Les fantômes du vieux pays

La colère est une émotion si commode, le refuge parfait pour qui ne veut pas faire d'efforts.

Sur le chemin du retour cette nuit-là, il n'en revenait pas que tout semble exactement identique, sans qu'on puisse déceler en rien à quel point le monde avait changé en profondeur, radicalement.

Le célèbre candidat à la présidentielle a répondu : " Je crois qu'un jour elle se présentera à l'élection présidentielle. "
Elle a donc changé de master. Fini la communication et le marketing. Elle s'est aussitôt inscrite à deux masters qui l'aideront bien davantage dans sa future course à la présidentielle : sciences politiques et théâtre.

Il n’y a rien que le capitalisme ne puisse engloutir. Le non-sens est sa langue d’origine.

Il sait qu'il ne peut pas revenir en arrière et revivre sa vie, qu'il ne peut pas corriger les erreurs du passé. Sa relation avec Béthany n'est pas une Histoire dont vous êtes le héros. A la place, il va se tenir à une règle: être lucide, les yeux grands ouverts à la lumière, s'efforcer de comprendre. il parviendra à empêcher le présent d'être englouti par le passé.

il ( son père) lui avait dit que la morale de l'histoire était : ne te fie pas aux choses qui sont trop belles pour être vraies. Mais elle grandit et tira une autre conclusion de cette histoire(...) : les choses que tu aimes le plus sont celles qui un jour te feront le plus de mal.

....en ne voyant les gens que comme des ennemis, des obstacles ou des pièges, on ne baisse jamais les armes ni devant les autres ni devant soi. Alors qu'en choisissant de voir les autres comme des énigmes, de se voir soi comme une énigme, on s'expose à un émerveillement constant : en creusant, en regardant au-delà des apparences, on trouve toujours quelque chose de familier.
Cela demande plus d'efforts, bien entendu, que de croire que les autres sont des ennemis. La compréhension est toujours plus ardue que la haine pure et simple. Mais elle élargit les horizons. Et rétrécit la solitude.

Devenir écrivain, pour toi, c'est comme d'être celui qui, à Halloween, a le déguisement le plus inventif et le plus intéressant. Quand tu décides de devenir écrivain — tu viens d'avoir vingt ans et d'accomplir ce premier acte majeur en t'inscrivant à un cours d' « Écriture créative » à la fac —, tu adoptes d'emblée tout un style de vie : tu vas à des lectures conceptuelles, tu traînes dans les cafés, tu t'habilles en noir, tu te constitues une garde-robe sombre et mélancolique que l'on pourrait qualifier de post-apocalyptique/post-holocauste, tu bois de l'alcool, souvent tard dans la nuit, tu achètes des carnets reliés de cuir, des stylos métalliques, lourds, jamais de Bic, jamais de quatre couleurs, et des cigarettes, d'abord des normales, celles que tout le monde achète à la station-service du coin, puis une marque européenne raffinée qui se présente sous forme de longues boîtes fines et ne se trouve que dans des boutiques pour fumeurs.

Samuel devait prendre sur lui pour se retenir de la toucher, de lui ébouriffer les cheveux, de lui pincer le bras, le lobe de l'oreille, ou n'importe lequel de ces gestes que les garçons font pour terroriser les filles dont ils sont amoureux, ces manoeuvres qui n'ont en fait pour but que d'entrer en contact de la seule manière qu'ils connaissent : brutale, comme des barbares.

Son téléphone gazouilla. Une info sur iFeel, la nouvelle application à la mode sur les réseaux sociaux en vogue à l'université. Toutes les amies de Laura étaient dessus, passaient tout leur temps dessus, et l'abandonneraient dès qu'elle serait découverte par les plus lents, c'est-à-dire les vieux.