Citations sur Black Wings, tome 1 : Black Wings (11)
—Pas un drame ? Pas un drame ? dit J.B.
—Je comprends l'anglais, tu sais. Ce n'est pas la peine de te répéter.
Franchement, les menaces démoniaques sont un peu barbantes au bout d'un moment. C'est toujours "Je vais t'arracher ton cœur palpitant de la poitrine" ou "Je vais te sucer les yeux hors du crâne". Ça fait un ou deux millénaires qu'ils n'ont rien sorti de nouveau.
Personne n'échappe à la mort. Pas même son laquais.
- Que t'a dit Azazel ?
- Il a dit que je ne devais pas te quitter sous aucun prétexte tant que Ramuell ne serait pas réenchaîné dans la vallée des Maux. S'il t'arrive malheur, j'en porterai la responsabilité.
- Et on te tranchera la tête, s'il y a lieu. Il a un vrai côté Reine Rouge, ce cher vieux papa, dis-je, pince-sans-rire.
- Ma dame, je te trouverais irrésistible dans n'importe quel costume.
- Prends garde, l'ami, ou certains pourraient trouver que tu commences à être familier avec tes supérieurs, dis-je, rougissante.
Je me dirigeai vers ma chambre pour aller mettre une tenue "plus présentable".
- J'aimerais être beaucoup plus familier que ça avec toi, murmura-t-il.
Je ne donnai aucun signe de l'avoir entendu, mais je ne pus m'empêcher de sourire jusqu'aux oreilles.
- Chaque fois que je dois collecter une âme, je sais que c'est elle, c'est tout, dis-je simplement.
- Tu ne reçois aucun signal ? demanda Gabriel.
- Si ce que tu entends par là c'est un gyrophare bleu et une sirène, ou encore une flèche clignotante qui annonce, "ÂME FRAÎCHE JUSTE ICI", non, répondis-je, amusée. Mais on peut dire qu'il y a une espèce de signal. C'est plutôt comme une intuition, comme si je sentais qu'elle est en ma présence, et puis mon être tout entier se verrouille en quelque sorte sur elle. Je n'y avais jamais vraiment réfléchi. Ça a toujours été instinctif.
Il tenta de se lever, mais ses jambes se dérobèrent sous lui. Alors que j'essayais de passer le bras sous son épaule pour l'aider à se mettre debout, il me repoussa d'un geste de la main. L'espace d'un instant, je fus froissée par sa réaction de rejet, jusqu'à ce qu'il roule sur le côté et vomisse sur ma pelouse. Là, je fus juste reconnaissante.
- Gabriel?
- Mmm?
- Quand tu dis que tu t'entretiens avec mon père, comment fais-tu ça? Est-ce que tu as une sorte de moyen de communication spécial?
Gabriel fronça les sourcils et me regarda.
- Que veux-tu dire?
- Eh bien, comment est-ce que tu le contactes? As-tu recours à un sort quelconque?
Il avait l'air très amusé lorsqu'il sortit quelque chose de sa poche et me le montra. Un minuscule téléphone portable argenté.
❝ Je sentais l'odeur de soufre de son haleine, et autre chose. Ça ressemblait à de la cannelle. Et cette odeur... je m'en souvenais...❞
— Puis-je vous demander ce qui vous est arrivé ?
Oh ! il y a juste un fichu démon géant qui a essayé de m’arracher le cœur pour le rapporter à son maître. Rien de grave, songeai-je. Je changeai un tant soit peu de position pour m’appuyer sur mes avant-bras, les jambes allongées derrière moi, et je levai la tête vers lui. J’avais vraiment envie de me mettre debout, parce qu’il me semblait que ce serait mieux pour ma dignité, mais Douleur et Fatigue s’étaient liguées contre Dignité, et cette dernière décida de battre en retraite par instinct de conservation.
— J’ai eu un petit accident, dis-je.
— Je vois ça, répondit Gabriel.