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Critique de cleophas35


1940 : alors que la France entre dans l'ombre de l'occupation, certains souhaitent poursuivre leur vie fastueuse d'avant comme si de rien n'était. C'est presque un impératif, pour tenir son rang et perpétuer un ordre immuable. Il fallait pour y réussir avoir la volonté de fermer les yeux et être prêt à bien des compromissions. Ce fut le cas du couple brillant de May et Pierre de Cossé-Brissac qui accueillirent chez eux le tout Paris de la collaboration. Félicité Herzog nous raconte une page de l'histoire de leur fille ainée , qui est également la mère de l'auteure.
Prenant ses distances avec le milieu familial, Marie-Pierre allait rencontrer Simon Nora, ancien du maquis du Vercors et fils d'un médecin juif réputé, qui allait devenir l'un de ces grands commis de l'état comme la guerre en a fabriqué pour toute la seconde moitié du XXème siècle.

Félicité Herzog nous conte avec talent le contraste puis la rencontre entre ces deux mondes aisés (grande aristocratie et bourgeoisie parisienne) et ces deux manières de vivre la guerre. La plume est alerte, souvent belle. C'est la partie consacrée à la famille de Cossé-Brissac qui demeure la plus fascinante et la plus originale. On peine à imaginer l'aveuglement -pour ne pas dire plus- de ces gens là. C'est aussi l'apprentissage de la liberté fait par une jeune fille de l'époque de Simone de Beauvoir, liberté qui paradoxalement était sans doute plus facile à conquérir dans cette famille que dans bien d'autres.

Le livre est clairement présenté comme un roman, ce qui donne toute liberté à l'auteur. Il présente cependant des êtres bien réels, connus, dont certains comme Marie-Pierre sont encore vivants. Difficile pour le lecteur de ne le pas le lire comme un témoignage, dans lequel Félicité Herzog raconte sa famille d'un certain point de vue, le sien, d'autant qu'elle appartient elle-même à ce même milieu de la grande bourgeoisie parisienne qui s'est désormais largement mêlée à la haute aristocratie (elle en est la preuve vivante). J'ai donc ressenti un certain malaise : qu'est ce qui est de l'ordre de l'histoire? Et qu'est ce qui est de l'ordre du roman, de ce qu'on enjolive, voir des comptes que l'on règle? Mais c'est aussi sa parfaite connaissance de ce monde qui lui permet d'en dresser un portrait si subtil.

Le "roman" s'achève avec le mariage de Marie-Pierre et Simon. On ne sait donc pas ce qui n'a pas marché dans ce mariage (divorce 7 ans plus tard), ce qui a réconcilié Marie-Pierre avec sa famille... Un peu comme s'il fallait cacher qu'au final, c'était l'ordre immuable d'une aristocratie plus résiliente qu'il n'y parait qui l'avait tout de même emporté. Ou pas.

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