Un homme a ses limites. Il peut endurer des peines jusqu’à un certain point au-delà duquel il craque. Cal avait encaissé durement la nouvelle de la disparation de la Terre, puis celle de son ami Giuse et enfin sa solitude sur cette planète inconnue. Cela fait beaucoup pour un homme que rien ne préparait aux coups durs.
Mais tous les patrons ne seront pas Maîtres, seulement les meilleurs. Et quand je dis les meilleurs, je ne pense pas seulement aux connaissances, mais aussi qu’ils soient bons, dévoués, qu’il soit agréable de travailler avec eux.
- Mais ils connaissent tant de choses !
- Parce que nous avons beaucoup voyagé, beaucoup vu, beaucoup appris. C’est de cette manière que l’on progresse, tu sais.
- En voyageant ?
- En voyageant, en observant et en revenant pour enseigner aux siens ce qu’on a appris, oui.
Il n’est jamais bon d’acculer les hommes dos au mur avec la mort comme seule issu. Ils deviennent des bêtes féroces !
Depuis longtemps, on voyait bien qu’il était titillé par le besoin de diriger. Seulement il y a un monde entre ce désir, quand tout est tranquille et quand le danger est là. Des héros de fauteuil, il en existe beaucoup, sur le terrain c’est plus rare.
Un chef ne peut pas tout connaître et il n’est pas bon qu’un seul homme détienne tous les pouvoirs. Il faut qu’ils soient partagés par plusieurs
[Cal à propos de Casseline] Son regard devient grave et elle est sur le point de répondre, mais finalement décide de se taire. Et intelligente en plus !
Divo tu me déçois. Est-ce que tu es assez naïf pour croire que tu ne parlerais pas sous la torture ? Tout le monde parle, mon vieux.
Je me donne un Maître, je ne veux pas qu’on me l’impose.
[plus loin dans le roman, on reformule la même idée :]
Un homme n’a pas d’autre maître que celui qu’il se donne !
La seule justification pratique de la religion, quelle qu’elle soit dans l’histoire de la Terre, est d’avoir imposé une morale à des hommes qui étaient encore proches de la brute. Le sens du bien et du mal. Pour les forcer à faire le bien, on agitait au-dessus de leur tête les foudres d’un dieu tout-puissant et comme le dieu en question ne se manifestait guère, on a réussi ce tour de force d’imposer une crainte abstraite de l’Au-delà.
Inventer une « vie après la mort », c’était déjà astucieux, mais en menacer les bons vivants, alors là c’était une véritable prouesse. Parce que après tout hein, personne n’est revenu de l’autre côté de la Frontière pour confirmer ! En tout cas, si j’admets le principe de la religion pour la Terre où elle a servi de cadre moral, je conteste l’usage qu’en ont fait bon nombre d’ambitieux, l’utilisant pour obtenir ou asseoir leur pouvoir, hommes d’Eglise ou hommes politiques d’ailleurs.