effet de décalage entre la guerre et la paix.

En effet, quoi de plus pacifique, de plus civil et ordinnaire que deux êtres qui s'aiment et apprennent à se connaitre ? Et quoi de plus anormal, artificiel et antilogique que cet univers masculin de stupre, d'alcool et de machisme forcé qui caractériste une armée en campagne ? face à ces deux situation, la guerrière parait plus normale, plus ordinaire que la classique histoire de coeur ; et le personnage d'Hemingway passe de l'un à l'autre comme si deux être cohabitaient en lui ; les évocation d'un univers paraissant toujours creuses dans l'autre. L'amour tel qu'évoqué par Henry avec ses compagnons d'arme parait bien fragile, et pourtant il est solide ; et la guerre, toujours passée sous silence quand il est avec son anglaise passe pour un mauvais rêve lointain, même quand Henry, convalescent, se remet de ses blessures de guerre.

Si à cela on ajoute l'absurdité et la roublardise des démarches pour l'obtention des médailles que gagnera Henry, et la description de l'intérieur du désastre de Caporetto rendant absurde les deux situations précédentes, et la guerre elle-même, ce livre est en effet plus intense et profond qu'il n'y paraît.

Histoire d'amour souvent confondante de naïveté, histoire de soldtesque souvent légère, ce roman est en fait une profonde dénonciationd e l'absurdité profonde de deux piliers de nos imaginaire.

D'un côté, l'amour pur sensé transcender les différences et déplacer des montagnes (pas étonnant que cela finisse en Suisse, pays des montagnes), amour symbolisé par la vocation à concevoir un enfant. Tout cela battu en brèche par une fin aux antipodes de cette conception judéo-chrétienne du rôle couple.

D'un autre côté, la bravoure héroïque des hommes faisant leur devoir face à la guerre, patriotes et faisant l'ultime sacrifice pour la nation. Tout cela démoli par l'illustration d'une nation ingrate, qui distribue les médailles comme des bonbons donnés à des enfants ; et qui au premier revers, enverra de jeunes écervelés exécuter les officiers sans autre forme de procès. L'absurde de la tragédie du XXe siècle dans toutes sa dimension létale.

Un livre qui ne pouvait que marque son lectorat, en effet.


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