AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de babel95


Il a une trentaine d'années et se nomme Kaga Kyōichirō. Il est rattaché au commissariat de Nihonbashi, à Tokyo. Avec des policiers de la préfecture de police, il est chargé d'enquêter sur l'assassinat d'une jeune femme de quarante-cinq ans, retrouvée étranglée dans son appartement à Kodenmachō. D'après les premières constatations, la victime ne s'est pas méfiée et a laissé entrer son agresseur.

Kaga est un policier méthodique : comme il l'avoue lui-même, lorsqu'il ne connaît pas du tout le coin, il commence par observer. Ce jour-là, il se rend dans le quartier de Ningyōchō et entre dans un magasin de biscuits. Il s'agit de vérifications, affirme-t-il au propriétaire du magasin, à sa vieille mère, et à sa fille, Nao. Des vérifications de l'emploi du temps précis d'un agent d'assurances qui leur a rendu visite le jour du meurtre, et qui s'était aussi rendu au domicile de la jeune femme assassinée. Kaga ne semble pas satisfait des réponses de la famille, puisqu'il revient le lendemain, invite Nao à prendre un jus de fruit pour discuter un peu avec elle, et enfin, le surlendemain, a un entretien décisif avec le père de Nao. Quelques questions suffisent : il sait exactement ce qu'a fait l'agent d'assurances, et pourquoi il ne pouvait pas avouer précisément l'heure à laquelle il avait rendu visite à la famille. L'agent d'assurances une fois disculpé, Kaga peut poursuivre son enquête.

Après le magasin de biscuits, Kaga va se rendre au restaurant traditionnel, dans une boutique de vaisselle, chez un horloger, dans une pâtisserie, une société de nettoyage et finalement, chez un marchand de jouets qui vend des objets artisanaux. Il prend son temps pour interroger les personnes ayant été en contact avec la personne assassinée, en particulier son mari, dont elle venait de divorcer, et son fils qui ne l'avait pas vue depuis deux ans. Il revient à la charge, encore et encore. Il cherche à élucider de petits détails insignifiants qui pourraient bien être liés au meurtre : pourquoi la victime venait d'acheter une deuxième paire de ciseaux de cuisine, et qui avait bien pu lui offrir une gaufre fourrée au wasabi.. Obstiné, Kaga mène des interrogatoires décalés autour d'une tasse de café ou d'une bière, dans des endroits insolites. Il offre des pâtisseries à des témoins, et va même jusqu'à interroger – à sa manière – un chien, en l'accompagnant lors de sa balade quotidienne. Il achète de nombreuses toupies, jouets traditionnels qui pourraient bien avoir un lien avec l'arme du crime….

Pour Kaga, s'il est important, dans une enquête, de désigner le coupable, il faut impérativement prendre soin des victimes collatérales. Elles sont touchées par le meurtre, il tout faire pour les disculper, et leur permettre de reprendre le cours de leur vie à jamais changé.

L'obstination de l'enquêteur hors norme et son sens de l'observation finiront par payer et le conduire au coupable. Mais l'enquête ne s'arrête pas tout à fait là. Kaga s'éclipse momentanément et il a ses raisons pour laisser le soin à Uesugi, son collègue de la préfecture de police, homme plus âgé, meurtri, de mener à bien les derniers interrogatoires.... Il s'agit d'un autre aspect de la méthode de Kaga, en quelque sorte.

"Je peux te poser encore une question ? Qui es-tu vraiment, toi ?" demande Uesugi à Kaga au terme de l'enquête, alors qu'ils partagent un dernier verre. "Personne de particulier. Un nouveau dans le quartier…."

J'ai beaucoup aimé retrouver Keigo Higashino, dont j'avais lu Un café maison il y a quelques années. le roman le Nouveau est très différent, mais tout aussi complexe. Cette nouvelle enquête fait la part belle au sens de l'humain, et l'humour n'est jamais très loin. A noter : la superbe couverture, du photographe Yoshito Hasaka, qui nous plonge immédiatement dans le Tokyo de la nuit.
Commenter  J’apprécie          280



Ont apprécié cette critique (27)voir plus




{* *}