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Louis Bardollet (Traducteur)
EAN : 9782221075999
777 pages
Robert Laffont (07/03/1995)
  Existe en édition audio
4.27/5   648 notes
Résumé :
L'Iliade et l'Odyssée, que dans l'Antiquité les Grecs de l'époque classique attribuaient à un même poète, Homère, sont les plus anciens monuments de la littérature grecque qui nous soit parvenus. Mais si haute que soit la date de leur composition, elles nous font remonter par leur sujet à une période plus lointaine encore de l'histoire grecque, aux temps légendaires de la Guerre de troie, à l'âge des héros.

Iliade :
L'Iliade ne raconte qu'une ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (46) Voir plus Ajouter une critique
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L'Illiade et l'Odyssée d'Homère (voir cette belle exposition sur Homère proposée par la BNF : http://expositions.bnf.fr/homere/index.htm) sont des textes de référence de la Grèce Antique. Ces deux épopées, découpées sous forme de chants, reprennent la Guerre de Troie (Illion) et l'Odyssée d'Ulysse. Depuis longtemps, nombreuses sont les traductions qui ont été proposées. A chaque époque, répond une interprétation adaptée. le présent compte-rendu de lecture porte sur la traduction de Louis Bardollet. C'est en lisant Ulysse from Bagdad d'Eric-Emmanuel Schmitt que j'ai eu envie de découvrir cette oeuvre dont je ne connaissais les événements que par d'autres ouvrages. J'ai choisi cette édition de 1995 car il me paraissait intéressant de me pencher sur une traduction récente. Ce texte majeur de la mythologie grecque est à mon sens incontournable car il permet une bonne appréhension de la civilisation antique grecque. Au delà du récit, ce texte constitue un héritage culturel inestimable. On le savait déjà mais l'ouvrage nous le confirme : le sacré occupait déjà une place primordiale dans l'esprit des hommes de l'époque. Les Dieux de l'Olympe étaient créés à l'image de l'homme et dotés de pouvoirs surnaturels qu'ils utilisaient à des fins purement personnelles. L'Illiade et l'Odyssée raconte leurs conflits d'intérêts où les hommes ne sont que les pions d'un immense jeu d'échecs. Personnellement, il m'a beaucoup plu d'envisager sous cet angle le système de pensée de l'époque avant l'avènement de l'ére judéo-chrétienne...

Je ne reviendrai pas sur les évéments racontés dans l'ouvrage car il existe de nombreuses sources accessibles sur le sujet. Je recommanderais d'ailleurs l'excellent travail réalisé par Jean-Philippe Marin à partir de l'édition du livre de 1956 aux Editions des Deux Coqs d'or traduit par Jane Werner Watson : http://www.iliadeodyssee.com/site/main.html qui propose une adaptation multimédia de l'ouvrage avec vidéos, musique et illustrations. le site est excellent. La version PDF de cette traduction est également en ligne : http://www.iliadeodyssee.com/ebook/iliade_odyssee.pdf et j'en conseille la lecture à tous ceux pour qui la prose d'Homère est difficile. C'est un joli livre électronique.

Pour en revenir à la traduction de Louis Bardollet, je dois tout d'abord applaudir l'énorme travail accompli. La langue d'Homère me parait inaccessible pour les publics non-avertis et la présente édition nous en permet une bonne approche. Cependant, j'avoue que la lecture est difficile et malgré le décryptage de l'auteur, il faut déjà avoir des connaissances sur le sujet. En effet, la langue imagée d'Homère, les moultes métaphores, les répétitions, les multiples personnages, synonymes et expressions, appartiennent à une civilisation ancienne dont nous connaissons peu les codes. Je n'ai donc pas eu d'autre choix que de ma fier à la proposition de Louis Bardollet, que j'ai parfois trouvée drôle. J'évoquerais par exemple les descriptions attribuées aux principaux personnages et qui m'ont beaucoup plu : on parle d'Hera à face de génisse, d'Athena à face de chouette, d'Achille aux pieds prompts, de Zeus le Chronide, de Poséidon ébranleur de la terre, d'Ulysse aux mille inventions, etc... J'ai également été marquée par certaines expressions récurrentes : chaque fois qu'un des messagers envoyés par les Dieux donne un ordre, on s'attendra à lire "Et il ne fut pas indocile". Ou lorsqu'un chef de guerre s'adresse à l'un de ses subordonnés, on ne manquera pas de noter cette phrase : "Mais je vais te dire une chose, et toi, mets-la toi dans l'esprit". J'ai également beaucoup apprécié la description des combats ainsi que la sagesse qu'on retrouve dans nombreux dialogues. Mais plus que tout, ce que j'ai aimé dans cet ouvrage, ce sont bien sûr les Dieux de l'Olympe. Ils ne cessent de comploter les uns contre les autres par humains interposés et malgré les opulentes offrandes qui leur sont faites, les Dieux n'en font qu'à leur tête. C'est donc résignés que les hommes continuent leur combat avec bravoure. Séduction, persuasion, manipulation, tels sont les maîtres mots de ces Dieux grecs, dignes des plus grands stratèges de notre temps. Vous l'aurez compris : j'ai beaucoup aimé cette oeuvre et malgré la difficulté, je trouve que c'est une formidable épopée !

Notons également que l'ouvrage est enrichi par une étude littéraire pour chacune des deux épopées, de cartes, justifications et opinions de Louis Bardollet, de justifications de certains choix de traduction, d'orientations bibliographiques et de notes et de références.
Lien : http://livresacentalheure-al..
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Sur l'Iliade
Il y a quelque temps, la babeliote kade_read demandait aux uns et aux autres s'ils connaissaient le vrai Pinocchio, et non pas la fade version de Walt Disney. Les lecteurs de Collodi savent combien Les aventures de Pinocchio peuvent être âpres, débarrassées de la mièvrerie disneyenne. À la suite de kade_read, j'ai envie de vous demander si vous connaissez l'Iliade autrement que par le film Troie, version Brad Pitt ? L'oeuvre n'est pas d'un abord facile pour plusieurs raisons. La première est qu'il faut se familiariser avec une foule de personnages qui sont appelés par leur nom, par une épithète, voire par un autre nom. Ainsi, Achille est tantôt le Péléide (fils de Pélée) ou l'Éacide (le descendant d'Éaque) quand Pâris est parfois dénommé Alexandre. Il n'est pas toujours aisé de s'y retrouver parmi tous ces guerriers qui ne sont pas très connus pour certains. La deuxième difficulté provient des interventions des divinités, dont les humeurs changeantes entraînent des revirements continuels dans la lutte entre Achéens et Toyens. Athéna peut soutenir Hector, le chef des Troyens (chant VII), puis les Achéens (chant VIII) et Achille. Zeus s'efforce de mettre un peu d'ordre chez les dieux, mais Héra et la face de chouette (Athéna) lui donnent du fil à retordre ! Enfin, le texte ne semble avoir ni début ni fin, du moins ceux que l'on a pu ajouter postérieurement : l'enlèvement d'Hélène par Pâris – origine du conflit – et le sac de Troie ne sont pas évoqués dans le poème. J'ajouterai que la traduction de Louis Bardollet, qui se veut au plus près du texte, n'est pas la plus fluide qui soit.
Pourquoi lire l'Iliade, une oeuvre composée au VIIIe siècle avant J-C ? Pour ses héros que nous découvrons avec leurs qualités et leurs faiblesses, débarrassés de l'imagerie qui les a alourdis. Voici Agamemnon, roi puissant, mais indécis, prompt à s'accaparer le butin des autres. Puis Ménélas le blond, frère du précédent, peu fiable, un brin désinvolte, mais valeureux au combat. Quant à Diomède, il est d'un courage sans pareil. Surgissent encore Ulysse, malin, cruel aussi, et les deux Ajax. À chaque moment épineux, Nestor le sage prodigue ses conseils. Et il y a les fils de Priam, sans oublier les princes qui ont épousé la cause de Troie… Mais le plus extraordinaire de tous est Achille. Sa colère, née de l'injustice que commet Agamemnon en s'accaparant sa captive, Briséis, est indomptable et retentit jusqu'à l'Olympe, suppliant sa mère Thétis de lui venir en aide. Plutôt voir tous les Achéens massacrés que de céder devant Agamemnon ! Quand Patrocle, l'ami fidèle, périt au combat, blessé par Apollon et achevé par Hector, sa rage va conduire les Grecs à la victoire en le ramenant sur le champ de bataille et en lui permettant de défier Hector et de le tuer. Mais Achille nous touche aussi quand il reçoit sous sa tente le vieux Priam, l'écoute, lui offre le gîte et le couvert et accepte de lui rendre le corps de son fils.
L'Iliade est un récit d'une violence inouïe, ponctué de tueries, il nous plonge dans les ténèbres. On se sent oppressé par la présence de la mort, la terrible Khère ; les corps jonchent la plaine et les fossés, la terre est gorgée de sang noir. Les sorties nocturnes des guerriers renforcent ce sentiment de désolation, eux qui se faufilent parmi les cadavres pour espionner les lignes ennemies. Les combats sont souvent sans merci, les morts sont aussitôt dépouillés de leurs armes, profanés, traînés derrière le char du vainqueur et jetés aux chiens.
Quand le récit s'ouvre, les Achéens font le siège de Troie depuis neuf ans : faut-il abandonner le combat, lever le camp ? Dans une brutale accélération des évènements, les faits d'armes vont se multiplier en six jours et sceller le sort des Troyens. La victoire est proche pour les assaillants, mais elle ne sera pas mise en scène, contrairement aux funérailles d'Hector, comme s'il fallait rendre un dernier hommage aux vaincus.
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Sur l'Iliade...

Ne nous attardons pas sur la genèse de l'oeuvre et sur les multiples spéculations quant à son auteur. Rappelons simplement que l'Iliade est une poésie en prose écrite probablement au VIIIème siècle avant Jésus-Christ et que celle-ci est attribuée à HOMÈRE depuis ARISTOTE. Chacun sait aussi que l'oeuvre est entrée depuis longtemps au patrimoine mondial de la littérature et que ce qui y est narré est constitutif d'une bonne partie de l'imaginaire collectif.
L'Iliade raconte l'épisode décisif de la guerre de Troie. Celle-ci dure depuis dix ans et on se lasse de part et d'autre. Dans le camp achéen, une crise couve du fait de la rivalité entre Agamemnon, chef suprême aussi despotique qu'orgueilleux, et Achille, le plus puissant et le plus glorieux de ses vassaux. Dans le camp troyen, la crise est le fait de la lâcheté supposée de Pâris, qui préfère la chambre d'Hélène au champ de bataille, et d'un groupe de guerriers réfléchis, mené par Hector, qui se demande si le sang et la souffrance du peuple n'est pas un prix trop élevé pour les plaisirs de Pâris. La situation est telle que l'on commence à penser à d'autres solutions que l'affrontement brutal. Ce n'est toutefois pas le souhait des dieux, dont la volonté rime avec les nécessités de l'Histoire, lesquelles exigent des solutions radicales et violentes. Dès-lors ceux-ci manipulent les Hommes en ce sens, en s'appuyant tout particulièrement sur la colère d'Achille envers Agamemnon…
L'âge de l'oeuvre autant que le fait qu'il s'agisse d'une poésie peuvent faire craindre l'ennui aux lecteurs d'aujourd'hui, en particulier s'ils sont amateurs de littératures de l'imaginaire. Pourtant la lecture effective de l'Iliade est aisée et fait découvrir une épopée étonnamment moderne dans sa structure et particulièrement imagée dans son style. En fait, le premier poème homérique était probablement destiné à être conté oralement, d'où la sensation que l'auteur ne souhaitait pas raconter une histoire, mais bel et bien montrer les évènements qui conduisirent à la chute de Troie. Une lecture à voix haute de certains passages témoigne d'ailleurs de cette caractéristique et donne toute sa dimension au récit.
Incidemment ou non, l'oeuvre est aussi un témoignage contemporain de l'émergence de l'Empire grec. Elle est aussi un moyen relativement simple d'aborder la riche cosmogonie hellène, laquelle dictait les actes des Hommes tout au long de leur vie, même si cela devait les conduire irrémédiablement à la mort. La destinée d'Achille est en cela exemplaire.
Pour toutes ces raisons, l'Iliade est une oeuvre essentielle de la littérature au sens large. Elle est aussi une oeuvre fondatrice des littératures de l'imaginaire, lesquelles lui doivent probablement le fait d'exister aujourd'hui, en tout cas sous leur forme actuelle.

Sur l'Odyssée...

Plus encore que l'Iliade, l'Odyssée d'HOMÈRE est incroyablement moderne, tant dans sa structure que dans son style. Thomas Edward LAWRENCE (Lawrence d'Arabie), traducteur britannique du second poème homérique (1932), le qualifie d'ailleurs dans sa préface de " plus ancien livre qui vaille la peine d'être lu pour l'histoire qu'il raconte " et de " premier roman européen ".
Les dieux étant ce qu'ils sont, leur grande majorité était favorable aux Achéens pendant la guerre de Troie, mais se retourne contre eux au lendemain de la victoire. Il est vrai que la guerre n'est pas belle au-delà des actes d'héroïsme ; elle n'est alors plus qu'abus de pouvoir, massacres, pillages et subterfuges peu glorieux. Parmi ces derniers, le cheval de bois est le plus fameux. Or l'on sait que c'est Ulysse qui en eut l'idée et que pour cela Poséidon s'acharne contre lui quand il veut rentrer chez lui, à Ithaque ; il le fait errer pendant dix ans sur la Méditerranée, lui faisant affronter des épreuves aussi dangereuses qu'extraordinaires.
Dans le même temps, à Ithaque, la femme d'Ulysse, Pénélope, et son fils, Télémaque, doivent se défendre contre les prétendants à la succession, qui veulent forcer la première à choisir parmi eux un nouvel époux, et qui dilapident impudemment les biens du second. Tandis que Pénélope temporise tant bien que mal, Télémaque s'enquiert lui de la destinée de son père. A son retour il échappe à une tentative d'assassinat et retrouve finalement son père avec qui il prépare sa vengeance.
Tout cela est savamment équilibré et se lit effectivement comme un roman, un roman écrit il y a près de trois millénaires. Rien qu'en cela, l'Odyssée se démarque de l'Iliade. le second poème homérique se distingue aussi du premier par la condition respective de leur personnage principal. Dans l'Iliade, Achille assumait pleinement un destin imposé par les dieux sans jamais croire un seul instant qu'il pourrait y changer quoi que ce soit. Dans l'Odyssée, Ulysse ne croit pas à la destinée imposée par les dieux et se bat pour rester en vie et retrouver les siens. En cela il se pose en véritable être humain et son histoire peut quasiment se définir comme un roman humaniste. L'histoire d'Achille relève elle de l'épopée céleste et uniquement de cela.
Alors oui, définitivement, HOMÈRE est le père fondateur des littératures de l'imaginaire. Avec les deux poèmes qu'on lui attribut il a défini les principales caractéristiques de cette Fantasy qui plait tant aujourd'hui. Outre les innombrables scènes de combat, c'est l'épopée, avec le rôle central joué par les dieux ; c'est encore l'apprentissage des Hommes, par l'intermédiaire de quêtes initiatiques ; c'est enfin le merveilleux, pour la mise en scène d'un bestiaire pléthorique de créatures extraordinaires.
Alors l'Odyssée est-il le premier roman européen de Fantasy ? A chacun de répondre à cette question en le lisant. Quelle que soit la réponse, la lecture sera plaisante et riche d'enseignements !
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On ne peut pas saisir, un code ISBN
De l'édition Pléiade, des épopées jumelles
L'Iliad et l'Odysée, de ce divin Aède
Pour vous les Babéliens ; et puis, s'en tenir là !

Mais alors, que devrais-je en dire sans craindre d'être banal et plat ? Quel angle de vue adopter pour tenter d'énoncer une critique qui se voudrait pertinente ? Les résumer ? Quel intérêt ? Les épopées sont quasi universellement connues. Quoique, une fois, lors d'un dîner, j'ai frimé devant une collègue en lui racontant l'infortune d'Ilion, depuis la pomme de la Discorde, la vanité de trois Olympiennes, la prudence de Zeus face aux trois Déesses, en passant par l'enlèvement d'Hélène, le sacrifice d'Iphigénie, la colère d'Achille qui débute l'épopée, la mort atroce des héros (Patrocle, Hector…), la douleur de Priam, etc., etc.

Ma collègue était captivée, car ce domaine lui était tout à fait étranger et moi je faisais le paon cultivé. Comme vous le voyez, la Vanité trouve souvent refuge dans le giron de la Culture.

Donc, point de résumé de l'Iliad ! L'Odyssée a fait l'objet d'une relecture récente, selon la traduction de Victor Bérard, traduction célèbre pour sa prose « alexandrine », rythmée, que j'ai beaucoup aimée, et à laquelle je rends fort modestement hommage au début de l'article.

Pourquoi cette relecture ? Parce que j'ai entrepris depuis un petit moment déjà le fameux Ulysse de James Joyce, énorme pavé qui conte les pérégrinations de personnages quelconques, notamment Bloom et Dedalus, dans les rues de Dublin, par une journée ordinaire avec force soliloques et autres conversations banales. Les chapitres ou sections du roman portent les noms : de lieu, de monstres et de personnages que l'on retrouve dans l'Ulysse original : Télémaque, Nestor, les Sirènes, Charybde et Scylla (pas forcément dans l'ordre), etc.

Bien entendu, le roman n'a absolument rien à voir avec les aventures du divin Ulysse, sauf, peut-être, de façon symbolique ou métaphorique. Mais il est considéré comme un des sommets de la littérature du XXème S. Je n'ai pas achevé la lecture, mais j'éprouve un profond ennui à cheminer dans les rues de Dublin en compagnie de Bloom et d'autres. Et pourtant, je tiens à poursuivre, on ne sait jamais…

Fermons la parenthèse et revenons à Homère ; point donc de résumé de l'Odyssée ! Or donc, ces oeuvres siamoises qui ont conféré l'immortalité au divin Aède, (deux fois millénaire plus une vie de patriarche biblique antédiluvien !) - gageons que cela continuera ainsi jusques à la fin des temps et ce, même si la gent scolaire, de nos jours, les connaît de moins en moins -, ont inspiré, enfanté, marqué, des philologues, des philosophes, des historiens, des poètes, des écrivains, des artistes, des archéologues défricheurs de cités mortes et de langues disparues, des oeuvres cinématographiques, des livres pour enfants, des «évhémérides», etc., et ce, disais-je, depuis nettement plus de 2000 mille ans !

Qu'est-ce à dire ? Sinon que le divin et immortel Aède a forgé et récité, tel Démodocos, avec son génie propre, 27000 vers, durant toute sa vie d'Aède professionnel, et il continue encore de nos jours à nous les réciter, ces vers qui ont constitué l'un des socles fondamentaux sur lesquels a été construit, siècles après siècles, l'édifice culturel profane de l'Occident. L'édifice culturel sacré de l'Occident reposant, par ailleurs, sur la Bible.

Le parallèle peut vous sembler outré, mais la civilisation occidentale (puisqu'il faut l'appeler par son nom) possède une double filiation : elle est d'ascendance gréco-romaine d'un côté et judéo-chrétienne de l'autre, sans méconnaître, évidemment les métissages ici ou là dont s'est enrichie cette civilisation.

J'ai énoncé Profane ! Plus haut, mais en définitive, est-ce le bon mot ? La filiation gréco-romaine est plutôt Païenne, ce qui ne veut pas dire sans religion, sans dieux. Nous savons tous que le paganisme possède un panthéon de déités extraordinairement riche, l' Antiquité déborde de religiosité, de lieux de culte, etc.

On devrait plutôt parler de double ascendance sacrée : la païenne et la chrétienne ! Mais, la seconde étant devenue dominante depuis que Constantin l'a, ainsi, décidé, au IVème siècle, a évincé la première de la sphère du sacré, l'a en quelque sorte « profanisée », pour bien marquer la différence.

Or, la flèche du temps est lumineuse, elle porte en elle une lumière qui s'étend toujours davantage sur les esprits, jusqu'au jour où, ces esprits éclairés, prenant la Bastille, sécularisent le Sacré et sacralisent la Raison.

Est-ce que je ne m'éloigne pas trop d'Homère ?

La Raison domine donc le Sacré, de nos jours. Cependant, notre cerveau gauche continue de s'émerveiller des vers d'Homère et de bien d'autres, tandis que notre cerveau droit poursuit son entreprise d'effacement du Sacré au nom de la Raison et de la Laïcité, nouvelle religion républicaine de plus en plus péremptoire, d'ailleurs, mais c'est un autre débat…

A ce propos, les neurologues vous diront que cette histoire de cerveau gauche et de cerveau droit est encore un mythe. Mais j'aime les mythes, et je les laisse imprégner l'entièreté de mon âme, doper mon imagination, et m'emporter loin, loin, très loin dans les rêves…

Voilà pourquoi Homère et ses suivants, nourriront, pour longtemps encore, mon imaginaire... et le vôtre, chers Babéliens.

Pat

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L'iliade est, tout d'abord, le poème d'une guerre aristocratique (poème des combats autour de Troie ou Ilion) ; c'est aussi une guerre dominée par quelques champions privilégiés et réduite le plus souvent à des séries d'exploits individuels ; une guerre qui implique, de surcroît, des qualités morales ; et enfin une guerre sans pitié (mais exempte de cruauté gratuite) dans laquelle les combattants sont rarement des êtres rationnels.
L'odyssée est, quant à lui, un chant qui raconte le retour d'Ulysse, après la guerre de Troie, dans son île d'Ithaque pour y retrouver Pénélope.

Les deux récits représentent, de façon indéniable, le reflet d'une société «homérique ».
Le monarque y apparaît entouré de conseillers rois ; mais le peuple, même s'il est tenu à l'écart des grandes décisions, représente une puissance effective.
La morale repose sur l'honneur et le respect, qui imposent tout un réseau de conventions sociales auxquelles nul ne peut se soustraire sans risquer la vengeance des dieux.
La morale est sociale, et non individuelle : « être toujours le premier et supérieur aux autres », tel est l'idéal homérique !
L'odyssée pourtant, voit de nouvelles valeurs, en particulier dans le personnage d'Ulysse : l'endurance, la ruse, le contrôle de soi et aussi le sens des valeurs familiales (ne renonce-t-il pas à l'immortalité pour le retour?).

Sur le plan religieux, dans L'iliade, l'assemblée des dieux est comme une société qui connaît, jusqu'au comique, les mesquineries et querelles de la société humaine ; ils sont plus violents et pervers que les hommes mêmes !
Dans l'odyssée, au contraire, leur image est plus nuancée ; elle est faite de plus de compréhension réciproque comme le montrent les relations privilégiées entre Athéna et Ulysse.
Pourtant, le pouvoir des dieux sur les hommes est illimité : tout dépend de leur volonté, d'un simple « signe de tête », sans que, pour autant, la liberté de l'homme soit niée !
C'est peut-être en ce sens que l'épopée homérique a ouvert la voie à la tragédie.
Mais ce qu'on peut dire, c'est qu'Homère a fourni à l'Antiquité des valeurs morales et des règles de conduite, au point que la pédagogie antique se conçoit mal sans référence à son oeuvre.
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Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
Hector voit s'égarer le trait de Teucros et, à grande voix, il lance un appel aux Troyens et aux Lyciens :
« Troyens, et Lyciens, et Dardaniens experts au corps à corps, soyez des hommes, amis, rappelez-vous votre valeur ardente, au milieu des nefs creuses. Oui, j'ai vu de mes yeux les traits d'un héros s'égarer sous l'action de Zeus. Il est aisé de reconnaître le secours que Zeus prête aux hommes, soit qu'aux uns il offre la gloire suprême, ou qu'il en affaiblisse d'autres en se refusant à les secourir. C'est ainsi qu'à cette heure il affaiblit l'ardeur des Argiens et vient à notre secours. Allons ! combattez près des nefs, en masse. Celui de vous qui, blessé de loin ou bien frappé de près, arrivera à la mort et au terme de son destin mourra, soit ! Il n'y a pas de honte pour qui meurt en défendant son pays. Sa femme et ses enfants restent saufs pour l'avenir ; sa maison, son patrimoine sont intacts, du jour où les Achéens sont partis avec leurs nefs pour les rives de leur patrie. »
Il dit, et stimule la fougue et l'ardeur de tous. Ajax de son côté fait appel aux siens :
« Honte à vous, Argiens ! Il s'agit maintenant ou bien de périr, ou bien d'être saufs et de repousser des nefs le malheur. Espérez-vous donc, le jour où Hector au casque étincelant aura pris vos nefs, que vous vous en irez à pied, chacun dans votre patrie ? Ne l'entendez-vous pas stimuler tout son monde, cet Hector qui veut à tout prix mettre le feu à vos nefs ? Ce n'est pas à la danse qu'il convie les siens, c'est à la bataille. Il n'est pour nous nul parti, nul plan meilleur que de mettre en contact, dans le corps à corps, nos bras, nos fureurs. Mieux vaut en un instant savoir si nous devons vivre ou périr, que de nous laisser user à la longue, comme cela, pour rien, dans l'atroce carnage, au milieu de nos nefs, sous les coups de guerriers qui ne vous valent pas. »

ILIADE, Chant XV.
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L'Aurore sortait de son lit. ... Zeus envoya aux nefs rapides des Achéens la terrible déesse des combats tenant dans sa main le signe de la guerre. Elle s'arrêta près de l'énorme nef noire d'Ulysse, qui se trouvait au centre, pour que l'on fût entendu dans les deux directions : jusqu'aux pavillons d'Ajax, fils de Télamon, ou jusqu'à ceux d'Achille. Ils avaient tiré leurs nefs bien balancées aux extrémités, se fiant à leur courage et à la maîtrise de leurs bras. La déesse s'étant arrêtée là, poussa un grand cri, terrifiant, droit dressé...
Tels des moissonneurs, quand, se faisant face, ils mènent les andains, à travers le champ de froment ou d'orge; d'un homme opulent, et que tombent, serrées, les poignées d'épis,.... Comme des loups, ils s'élançaient avec fureur, et le dieu des combats, cause de gémissements sans nombre, mettait sa joie à les contempler...
Un lion n'a pas de peine à mettre d'un coup en pièces les tout jeunes petits d'une biche rapide que, de ses dents puissantes, il a saisis, étant entré dans leur gîte,et à qui il a enlevé leur tendre coeur. La biche peut bien se trouver toute proche, elle ne peut leur être un secours. Car un tremblement terrible en elle s'insinue. Vite elle s'élance à travers les bois, à travers l'épaisse forêt.
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L'ILIADE, chant VIII
Quand Zeus les (les déesses Héra et Athéna) vit de l'Ida, il fut pris d'un terrible courroux et pressa Iris aux ailes d'or pour qu'elle portât son message :
"Prompte Iris, en marche, va ! Fais-les retourner. Ne les laisse pas venir en face de moi ! Si nous nous rencontrons pour nous battre, ce ne sera pas beau ! Car je vais te révéler ici ce qui précisement va devenir une réalité : je briserai les membres à leurs prompts chevaux, sous le joug du char ; quant à elles, je les jetterai hors de leur siège et mettrai le char en morceaux ! Les cycles des années se feront bien dix fois que leurs plaies à toutes deux ne se cicatriseront pas, celles que la foudre fera en s'acharnant sur elles ! Je veux que la Face de chouette voit ce que c'est de se battre avec son père ! ... Contre Héra, je n'ai point autant d'indignation et de colère. Elle est coutumière du fait : sans cesse elle met en pièces mes desseins."
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 Elle (Héra) gagne sa chambre, ouvrage d’Hephaestos, son fils, qui la munit d’une porte solide dont un verrou secret ajuste les montants : nul autre dieu ne l’ouvre.

Elle franchit le seuil et referme aussitôt la porte scintillante.

De son corps désirable, avec de l’ambroisie, elle efface d’abord toute malpropreté. Puis elle prend une huile agréable et divine, parfumée à son goût ; lorsque, dans le palais de Zeus au seuil de bronze, on agite cette huile, la senteur s’en répand au ciel et sur terre ; elle en oint son beau corps, puis, de ses propres mains, peigne sa chevelure.

De son front immortel bientôt pendent les tresses qui brillent d’un éclat magnifique et divin. Ensuite elle revêt une robe divine, ouvrage qu’Athéna fit et lustra pour elle, non sans l’agrémenter de mille broderies,et des agrafes d’or tiennent sur sa gorge.

D’une ceinture à cent franges elle se pare. Puis elle attache à ses oreilles bien percées des pendentifs à trois chatons, d’un fin travail, pleins de grâce et d’éclat.

D’un beau voile tout neuf, blanc comme le soleil, cette toute divine enfin couvre sa tête, et sous ses pieds brillants met de belles sandales.
Lorsque ainsi tout son corps a reçu sa parure, elle sort de sa chambre, elle appelle Aphrodite (...)

(Chant XIV p. 332 et 333)
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Ils étaient au logis, tous les autres héros, ceux qui, de la mort, avaient sauvé leurs têtes : ils avaient réchappé de la mer et des flots. Il ne restait que lui à toujours désirer le retour et sa femme, car une nymphe auguste le retenait captif au creux de ses cavernes, Calypso, qui brûlait, cette toute divine de l'avoir pour époux.

[HOMERE, "L'Odyssée" — Chant I, "L'ASSEMBLEE DES DIEUX" — traduit du grec ancien par Victor Bérard pour les éditions Armand Colin (Paris), 1931 ; rééd. LGF, coll. "le Livre de Poche, 1972 : pages 7 et 8]
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Vidéo de  Homère
HOMÈRE — L'idéal héroïque de l'Iliade selon Jean-Pierre Vernant (France Culture, 1981) L'émission des "Chemins de la connaissance", par Marie-France Rivière, diffusée le 9 janvier 1981 sur France Culture. Présence : Jean-Pierre Vernant.
Dans la catégorie : Poésie épiqueVoir plus
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