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Citations sur Hildegarde (30)

Dans le noir et le silence de la nuit, les chemins que nous parcourons se dessinent pour nous. Que celui qui possède les oreilles attentives de l’intelligence intérieure, que celui-là, dans l’ardent amour du miroir que je suis, aspire à mes paroles et les écrive dans le secret de son âme.
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Trithème part avec deux mille livres empaquetés, une somme, tout le savoir du monde, et c’est la fin de sa bibliothèque. Il ne la déballera plus jamais. Le temps coule, c’est bien connu, puis il se fige. Il se fragmente et le monde semble disparaître. Puis il fond, se change en flaque boueuse, sèche enfin et s’évapore.
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Voici Hélendrude.

On peut préférer l’appeler Elyndruda, ce qui sonne mieux, peut-être, à nos oreilles, et choisir en toute impunité de maquiller ses traits, de la décrire comme ceci ou comme cela, et reconstituer autour d’elle un monde bâti de matériaux imaginaires, ombres de pierres, ombres d’eaux et de carpes énormes, ombre de l’ombre des arbres centenaires. Hélendrude est une moniale. Elle vit en dehors du siècle, dans un temps cyclique rythmé par les cent cinquante psaumes de l’Ancien Testament et le passage des astres. Comme son monde de reflets, elle avance en cercles de plus en plus larges, tendant aux rivages ternes de la fin des temps, cette grève où, tous, nous patientons en stase, dans l’attente d’un verdict à nul autre pareil.

Hélendrude aime les chiens, les lévriers gris du couvent de planches claires, et la terre nue sous ses pieds nus. Au printemps, vêtues de blanc, elle et ses sœurs avancent vers les bois hirsutes poussés des marécages, et y coupent, du jour à la nuit, les brassées de joncs à épandre sur les pierres. Elle n’est pas très habile de ses mains, ni très pieuse, et son latin achoppe aux termes les plus communs. Ses vertus sont surtout des manquements : elle est discrète parce que peu vive, elle est obéissante et simple. Elle vit dans un monde clos, gros comme un poing fermé, sans vraie curiosité pour là d’où viennent les oiseaux du ciel, où file le cours du fleuve, et ce qui pousse sur l’autre rive. Hélendrude se nourrit de l’affection de ses sœurs et vieillit doucement. On peine à lui distinguer des ascendants. On la dépeint seule, au milieu du tableau, agenouillée au sol, paupières et lèvres closes, front bas, humilité.

(INCIPIT)
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Les chevaliers ne vivent que pour faire craquer les cranes et sectionner des membres.
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Ce que je sais, quant à moi, ce que je peux voir avec mes yeux mortels et concevoir dans mon esprit faillible, c’est que le jour arrive à son terme. Le soleil entame sa descente et ses rayons s’émoussent. Les ombres, en noircissant, se multiplient. Des poussières étincelantes dansent au-dessus de ma page et dessinent dans l’espace les rais obliques tirés de la fenêtre. Le soir vient, puis le crépuscule, puis la nuit. Sans rupture, inexorablement, les forces vitales se retirent.
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Adam. Ève. L’Éden. L’histoire commence à peine.

L’histoire commence par ces mots qu’ils échangent. Puis par les noms qu’ils donnent à chaque chose qu’ils voient. Les paroles naissent de leurs bouches, s’épanouissent dans l’air et, aussitôt, s’effacent. L’histoire commence par ce dialogue de l’homme et de la femme. Par la musique de leur voix. Adam et Ève voient le monde et le disent en même temps. Leur langue est celle de l’Éden, où chaque mot qu’ils inventent se plaque sur une seule chose, pour devenir comme elle. Leurs échanges sont harmonieux, car tout ce qu’ils pensent s’exprime parfaitement, et tout ce qu’ils entendent est immédiatement clair.
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De Trèves à Worms, de Cologne à Mayence, l’empire se mettait en marche. Ce fut un bruissement, d’abord, un froissement, comme une pluie de printemps qui crible les branches hautes et mouille les feuilles naissantes. Et puis le bruit enfla, l’eau s’infiltra sous les frondaisons et roula sur la terre. Il y eut une véritable averse humaine. Le monde crevait comme un nuage noir et s’épanchait en tempête. Nous ne savions pas qu’il existait autant de visages, autant de corps et de poings dressés vers le ciel, ni autant de gueules sans dent, criant un même mot, le nom toujours répété de leur unique destination : Jérusalem.
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Le geste d’écrire, peu à peu, est cantonné à l’intime, tandis que la diffusion des textes passe par la typographie.
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Voilà où aboutissent les efforts de Trithème, pour qui le monde n’est qu’une affaire de signes, pour qui les caractères écrits contiennent la totalité de ce qui est. Corollaire à cette conception : mélangez les lettres et vous brouillerez le monde. Détruisez la cohérence du langage, et l’univers cessera de faire sens. Le temps n’est plus à décrire le réel, à le comprendre, à en tirer des lois ou des listes, et à tout consigner. Cela a déjà été fait, et amplement, au cours des siècles écoulés. Ce qu’il faut, désormais, c’est compiler, combiner et assembler les savoirs. Les passer au filtre de la comparaison, les faire dialoguer. Tirer une vérité plus grande de leur accumulation. Tendre au secret.
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Tu as l’esprit de fronde, le souci de la vérité, et tout cela t’honore. Mais n’oublie pas que les mots intelligents doivent être gardés pour les gens intelligents. Livrer ta science aux ignares, aux incultes, aux bornés ou aux insuffisants, est une erreur et un danger. Sois savant parmi les savants mais bête en compagnie des porcs. Tu t’éviteras des ennuis et tu vivras plus longtemps.
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