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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Cette monographie est donnée par Hérodote d'Halicarnasse en Carie ( Ionie – Asie Mineure ) . Sa famille est probablement d'origine barbare en partie au moins . Mais « le père de l'histoire « est un grec ionien culturellement parlant .

Les grecs font une très nette différence entre ce qui est grec et ce qui ne l'est pas . le vocable barbare , désigne ceux qui ne sont pas grec , cependant il n'est pas intrinsèquement péjoratif , car l'échelle de valeur des grecs tourne plus fondamentalement , autour de différencier ce qui est civilisé , de ce qui qui ne l'est pas , et de séparer des comportements admissibles et respectables selon leurs propres critères , des autres qui ne le sont pas ou bien qui le sont moins .

L'attitude envers l'étranger en Hellas , est globalement ouverte et curieuse . le barbare peut d'ailleurs résider dans la cité grecque avec un statut légal , et fondamentalement , l'honnête homme grec est curieux de l'étranger et les pays lointains qui le font rêver , ou qui l'intéressent très pragmatiquement , et puis , n'est-ce pas loin en Asie que résident certains dieux ?

Très tôt Hérodote , dans son travail , annonce son désir de placer les grecs et les barbares sur un pied d'égalité dans sa recherche . Son but est de parcourir du pays et de décrire a ses contemporains des paysages , des coutumes , des anecdotes , des cultes . Il aura le souci d'expliquer très fréquemment pourquoi les choses sont ainsi , mais le facteur de mise en lumière du passé est loin d'être le plus fréquemment de l'histoire stricto sensu , du moins au sens où nous autres , l'entendons actuellement .

Nous avons donc ici un texte qui tient grandement du récit de voyage et de la géographie incontestablement teinté d'histoire .

Dans le premier tome l'auteur nous fait découvrir les empereurs perses qui ont fondé l'empire perse et leurs règnes ( ce qu'il en sait ) :
La conquête de l'Asie par les perses , de l'Egypte aussi avec la tentative des perses de mordre sur la steppe actuellement russe , la Scythie . Vous découvrirez Babylone comme si vous y étiez . C'est splendidement émouvant d'ailleurs . Les côtes d'Afrique du nord sont évoquées de même que le périple de Néchao qui fit le tour de l'Afrique , de la mer rouge jusqu'à Gibraltar ...

Toute ces conquêtes sont le prétexte pour de riches ballades hautes en couleur ( l'Egypte comme avec « nouvelles frontières « , la Scythie « comme avec Jet tour « ( sourires ) ... ) , plus on va vers le nord et le grand sud , plus on bascule dans un univers de légendes et de merveilleux , un merveilleux qui reste assez raisonnable chez l'auteur.

Hérodote est mal vu par beaucoup de ses successeurs (par exemple par Plutarque ou par Aristote ) , dans le sens où on lui déni la qualité d'historien .
Ce débat est intéressant car Hérodote est bien pour les hellénistes le père de l'histoire . Ce déni antique est curieux car , à la lecture de sa prose vous constaterez son cheminent personnel , par rapport à ce qui est factuel , et vous constaterez qu'il se pose au moins autant de questions sur ses sources que Thucydide par exemple .
Hérodote est un « sceptique « ( au sens hellénique ) du point de vue de la croyance religieuse , cependant pour lui le numineux est un registre factuel tangible comme un autre , et il l'appréhende rationnellement sans remettre en cause son existence , car fondamentalement le principe divin ( Théos) est pour lui un tangible de façon évidente .

C'est ainsi que à mon humble avis quand Denys d'Halicarnasse le qualifie de « zélote d'Homère « , ce n'est pas pour souligner son penchant pour lettres classiques . Mais pour insister sur le fait que pour Hérodote , le sacré et le profane s'interpénètre naturellement . Ne perdons pas de vue que l'Iliade est fondamentalement une histoire sainte qui n'est devenue que très progressivement un texte principalement littéraire dans l'antiquité tardive .

Le regard que porte un auteur sur ce texte d'Hérodote ( Istoria ) est selon moi un marqueur intéressant pour ce qui est de définir le type de religiosité qui est opératoire chez ( ou autour de ) cet auteur .
Le père de l'histoire considère comme possible une hiérophanie sur le fond , mais il s'interroge pourtant souvent pour savoir s'il est possible que les sources mentent , ou non , et ce que cela peut signifier autour de cette hiérophanie , et c'est bien ici qu'il est le père de l'histoire .
Il est d'ailleurs amusant de constater que l'histoire et la géographie ont non seulement le même berceau , mais que de plus elles sont apparentées .

Dans Istoria , Hérodote vous fait voir du pays . C'est une superbe ballade . Par contre dans le tome deux , livre V à IX . il traite principalement des deux guerres médiques . Et sortez votre longue-vue car vous assisterez à la bataille de Marathon en direct , première guerre médique et à celle de Salamine ou encore celles des Thermopiles ou de platée pour les deuxièmes .
Au début il aura eu le bons sens de présenter Sparte et Athènes au lecteur et d'exposer aussi les démêlés des grecs et des perses avant les guerres médiques .

Pour conclure songez que notre Tacite qui nous parles beaucoup plus récemment , et depuis Rome , des Germains et des Bretons , nous décris une Europe orientale assez fantasque lui aussi ...
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Sa lecture est parfois exigeante en termes d'attention, mais outre la précision du récit historique et la minutie, je l'ai vécue comme un message d'outre-tombe, qui nous parvient des siècles plus tard sur des hommes, des lieux, à présent disparus et dont la réalité semble tellement palpable. Une vraie émotion lors de la lecture des oracles (oui la lumière est enfin levée sur ces prédictions), sur ceux communiqués par le bruissement des feuilles de chênes, les rites, les liens entre les dieux égyptiens et grecs…
Il m'a conforté dans l'idée que les mots nous survivent et racontent notre humanité, avec toutes ses parts d'ombres, comme les récits sur les souffrances et horreurs infligées aux femmes, vendues, enlevées, humiliées, violées, qui sont un bon rappel pour éviter l'oubli par la réduction à une complainte sur son asservissement de façon vague. Les mots d'Hérodote sont là pour dire précisément ce qui a été perpétré.

Les mots de la fin est un très bon résumé sans dévoiler l'intrigue  « les vengeances impitoyables des hommes leur attirent la haine et le courroux des dieux ».

Mais il ne nous transmet pas seulement la folie des hommes mais aussi la sagesse antique, en citant Solon « à bien des hommes le ciel a montré le bonheur pour ensuite les anéantir tout entier ».
Et l'on repousse les frontières du monde grec bien sûr avec la Perse, l'Inde, les terribles Scythes - déjà rencontrés lors de notre périple en Pologne  car pour certains ils en sont les descendants.
Nous prenons enfin des leçons de stratégie militaire dignes de Sun Zi, comme la politique de la terre brûlée des Scythes qui n'ont rien à perdre, étant un peuple nomade…

Et enfin les expressions de ces peuples que nous découvrons, à l'époque on parlait par métaphores et énigmes…encore les Scythes qui refusent de se soumettre prononcent un comminatoire « je t'invite moi à pleurer » sous-entendant que les perses vont se repentir de leur comportement, ou encore leur message par énigmes à Darius qui envoient comme présents un oiseau, un rat, une grenouille et 5 flèches (interprétation à découvrir dans l'ouvrage 

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