On ne parle plus de modifier ou de faire évoluer. On veut dénoncer, abolir, interdire. On ne cherche plus à réduire et optimiser l'usage des « produits phytosanitaires de synthèse », on exige l'interdiction immédiate de tout produit chimique. On ne veut plus améliorer le bien-être du bétail, on veut faire cesser toute forme d'exploitation animale.
Il y a plusieurs sortes de paysans. Il y a "le résigné", un besogneux qui s'acharne dans ses choix, dans le déni de la situation actuelle. Il y a "le nostalgique", un désillusionné qui espère en secret la chute du système et le retour de l'ordre ancien lors de la prochaine grande crise mondiale. Enfin, il y a "l'entrepreneur", celui qui a compris les règles du système en vigueur et travaille à y trouver sa place, à répondre aux attentes de la population, en inventant une nouvelle manière de faire.
Il est fatigué d'entendre les parlementaires de Berne rabâcher le même argument depuis trente ans : la Suisse compte 800000 pauvres, il est impensable d'augmenter les prix dans les supermarchés. "Mais c'est absurde ! Ce n'est pas aux paysans d'assumer le scandale des travailleurs sous-payés, c'est aux grandes surfaces de réduire leurs marges!"