- Moi, je suis flic, répliqua Fossoyeur. Si les Blancs s'obstinent à venir à Harlem où, par leur faute, les Noirs sont obligés de vivre dans la crasse et la dépravation, il est de mon devoir de veiller à leur sécurité.
Le Blanc rougit jusqu'à la racine des cheveux.
Ils aiment pas beaucoup qu’on tire sur les gens, même sans les blesser, et même, comme moi, avec des cartouches à blanc !
Si les coups durs, c’était du fric, y a longtemps qu’ils seraient tous millionnaires, à Harlem.
À Harlem les gens de couleur voient tous les jours, deux ou trois fois par jour, un nègre coursé par un autre nègre armé d’un couteau, d’une hache ou d’une matraque, ou alors par un flic blanc armé d’un revolver, ou encore par un Blanc armé de ses poings. Mais de voir un Blanc poursuivi par un des leurs, ça arrive tous les trente-six du mois. Et quand, pardessus le marché, il s’agit d’un gros bonnet, ça devient un événement ! Vous vous rendez compte d’une aubaine : pour une fois, c’est le sang d’un Blanc qui coule et c’est un Noir qui l’a fait couler ! Un événement comme ça, ça compte autant que l’émancipation des esclaves. Comme on dit à Harlem, c’était vraiment grand ! Et c’est contre ça que nous luttons, Ed et moi, quand on cherche à faire de Harlem un endroit peinard pour les Blancs.
C'est des flics blancs ,répliqua le Cheikh avec mépris.Pour eux, les bougnoules,c'est tous des siphonnés.Toi et Sonny, vous n'avez qu'à faire semblant d'être un peu branques . Ils goberont ça comme une glace au chocolat.Tout ce que tu risques c'est un coup de pied au cul.
Tant mieux. Eh bien, Sissis ! dit fossoyeur en se levant, n'oublie pas que comme on fait son lit, on se couche.
Si les coups durs, c'était du fric, il y a longtemps que je s'rais riche
- Pourquoi n'aimait-il pas les flics ? Est-ce qu'il avait une raison particulière de leur en vouloir ?
- Une raison particulière ? Pour pas aimer les flics ? Non, m'sieur... Je vois pas... Les flics, c'est les flics, voilà tout.
Mais les noms, ça veut rien dire, pour ces abrutis ! ... Ils en changent comme de chemise !
La propreté, ç’a jamais tué personne. Ma maîtresse, elle me disait toujours : « Propreté et natalité, ça va de pair.