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Citations sur L'Odyssée (173)

Nous atteignîmes l'île d'Éolie ; là demeurait
Éole aimé des Immortels, fils d'Hippotas.
L'île flottait ; alentour s'élevaient un mur
de bronze infranchissable et des à-pics de pierre nue.
Éole a douze enfants qui sont tous nés dans le palais,
six filles d'une part, six fils de l'autre, à l'âge d'homme.
À ses fils, il donna ses filles pour épouses.
Eux, auprès de leur père et de leur souveraine mère,
toujours festoient ; on voit des plats par milliers devant eux,
la maison retentit de cris dans la fumée des graisses,
jour après jour ; la nuit, auprès de leurs dignes épouses,
ils dorment dans leurs draps et sur leurs lits de camp.
Nous atteignîmes donc leur ville et leurs belles demeures.
(...)
[Début du Chant X, trad. Philippe Jaccottet]
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(...) je lui rétorquai par ce rusé discours :
" Mon bateau, l'Ébranleur des terres l'a brisé
en le jetant sur des écueils, aux confins de votre île,
le poussant sur le cap : le vent, du large l'entraîna.
Mais moi, avec ceux-ci, j'ai fui l'abrupte mort."
Je dis. Ce cœur cruel ne me répondit rien
mais, sautant sur mes gens en étendant les bras,
il en prit deux d'un coup, et comme des chiots, sur le sol
les assomma. La cervelle en giclant mouilla le sol.
Découpés membre à membre, il en fit son souper.
Comme un lion né des montagnes, il les mangea sans rien
laisser, entrailles, chair et os remplis de moelle.
Nous, en pleurant, nous élevions les mains vers Zeus,
voyant l'œuvre cruelle et notre courage impuissant.
Puis, lorsque le Cyclope eut bien rempli sa vaste panse,
mangé la chair humaine et bu du lait pur par-dessus,
il s'étendit dans l'antre en travers de ses bêtes.
[Chant IX]
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Je suis Ulysse, fils de Laërte, dont les ruses
sont fameuses partout, et dont la gloire touche au ciel.
J'habite dans la claire Ithaque ; une montagne
la domine, le Nérite aux bois tremblants ; des îles
en nombre tout autour se pressent, qui ont nom
Doulichion, Samé, Zante la forestière ;
Ithaque est basse, et la dernière dans la mer
vers les ombres ; les autres au-delà, vers l'orient ;
c'est une île rocheuse, une nourrice de guerriers,
et moi, je ne connais rien de plus beau que cette terre.
[Chant IX, trad. Philippe Jaccottet]
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" (...)
Dis-moi pourquoi dans le secret tu soupires et tu pleures
en entendant le sort des Danaëns [Grecs] et des Troyens.
Ce sont les dieux qui l'ont choisi : ils ont filé la ruine
de ces hommes pour qu'on les chante encore à l'avenir.
Aurais-tu quelque allié qui soit mort devant Troie, gendre ou beau-père, un guerrier noble ? Ce sont eux
qui nous sont les plus chers après le sang de notre race.
Ou était-ce peut-être un ami qui te chérissait,
noble guerrier ? Car il nous est aussi précieux qu'un frère,
le compagnon plein de sagesse et de raison..."
[fin Chant VIII]
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Voilà [le récit à posteriori du Cheval de Troie, ce traquenard à Troyens !] ce que chantait l'illustre aède ; Ulysse
faiblit, des pleurs coulaient de ses paupières sur ses joues.
Comme une femme pleure son époux en l'étreignant,
qui est tombé devant sa cité et son peuple
en défendant sa ville et ses enfants du jour fatal,
et, le voyant mourant et convulsé,
jetée sur lui, pousse des cris aigus ; mais par derrière,
des lanciers lui frappent le dos et les épaules,
on l'emmène en captivité subir peine et douleur
et ses joues sont flétries par la plus pitoyable angoisse ;
de même, Ulysse avait aux cils de pitoyables larmes.
[Chant VIII v.521 et suivants ; trad. Philippe Jaccottet]
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En sortant de la cour, près des portes, se trouve un grand
jardin de quatre arpents tout entouré de murs.
Là de grands arbres ont poussé avec richesse,
des poiriers, des pommiers aux fruits brillants, des grenadiers,
des figuiers doux, des oliviers en pleine force.
Ni l'été ni l'hiver les fruits ne font défaut,
toute l'année les arbres donnent, et sans relâche
un doux Zéphir fait bourgeonner les uns, mûrir les autres.
La poire vieillit sur la poire, la pomme sur la pomme,
la grappe sur la grappe, et les figues l'une sur l'autre.
Là fut aussi plantée une vigne opulente
dont une part, sur une terrasse exposée,
sèche au soleil ; en ce lieu déjà, on vendange,
en cet autre on foule les grappes ; devant, des ceps
perdent leurs fleurs, d'autres commencent à rougir.
Après le dernier rang de ceps, de belles plates-bandes
donnent toutes les plantes et verdoient en toute saison.
En ce jardin deux sources coulent ; l'une arrose
le clos entier, et l'autre, sous le seuil, s'en va
vers la haute demeure, où puisent les gens de la ville.

Ulysse l'endurant contemplait, immobile.
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(...)
Elle dit, puis pria ses suivantes bouclées :
"Suivantes, demeurez ! Où vous fait fuir la vue d'un homme !
Dois-je penser qu'en lui vous ayez vu un ennemi ?
Il n'y a pas, il n'y aura jamais au monde
un homme qui aborde à ce pays des Phéaciens
pour y porter la ruine : car ils sont trop chers aux dieux.
Nous vivons à l'écart au sein de la mer démontée,
au bout du monde, et sans fréquenter d'autres hommes.
Mais celui-ci n'est qu'un naufragé malheureux :
il nous faut l'accueillir ; car les mendiants, les étrangers
viennent de Zeus, et le moindre don leur fait joie.
Mais allons ! donnez-lui un châle propre, une tunique,
lavez-le dans le fleuve en un lieu abrité du vent !"
À ces mots, s'arrêtant, elles se renvoyèrent l'ordre
et menèrent Ulysse à l'abri, comme l'ordonnait
Nausicaa, fille du généreux Alcinoos.
(...)
[Chant VI, trad. Philippe Jaccottet]
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[extrait chant II, trad. génialement fluide de Philippe Jaccottet]

Athéna dont l'oeil étincelle eut alors une idée :
sous les traits du jeune homme, elle courut la ville,
s'arrêtant auprès de chacun et leur disant
de se retrouver tous le soir au prompt navire ;
puis, ayant demandé à Noémon, fils de Phronios,
un bateau, celui-ci le promit volontiers.
Le soleil se coucha, et l'ombre envahissait les rues ;
elle tira le navire à la mer, y déposa
tous les agrés qu'emportent les bateaux pontés.
A la bouche du port elle amara ; les nobles compagnons
s'y retrouvèrent tous ; la déesse les exhorta.

Athéna dont l'oeil étincelle eut alors une idée :
elle se dirigea vers le palais d'Ulysse ;
là-bas, elle inspira aux prétendants un doux sommeil,
égarant les buveurs dont les mains lâchèrent les coupes ;
ils gagnèrent la ville pour dormir, ne pouvant plus
rester assis, car le sommeil pesait sur leurs paupières.
Puis Athéna aux yeux brillants, faisant sortir
Télémaque des salles confortables, dit,
qui avait emprunté l'allure et la voix de Mentor :
" Télémaque, déjà tes compagnons guêtrés
sont à leur rame, et ils n'attendent plus que ton signal :
allons ! et ne retardons pas le départ davantage !"
Ayant ainsi parlé, Pallas Athéna l'emmena
rapidement ; et il marchait sur ses traces divines.
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INVOCATION
(CHANT I.) C'est l'homme aux mille tours, Muse, qu'il me faut dire, Celui qui tant erra quand, de Troade, il eut pillé la ville sainte, Celui qui visita les cités de tant d'hommes et connut leur esprit, Celui qui, sur les mers, passa par tant d'angoisses, en luttant pour survivre et ramener ses gens. Hélas ! même à ce prix, tout son désir ne put sauver son équipage : ils ne durent la mort qu'à leur propre sottise, ces fous qui, du Soleil, avaient mangé les boeufs ; c'est lui, le Fils d'En Haut, qui raya de leur vie la journée du retour.
Viens, ô fille de Zeus, nous dire, à nous aussi, quelqu'un de ces exploits.
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Et puis l'heure est venue. Le maître a ordonné tout bas de fermer toutes les portes. Le soir tombe et l'orage se met à gronder. Les cent huit condamnés à mort serrés l'un contre l'autre à la table du festin, ils se sont mis à rire ! Et c'est à ce moment que le premier éclair, d'un seul coup, les a photographiés. Ils rient et la viande se met à saigner toute vivante entre leurs dents, un incoercible éclat de rire comme un sanglot les heurte l'un contre l'autre. Soudain, avec un cri aigu, Athéna, sous la forme d'un oiseau noir, à tire-d'aile traverse la haute salle, et elle ne s'est pas plus tôt là-bas perchée sur son chevron que, simultané cette fois avec le tonnerre, le second éclair, pareil à l'épouvantable déploiement de l'égide, a rempli cette antichambre de la mort. Le voici qui se dresse maintenant, hors de ses haillons, les armes à la main, il se dresse de toute sa hauteur, le hideux inconnu, ah ! il n'y a plus moyen d'échapper ! "C'est moi ! Je suis Ulysse !"
[Extrait de la préface de Paul Claudel]
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