AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Cath36


"Tu es intelligente, mais tu ne sais pas tout, lui dit-il. Une oie sauvage s'envole vers le sud en automne, mais ce n'est pas sa conscience qui la dirige. Elle sait simplement que toutes les oies vont dans cette direction."
Entre western et enquête policière, ce livre, qui situe l'action dans le comté de l'Okanogan est tout à fait original. Pour le savourer pleinement, il nous faut abandonner nos reflexes de blancs colonisateurs, nos certitudes, nos dogmatismes pour entrer dans la pensée de l'auteur, qui est celle d'un amérindien. Fils et petit-fils d'amérindien en effet, Bruce Holbert décrit ici un rapport au monde qui n'est pas le nôtre et qui peut surprendre, mais dont la richesse est profonde. Plus que l'intrigue (à la conclusion un peu décevante mais dans la logique du récit) c'est cette vision à la fois poétique et pragmatique, cohérente,toujours déroutante et souvent fascinante exprimée à travers une belle écriture qui m'a séduite. On a le sentiment d'entrer dans un univers dont le fond commun aux blancs et aux indiens est la quête d'une certaine morale mais dont la différence est dans la façon de la vivre. Holbert exprime très bien le refus par les indiens de la folie dogmatique propre à notre civilisation, quand eux-mêmes vivent par rapport à la réalité de la nature et aux conséquences des actes humains. le policier, Russel Straw, traquant un indien du nom de Jacob Chin, qu'il croit être l'auteur de meurtres en série qui perturbent la petite vie tranquille du comté, est infiniment plus proche de lui par son expérience, sa philosophie et sa morale que des autres blancs. Mais c'est dans les conclusions qu'il en tire qu'il se différencie des indiens, tout en jouant les out-siders par rapport à ses compatriotes.
Il ya dans ce livre une sorte de cruauté douce, à la façon indienne, qui est celle de la vie elle-même et qui s'oppose absolument à la violence sadique des blancs. J'ai beaucoup aimé ce livre, qui m'a souvent déconcertée mais aussi appris une autre façon de vivre, de penser, et même si le sherif est un homme brutal et imprévisible, déjanté il faut bien le dire,ses rapports avec le monde indien sont remplis de compréhension et de respect mutuels. Une belle découverte, une vision beaucoup moins simpliste de l'ouest que celle dont on a l'habitude.
Commenter  J’apprécie          110



Ont apprécié cette critique (11)voir plus




{* *}